La députée fédérale du Nunavut dénonce les « promesses creuses » d’Ottawa

« Tant que, dans cette enceinte, résonneront des promesses creuses plutôt que de véritables actions, ma place ne sera pas ici », a affirmé la députée néo-démocrate Mumilaaq Qaqqaq dans un discours à la Chambre des communes mardi. (Marc Godbout/Radio-Canada)

« Les gens au pouvoir ont des choix à faire, et ils choisissent constamment des priorités qui maintiennent en place des systèmes d’oppression », a dénoncé la députée néo-démocrate du Nunavut, Mumilaaq Qaqqaq, dans son discours d’adieu à la Chambre des communes mardi.

Dans ce dernier discours avant sa sortie de la scène politique fédérale, la députée a dénoncé l’inaction d’Ottawa pour les questions qui touchent les Inuit.

« Dans les faits, il faudra une montagne de soutien pour que le processus de guérison puisse seulement commencer, a-t-elle plaidé. Tant que, dans cette enceinte, résonneront des promesses creuses plutôt que de véritables actions, ma place ne sera pas ici. »

Élue en 2019 pour son premier mandat, Mme Qaqqaq était de retour au travail depuis la fin du mois d’avril après un second congé de maladie. Sa première absence, l’automne dernier, survenait après une tournée territoriale sur la réalité du logement qui l’avait laissée « déprimée, anxieuse et bouleversée ».

« L’instinct de survie est propre à tous les Inuit. Nous n’avons pas le choix. Il y a moins de deux générations de cela, on entendait par instinct de survie la résistance aux températures extrêmes et la capacité de trouver de la nourriture tout l’hiver », a dit la députée.

« Aujourd’hui, l’instinct de survie, c’est d’être capable d’envisager un refuge chaud et une vie abordable pour voir le gouvernement fédéral nous en priver », a-t-elle poursuivi.

En entrevue avec CBC, Mumilaaq Qaqqaq explique que des sujets comme la crise du logement, le coût de la vie élevé et le manque d’accès à l’eau potable reviennent sans cesse à l’ordre du jour, mais qu’Ottawa ne s’interroge pas suffisamment sur la raison pour laquelle ces problèmes ont toujours cours.

Il en est de même, a-t-elle dit, pour le taux de suicide des Inuit qui est le plus élevé au Canada. « Nous vivons une épidémie de suicides, et cette institution refuse de s’en soucier », a-t-elle lancé.

Profilage racial à la Chambre des communes

Dans son discours, Mumilaaq Qaqqaq a aussi expliqué avoir été victime de profilage racial dans le cadre de ses fonctions. « Des agents de sécurité m’ont poursuivi en courant dans les couloirs et ont failli poser leurs mains sur moi. Et j’ai fait l’objet de profilage racial en tant que députée », a-t-elle raconté.

La députée souhaiterait voir les institutions fédérales changer leurs politiques de sorte à « tenir compte de la réalité plutôt que de créer des obstacles » pour les Autochtones.

« Il est possible d’instaurer le changement en commençant à la Chambre des communes, pour qu’il se reflète ensuite à l’échelle du pays », a-t-elle ajouté.

Je suis un être humain qui veut utiliser cette institution pour aider les autres, mais le fait est que cette institution et le pays qu’elle représente ont été créés aux dépens des peuples autochtones, qu’ils sont le fruit de leurs traumatismes et de leur déplacement.Mumilaaq Qaqaq, députée fédérale du Nunavut

Parmi les dossiers sur lesquels son bureau travaille, la néo-démocrate cite la mise en application des 94 recommandations de la Commission de vérité et réconciliation. « Nous devons nous assurer que ces appels à l’action sont instaurés, dit-elle. Nous sommes en 2021, et aucun progrès n’a eu lieu. »

Elle espère aussi que la personne qui lui succédera dans ses fonctions « montrera aux Inuit qu’ils sont importants ».

Avec les informations de Teresa Qiatsuq

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Le Programme de soutien en santé pour la résolution des questions sur les pensionnats pour les Autochtones a une ligne d’assistance pour aider les survivants de ces pensionnats et leurs proches souffrant de traumatismes provoqués par le rappel de sévices passés.

Le numéro est le 1 866 925-4419.

Matisse Harvey, Radio-Canada

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