Au Canada, l’Arctique est le grand absent des élections fédérales, regrette un politologue
Dans une lettre ouverte publiée dans des médias québécois, le politologue Benoit Lapierre dénonce le désintérêt du Canada envers l’Arctique qui compose pourtant une grande partie de son territoire. En pleines élections fédérales, les enjeux stratégiques de la région sont d’ailleurs loin d’être une priorité pour la plupart des formations politiques.
Il tire d’emblée un constat accablant pour le Canada. Alors que les autres pays avancent leurs pions pour assurer leur présence dans l’Arctique « encore largement inoccupée », le pays regarde ailleurs.
« Avec la fonte des glaces, l’Arctique devient plus accessible d’année en année et commence à libérer son potentiel : nouvelles routes maritimes, exploitations pétrolières et gazières, zones de pêche, nouvelles terres habitables, voire cultivables. Le Nord regorge de perspectives », rappelle le politologue.
M. Lapierre énumère les « maigres » priorités des partis politiques en la matière. Il indique que le programme électoral du Parti libéral du Canada n’est accompagné d’aucun investissement exclusif. À ce titre, il note que les questions concernant l’Arctique n’occupent qu’un paragraphe de quelques lignes.
La formation libérale propose de moderniser le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) par le déploiement de « nouvelles solutions technologiques pour améliorer la surveillance et le contrôle », écrit-il.
Pour le Nouveau Parti démocratique, les « vagues mentions » de l’Arctique se résument à respecter l’autodétermination inuit et à épauler les communautés en déployant l’Internet à haute vitesse dans la région. Un programme similaire aux verts, précise-t-il, qui passe par la « sécurité énergétique et l’accès aux services ainsi qu’à combattre l’insécurité alimentaire par le redéploiement du programme Nutrition Nord ».
Même si M. Lapierre met en lumière les propositions « dérisoires » de ces partis politiques, il signale l’absence totale de la question arctique chez d’autres formations, notamment le Bloc québécois et le Parti populaire. « [Le premier] ne mentionne le développement du Nord québécois nulle part, [et le second] n’offre rien à se mettre sous la dent sur cet enjeu », observe-t-il.
C’est finalement du côté des conservateurs qu’il faut voir un programme qui offre « plus qu’un bricolage de mesures », poursuit le politologue. Il explique que le Parti conservateur propose un « plan clair, précis, structuré et structurant ».
Le chef conservateur promet ainsi une multitude d’actions aussi bien militaires que civiles comme la construction d’installations navales, la réalisation d’un projet routier afin de relier le Nunavut et les Territoires du Nord-Ouest, l’augmentation de la présence militaire dans la région ou le lancement de satellite de surveillance.
Il reste que le dossier de l’Arctique presque absent durant la campagne électorale est d’autant plus inquiétant pour M. Lapierre que son contrôle se joue maintenant. « Si nos dirigeants ne prennent pas rapidement conscience de son importance stratégique, le Canada risque de perdre cette course avant même d’y avoir participé », conclut-il.
Heureux que ma lettre ait pu relancer un peu le débat sur la place de l’Arctique dans la politique canadienne.