Eau polluée : vivre sans eau courante à Iqaluit, dans l’Arctique canadien

Un habitant d’Iqaluit récupère des bouteilles d’eau distribuées par la Ville, samedi. Certains ont du mal à se rendre à ces distributions, selon la directrice de la banque alimentaire de la ville. (Photo : Mario de Ciccio / Radio-Canada)

Malgré la livraison de plusieurs milliers de litres d’eau embouteillée à la Ville d’Iqaluit, certains habitants ont encore du mal à accéder facilement à la précieuse ressource et des questions commencent à se poser sur le recyclage possible de tout ce plastique.

Cela fait six jours que la Ville d’Iqaluit a demandé à ses habitants de cesser de boire l’eau du robinet après que de nombreuses personnes ont alerté les autorités sur l’odeur de carburant qui en émanait.

La Ville a rapidement mis en place des points de distribution auxquels les habitants peuvent se rendre, munis de leurs bidons, pour remplir ces derniers. Une autre solution consiste à remplir ses contenants directement à la rivière Sylvia Grinnell et à faire bouillir l’eau récoltée.

Quand les employés de la banque alimentaire Qajuqturvik d’Iqaluit ont entendu ces informations, ils ont tout de suite su que de nombreuses personnes ne pourraient pas accéder à l’eau potable par elles-mêmes.

Rachel Blais, directrice du centre alimentaire, qui gère un service de repas et d’autres programmes communautaires, soutient que de nombreuses personnes n’ont pas de véhicule. D’autres, dit-elle, ont des enfants ou ont plusieurs emplois et n’ont pas le temps d’aller chercher de l’eau.

Les habitants d’Iqaluit doivent faire la file pour remplir leurs bidons d’eau en attendant de pouvoir consommer l’eau de l’aqueduc municipal. (Emma Tranter / La Presse canadienne)

« Il y a une corrélation très forte entre la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau potable. Donc même si les personnes ont accès à une nourriture de qualité à prix raisonnable, s’ils n’ont pas de la bonne eau pour la nettoyer ou la cuisiner, alors ils viennent ici pour leur repas quotidien. »

Elle affirme que le refuge a servi un nombre record de personnes la semaine dernière. Grâce à des fonds d’urgence, la banque alimentaire a même recruté un chauffeur pour aider avec les livraisons d’eau.

Rachel Blais évoque un autre défi dans cette crise de l’eau que traverse la ville : les habitants se sont rués sur les bidons d’eau la semaine dernière et il n’en reste plus en rayon. Des personnes qui ont besoin de livraisons d’eau ne pouvaient, dans tous les cas, pas se permettre d’acheter les bidons, note-t-elle néanmoins.

Elle alerte sur le fait que la situation de l’eau à Iqaluit n’est pas inconnue de nombreuses communautés autochtones du pays, où les avis d’ébullition d’eau sont monnaie courante. Les changements climatiques et la population grandissante de la ville sont une menace pour l’accès à l’eau potable, s’inquiète-t-elle.

Mme Blais estime qu’Iqaluit a donc beaucoup de chance d’avoir la rivière Sylvia Grinnell à proximité. « Si nous n’avions pas accès à une source d’eau propre, je ne sais pas ce qu’il se serait passé. »

Que faire des milliers de bouteilles d’eau en plastique vides?

Alors que certains ont du mal à accéder à l’eau propre, d’autres se demandent quoi faire avec la quantité de bouteilles plastiques acheminées dernièrement dans la ville.

Avec plus de 100 000 litres d’eau embouteillée livrés la semaine dernière et encore 42 000 litres qui doivent arriver cette semaine, Iqaluit se retrouve en effet avec de nombreux déchets sur les mains.

Des dizaines de milliers de bouteilles d’eau en plastique ont été envoyées à Iqaluit pour faire face à la crise de l’eau. La Ville se demande comment les recycler. (Photo : Mario de Ciccio / Radio-Canada)

La Ville a également distribué des bidons d’eau de quatre litres. Vendredi, elle s’inquiétait de leur sort. « Ces contenants sont réutilisables et nous encourageons les citoyens et citoyennes à les conserver pour stocker et recueillir de l’eau pour leurs besoins futurs », lit-on dans un communiqué.

Brian Tattuinee, le responsable du développement commercial pour la société de transports maritimes Nunavut Sealink and Supply et Arctic Co-operatives Limited a tout de suite réfléchi à l’importance de limiter la pollution plastique.

« Nous avons pensé que nous pourrions contribuer à recycler une partie de ces bouteilles d’eau en les regroupant dans des conteneurs maritimes que nous pourrions envoyer vers le sud l’année prochaine. »

Il avoue cependant que les détails restent encore à être décidés, notamment la façon dont les bouteilles vont être récupérées chez les 8000 habitants de la municipalité.

« Nous avons quatre conteneurs que nous pouvons installer dans la ville, des sortes de points de collecte. »

M. Tattuinee affirme travailler avec la Ville à déterminer l’emplacement de ces derniers.

Avec des informations de Jackie McKay et La Presse canadienne

Radio-Canada

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