Moscou met en garde l’Occident avant une rencontre sur l’Arctique

Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Russie (Jemal Countess/WireImage/Getty Images)
La Russie a répété lundi que l’Arctique était sa zone d’influence et a défendu son droit à la défendre, mettant en garde l’Occident contre ses ambitions dans la zone à quelques jours d’un important forum régional.

« Nous voyons des critiques sur le fait que la Russie développe son activité militaire dans l’Arctique. Mais il est clair pour tout le monde depuis longtemps que ce sont nos terres, notre territoire, nous répondons de la sécurité de notre littoral et tout ce que nous faisons là-bas est parfaitement légal et légitime », a dit lors d’une conférence de presse, Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères.

L’Arctique, dont les immenses ressources sont de plus en plus accessibles sous l’effet du réchauffement climatique, est devenu une zone de tensions géopolitiques croissantes, notamment entre Moscou et Washington allié aux pays scandinaves.

« Quand l’OTAN essaye de justifier son offensive dans l’Arctique, ce n’est pas la même chose et nous avons des questions pour nos voisins, comme la Norvège, qui essayent de justifier la venue de l’Alliance en Arctique. »Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères

Les deux camps y ont multiplié ces derniers mois les manoeuvres militaires, les États-Unis envoyant des bombardiers en Norvège via l’OTAN, tandis que Moscou y a mené d’importants exercices maritimes et aériens.

Ces déclarations interviennent à l’avant-veille d’une réunion du Conseil de l’Arctique à Reykjavík, réunissant la Russie, les États-Unis, le Canada, le Danemark, la Suède, la Finlande, la Norvège et l’Islande.

Le ministre russe des Affaires étrangères a déclaré que l’Arctique était une zone d’influence de la Russie. (Sasha Mordovets/Getty Images)

Le chef de la diplomatie des États-Unis Antony Blinken doit en outre y rencontrer pour la première fois Sergueï Lavrov, avant un éventuel sommet entre Joe Biden et Vladimir Poutine en juin, alors que les relations entre les deux pays sont délétères.

Concernant l’Arctique, M. Lavrov a prôné la relance de rencontres régulières entre les chefs des états-majors des pays membres du Conseil afin de « faire baisser les risques sur le plan militaire ».

La Russie n’a cessé d’accroître son dispositif militaire dans l’Arctique ces dernières années, y rouvrant et modernisant plusieurs bases et aérodromes abandonnés depuis la fin de l’époque soviétique. Elle y a aussi déployé ses systèmes de défense antiaérienne dernier cri S-400.

En mars, elle a multiplié les manœuvres dans la région, avec notamment des sous-marins, des simulations de destructions d’avion, des ravitaillements en vol et des neutralisations d’attaques de drones.

Les États-Unis ont envoyé en février des bombardiers stratégiques s’entraîner en Norvège et ont déployé l’année dernière des navires en mer de Barents, dans la zone économique exclusive de la Russie, suscitant les protestations de Moscou qui considère cette région comme un pré carré.

Outre cette dimension militaire, le président Vladimir Poutine a aussi fait de l’exploitation économique de l’Arctique une priorité stratégique, notamment avec le développement de la voie maritime le long des côtes nord de la Russie pour relier l’Europe à l’Asie et concurrencer le canal de Suez.

Cette route, rendue davantage praticable grâce à la fonte des glaces, est amenée à jouer un rôle croissant dans les échanges internationaux.

Les ressources naturelles de la région – minerais, pétrole, gaz – pourraient aussi devenir plus accessibles avec le réchauffement, aiguisant les appétits et les convoitises.

En 2019, la Russie a lancé la première centrale nucléaire flottante du monde, l’Akademik Lomonossov, destinée à faciliter le développement économique de l’Arctique et à alimenter les plateformes pétrolières.

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