74e Festival de Cannes : ce cinéma qui vient du Nord

Le réalisateur finlandais Juho Kuosmanen (le deuxième à partir de la gauche) avec ses acteurs ainsi que d’autres invités à leur arrivée à la projection de son film Compartiment no 6 au 74e Festival international du film de Cannes, en France, le 10 juillet 2021. (Gonzalo Fuentes/Reuters)

Malgré les températures estivales à Cannes, une vague de froid s’est abattue sur le festival : avec plusieurs films en compétition, les réalisateurs nordiques ont pris d’assaut la Croisette, avec un cinéma plus « minimaliste », mais chargé en émotions.

« On a l’impression que c’est un mouvement, un tremblement de terre », dit à l’AFP la Suédoise Noomi Rapace, révélée dans le film Millenium et qui joue dans le film Lamb de Valdimar Johannsson, présenté dans une section parallèle. Tourné en Islande, le film raconte l’histoire d’un couple de fermiers qui élève un bébé pas comme les autres.

Parallèlement, trois autres films nordiques – un finlandais, un norvégien, et un français tourné en Suède, sur l’île du réalisateur Ingmar Bergman – sont en lice pour la Palme d’or.

Figure tutélaire du cinéma scandinave, Bergman (Le septième sceau, Scènes de la vie conjugale), connu et admiré mondialement, avait reçu en 1997 la Palme des Palmes du Festival de Cannes.

Si Suédois et Danois ont été primés à plusieurs reprises dans l’histoire du festival – le réalisateur suédois Alf Sjöberg a même gagné deux fois la récompense suprême –, les Finlandais et les Norvégiens, eux, n’ont jamais été récompensés.

En lice avec Compartiment no 6, son second long métrage, tourné dans un train en Arctique russe, le réalisateur d’Olli Mäki (2016) Juho Kuosmanen, ne cache pas son émotion. « Sans exagérer, ce festival signifie tout pour moi », affirme-t-il dans un entretien à l’AFP.

Scène du film Compartiment no 6 du réalisateur finlandais Juho Kuosmanen. (Sami Kuokkanen/Aamu Film Company/Kit Media Totem Films France)
Less is more

« Ça peut paraître stupide, mais je me sens très à l’aise ici. Même si le festival est énorme, dans le cœur du réacteur, on est vraiment soutenus, car les personnes de l’équipe sont des passionnées de cinéma. Ce n’est pas juste un endroit où les films sont projetés », insiste-t-il.

Érigé en grand espoir du cinéma finlandais dès ses débuts et comparé à son compatriote Aki Kaurismaki, en lice à quatre reprises pour la Palme d’or entre 1996 et 2011, Juho Kuosmanen défend un cinéma minimaliste avec peu d’effusions et qui prend le temps de dérouler son récit.

« Si j’exagérais les émotions de mes personnages, ce ne serait pas mon film. Je mets la pédale douce, je n’aime pas en rajouter », détaille-t-il. « Nous, les Finlandais, nous ne sommes pas des Scandinaves, mais des Slaves. Nous autres, gens de la forêt, nous ne sommes pas très sophistiqués », ajoute-t-il avec ironie.

Truffée de détails, sa mise en scène exige l’attention permanente du spectateur. Impossible de rattraper le train en marche lorsque le film a déjà commencé. « Il faut être là dès le début du film », dit-il, reconnaissant que le spectateur doit faire « un effort » pour le suivre.

Compartiment no 6 de Juho Kuosmanen a été tourné dans un train en Arctique russe. (Sami Kuokkanen/Aamu Film Company/Kit Media Totem Films France)

« Je crois que, dans notre style, nous sommes très minimalistes, on n’est pas dans le grandiloquent », affirme l’actrice Noomi Rapace.

Des films plus lents, mais pas dénués de sentiments pour autant, insiste auprès de l’AFP Sofia Norlin, une réalisatrice suédoise basée à Paris. Celle qui a réalisé Broken Hill Blues (2013) estime que le cinéma nordique porte un regard « plus doux et discret sur le monde », mais empreint d’émotion.

« C’est un peu une porte qui s’ouvre lentement et dont la lumière révèle les ombres de la vie », explique-t-elle. Des films également empreints d’une esthétique à part, très tournés vers la nature, les grands espaces, et sur la lumière du soleil.

« Tourner à Oslo a été un cadeau. Regarder le coucher de soleil en juin avec cette lumière… Ça m’a rappelé mon enfance », a raconté à l’AFP le réalisateur de Julie en 12 chapitres, le Norvégien Joachim Trier, dont le film livre avec justesse et sans outrance une subtile critique de la société post-#moiaussi.

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