Pétrole dans l’Arctique : la Norvège poursuivie devant la Cour européenne des droits de l’homme
Deux ONG et six jeunes militants de la cause environnementale ont décidé de poursuivre la Norvège devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour réclamer l’annulation de permis pétroliers dans l’Arctique, a annoncé Greenpeace Nordic mardi.
C’est une nouvelle étape dans le bras de fer qui oppose depuis 2017 les branches locales des ONG Greenpeace et Jeunes Amis de la Terre d’un côté et l’État norvégien de l’autre. Les deux premières exigent l’annulation de l’attribution en 2016 de 10 licences d’exploration pétrolière en mer de Barents.
En décembre dernier, la Cour suprême de la Norvège, plus haute instance judiciaire du pays nordique, plus gros exportateur d’hydrocarbures d’Europe de l’Ouest, avait débouté les défenseurs de l’environnement, leur infligeant un troisième échec judiciaire de suite.
S’appuyant sur l’Accord de Paris qui vise à limiter à moins de 2 °C le réchauffement climatique, les plaignants estiment que l’attribution de ces licences pétrolières par Oslo viole l’article 112 de la Constitution garantissant à chacun le droit à un environnement sain.
La Cour suprême avait cependant estimé que l’article 112 ne pouvait être invoqué que si l’État échouait à prendre ses responsabilités pour l’environnement et le climat, ce qui n’est pas le cas selon elle.
Elle avait aussi jugé que l’attribution de permis pétroliers n’était pas contraire à la Convention européenne des droits de l’homme, notamment parce qu’elle ne représente pas « un risque réel et immédiat » pour la vie et l’intégrité physique.
« Les jeunes militants et les organisations environnementales soutiennent que ce jugement était erroné, car il minimisait l’importance de leurs droits constitutionnels environnementaux et ne tenait pas compte d’une évaluation précise des conséquences des changements climatiques pour les générations à venir », affirme Greenpeace.
Vendredi, le gouvernement norvégien a dévoilé un Livre blanc sur l’avenir énergétique du pays, qui fait encore la part belle aux hydrocarbures malgré l’avertissement de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Cette dernière a récemment pressé le monde d’oublier dès « maintenant » tout nouveau projet d’exploration.
Cette affaire est emblématique d’une tendance plus globale qui voit la cause climatique s’inviter de plus en plus dans les prétoires.