Ce que les dernières observations scientifiques révèlent sur la calotte glaciaire du Groenland

Le glacier Russell près de Kangerlussuaq au Groenland. (Martin Zwick/Getty Images)
Grâce aux données compilées en 2016 au cours d’une expédition organisée par la NASA, des scientifiques comprennent mieux aujourd’hui les processus complexes qui se déroulent sous la calotte glaciaire du Groenland.

Les chercheurs peuvent désormais déterminer la vitesse à laquelle ces glaciers se déplacent vers l’océan, qui contribue, selon eux, à l’élévation du niveau de la mer. « À la surface de l’inlandsis, des gouffres appelés « moulins » peuvent canaliser l’eau de fonte vers la base de la glace. Lorsque cette eau atteint le lit sous-jacent de la calotte glaciaire, elle peut faire en sorte que la glace se détache légèrement et glisse plus rapidement », ont indiqué les experts sur le site internet de la NASA.

Les glaciers qui se déplacent plus rapidement peuvent finir par faire fondre la calotte glaciaire un peu plus vite que prévu, ce qui augmente également la quantité d’eau dans les océans, précisent les chercheurs. « Avec une vaste surface équivalente à la taille du Mexique, la fonte des glaces du Groenland est la cause principale de l’élévation du niveau de la mer à l’échelle de la planète. »

Les recherches scientifiques sur le terrain nécessitent des moyens importants comme l’utilisation d’hélicoptères ou du matériel de plongées capables de fonctionner sous des conditions climatiques extrêmes. (Martin Zwick/ Getty Images)

Pour mener à bien leurs travaux, les scientifiques ont observé le glacier Russell, près de Kangerlussuaq, dans le sud-ouest du Groenland. Dans une nouvelle étude, publiée en avril dernier dans la revue Geophysical Research Letters, ils notent que le seul facteur important qui influence la vitesse du mouvement d’un glacier est la vitesse à laquelle la pression de l’eau change dans les cavités à la base de la glace, là où l’eau de fonte rencontre la matière rocheuse.

« Même si les cavités sont petites, tant que la pression augmente très rapidement, elles font glisser la glace plus vite », a déclaré Laurence C. Smith, professeur à l’Université Brown de Providence, dans l’État du Rhode Island.

C’est la première fois que des observations directement issues de recherches sur le terrain montrent comment les changements du volume d’eau sous la calotte glaciaire du Groenland déterminent la vitesse d’écoulement d’un glacier. Ces résultats contredisent les anciennes prédictions concernant la vitesse de glissement des calottes glaciaires en fonction du volume total d’eau sous la glace.

Lauren Andrews, glaciologue pour la NASA, illustre le phénomène comme des pneus qui glissent très rapidement sur une route mouillée créant un phénomène d’aquaplanage. « Si vous avez une perturbation rapide de l’eau qui entre dans le système sous-glaciaire, vous submergez le système, et vous créez donc essentiellement une couche d’eau à l’interface qui n’est plus contenue dans les canaux ou les cavités », raconte-t-il.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

Une réflexion sur “Ce que les dernières observations scientifiques révèlent sur la calotte glaciaire du Groenland

  • mercredi 1 mars 2023 à 13:15
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    étudiant depuis 1989 les moulins de l’Inlandsis groënlandais, je souhaiterais vous signaler que la description que vous donnez du cheminement de l’eau depuis les bédières jusqu’au substrat rocheux, et les conséquences que vous démontrez très justement « d’aquaplaning » des icebergs sur un film d’eau, tout cela n’est possible qu’en périphérie de l’Inlandsis. A l’intérieur du territoire, à plusieurs dizaines de kilomètres de la zone côtière, existent des moulins très fortement alimentés, dont l’eau ne rejoint pas le substrat rocheux. L’eau se stocke dans les réseaux de crevasses et forme des poches immobiles, sans aucun courant, qui, étant en équilibre thermique avec la glace encaissante, reste stagnante enfermée dans la masse glaciaire. Ces poches, nous les avons rencontrées dans le fond des grands moulins en altitude, et il n’y a aucun courant hydraulique, ce qui prouve bien que l’ensemble est stabilisé. Ces poches ne concourent pas au phénomène de glissement des icebergs vers la baie de Disko. Nous sommes à votre disposition pour en discuter. Cordialement. Yann DRUET – docteur en Géographie Physique – France

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