L’éducation au Yukon est « façonnée par des postulats coloniaux », selon un rapport

Plan large de la cérémonie à Carcross avec vue sur un lac et les montagnes.
Le rapport a été remis au cours d’une cérémonie à Carcross, le 1er juin 2021. (Stewart Burnett / Première nation Carcross-Tagish)

Le gouvernement du Yukon a rendu public le rapport indépendant consacré à l’analyse des services en éducation inclusive et spécialisée au territoire lancée en marge des recommandations d’un rapport du vérificateur général du Canada de 2019.

Annoncé en janvier 2020, l’examen qui devait durer six mois aura finalement donné ses conclusions après un an et demi à cause de la pandémie de COVID-19.

La chercheuse responsable de l’étude, Nikki Yee, de l’Université de la Colombie-Britannique, explique avoir malgré tout pu joindre de 400 à 500 personnes par visioconférence et lire 500 soumissions et commentaires supplémentaires.

Le rapport de 47 pages dresse un état de la situation sans appel. « Plutôt que de soutenir les éducateurs et les étudiants, les systèmes du ministère de l’Éducation sont une mosaïque de politiques qui manquent de direction et de but et qui sont façonnées par des postulats coloniaux. » 

Selon la chercheuse, bien qu’ayant « d’énormes atouts » le système éducatif actuel est enraciné dans un contexte social qui continue de favoriser les relations coloniales, en particulier la discrimination contre les étudiants handicapés et le racisme envers les étudiants et les peuples des Premières Nations.

J’espère que ce rapport pourra être une sorte de catalyseur pour toute cette énergie qui est déjà là.Nikki Yee, chercheuse à l’Université de la Colombie-Britannique
Pas de solution avancée

La réforme de l’éducation du Yukon devrait reposer sur les « programmes très efficaces qui sont actuellement exploités à l’intérieur et hors du système actuel ». Le rapport en appelle à une plus grande collaboration entre le ministère de l’Éducation, les gouvernements des Premières Nations et des partenaires du secteur.

La communauté doit se rassembler en franchissant les lignes de la diversité pour vraiment co-créer un système qui pourra répondre plus efficacement aux besoins de l’étudiant.Nikki Yee

Nikki Yee se dit optimiste et affirme que le Yukon « est assez petit pour pouvoir mettre en place des changements significatifs ». Selon elle, le territoire pourrait ainsi devenir « un meneur mondial en matière d’éducation inclusive ».

Dana Tizya-Tramm, Mark Wedge et Jeanie McLean participent à la cérémonie.
Dana Tizya-Tramm, chef de la Première Nation Vuntut Gwitchin et la ministre de l’Éducation Jeanie McLean étaient à Carcross pour la cérémonie de remise du rapport, ici aux côtés de Mark Wedge, ancien chef de la Première Nation Carcross-Tagish. (Stewart Burnett / Première nation Carcross-Tagish)
Un rapport comme un premier pas

« Ce qui est rendu évident aujourd’hui avec ce rapport, c’est que ce n’est plus un problème d’étudiants qui échouent, mais plutôt un système qui échoue », estime Dana Tizya-Tramm, le chef de la Première Nation Vuntut Gwitchin d’Old Crow.

En surface, le racisme a été traité, mais en profondeur le racisme systémique est toujours présent.Dana Tizya-Tramm, chef de la Première Nation Vuntut Gwitchin

Il espère que ce rapport marquera donc un tournant majeur dans la vision de l’éducation au territoire « pour que nos petits-enfants héritent d’un meilleur système que celui que nous avons ».

« Il n’y a pas de réponse simple au travail que nous cherchons à faire », a dit la ministre de l’Éducation du Yukon, Jeanie McLean, lorsqu’elle a été interrogée sur la suite à donner à ce rapport.

N’avançant aucune piste claire, elle a repris les termes et recommandations du rapport en appelant à mieux travailler ensemble pour décoloniser le système éducatif.

Melanie Bennett, de la Direction de l’éducation pour les Premières Nations du Yukon, affirme que le colonialisme est la cause de nombreux problèmes systémiques, et pas seulement en matière d’éducation. Elle explique que le rapport soulève des questions difficiles auquel il faudra faire face.

Il faudra du courage pour avancer dans ces discussions inconfortables et ça sera le premier pas vers la décolonisation.Melanie Bennett, de la Direction de l’éducation pour les Premières Nations du Yukon

Dans un communiqué, le Parti du Yukon s’est plaint du moment choisi pour la diffusion du rapport afin « d’empêcher l’opposition officielle de réviser son contenu avant la fin de la session législative ». Le parti indique qu’il ne manquera pas d’interroger le gouvernement à ce sujet lors de la session d’automne.

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Vincent Bonnay, Radio-Canada

Vidéojournaliste au Yukon pour Radio-Canada

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