Un auteur inuk canadien pressenti pour un prix littéraire prestigieux

Larry Audlaluk est l’un des derniers survivants de la réinstallation forcée d’Inuit dans l’Extrême-Arctique au début des années 1950. Il raconte son histoire dans un livre sélectionné pour les Prix littéraires de la Gouverneure générale. (Matisse Harvey/Radio-Canada)
Larry Audlaluk et son livre What I Remember, What I Know : The Life of a High Arctic Exile ont été nommés dans la catégorie Essais des Prix littéraires de la Gouverneure générale du Canada.

Larry Audlaluk se définit comme un  chasseur  avant d’être un auteur. Pourtant, l’homme qui vit à Grise Fiord, la communauté habitée la plus septentrionale du Canada, ne peut pas cacher sa fierté et sa surprise d’avoir été sélectionné pour un prix littéraire.

Il avoue qu’il est d’autant plus fier que la gouverneure générale Mary Simon est, comme lui, Inuk, et qu’elle vient de la même région dont il est originaire, le Nunavik.

Entre son écriture et sa sortie en 2021, son livre What I Remember, What I Know : The Life of a High Arctic Exile, lui aura demandé près de deux ans. Environ 24 mois pour raconter une histoire qui est celle de sa vie et qui traite d’une période peu connue des Canadiens.

Larry Audlaluk a mis près de deux ans pour terminer son ouvrage. (Larry Audlaluk)
« C’est à propos d’une période dans ma vie et la vie de mes parents, quand le gouvernement du Canada essayait de trouver un moyen d’envoyer des gens dans l’Extrême-Arctique, proche de la frontière avec le pôle Nord ou le Groenland. »Larry Audlaluk, auteur de What I Remember, What I Know: The Life of a High Arctic Exile

Audlaluk fait référence à un programme du gouvernement canadien des années 1950 qui a envoyé plusieurs familles originaires du Nunavik vers l’île d’Ellesmere, au Nunavut, afin qu’elles « renouent » avec leurs traditions ancestrales.

Pour Larry, il s’agissait plutôt pour le pays d’asseoir son pouvoir dans la région.

Lui-même a dû quitter sa terre natale à seulement deux ans, en 1953. « Même si j’étais du nord du Québec, en tant que petit garçon, je ne comprenais pas que j’étais déraciné. J’ai appris que je n’étais pas originaire de l’Extrême-Arctique qu’autour de 9, 10 ans. »

Raconter la vérité

Ce qui ne devait durer que deux ans a fini par durer quasiment toute une vie. Les souvenirs de M. Audaluk, eux, tiennent dans un livre de 280 pages qu’il avait envie d’écrire depuis longtemps, soutient-il, après avoir grandi en entendant ses parents et d’autres membres de sa famille raconter cette histoire de « réhabilitation ».

Son envie est aussi née après s’être rendu compte que les récits différaient en fonction de qui les racontait et que le programme n’était pas la réussite que le gouvernement avait tenté de faire croire à l’époque.

Grise Fiord, où vit l’auteur Larry Audlaluk, est la communauté la plus au nord du Canada. (Matisse Harvey/Radio-Canada)

Pendant des années, Larry Audlaluk s’est engagé dans un lobbying auprès du gouvernement qui a abouti à une reconnaissance officielle et à des excuses.

« J’avais l’impression que notre combat n’avait pas existé, alors je me suis dit que je devais raconter ce qu’il s’était vraiment passé. »Larry Audlaluk, auteur de What I Remember, What I Know: The Life of a High Arctic Exile

Le processus de rédaction ne s’est pas avéré facile tous les jours pour Larry Audlaluk. « C’était dur, car j’ai dû revivre les mêmes émotions encore et encore. » Pour appuyer son témoignage, le livre présente aussi plusieurs documents officiels mentionnant le programme.

Audlaluk se réjouit donc qu’avec sa nomination, son histoire puisse être davantage accessible aux Canadiens.

En attendant l’annonce des gagnants, prévue le 17 novembre prochain, il travaille déjà sur son prochain ouvrage. Même s’il ne peut pas en dire beaucoup pour le moment, il avoue que sa prochaine œuvre traitera d’explorateurs de l’Extrême-Arctique.

Laureen Laboret, Radio-Canada

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