Dans le Grand Nord canadien, inquiétudes entourant la nouvelle décharge municipale d’Iqaluit
Iqaluit se rapproche de la construction de sa nouvelle décharge publique et de sa station de transfert des déchets. Tous les conseillers municipaux ne sont cependant pas convaincus par les projets actuels. Ils évoquent des problèmes de durabilité, de pollution et de contamination.
Quand les deux projets ont été annoncés en 2018, ils devaient être opérationnels en 2020. La date d’ouverture a d’abord été reportée à 2023, et maintenant à 2025.
Le site d’enfouissement actuel de la ville a atteint sa limite. L’ancienne mairesse de la capitale du Nunavut, Madeleine Redfern, l’avait qualifié de « désastre environnemental » et avait annoncé la construction d’une nouvelle installation de 35 millions de dollars pendant son mandat.
Depuis, le prix a augmenté et de nombreux points du projet initial ont été retirés ou ajustés.
À l’origine, la nouvelle décharge devait comprendre un bâtiment pour un centre de réutilisation, où les habitants pourraient venir chercher des matériaux pour se construire des cabanes ou chercher des pièces de moteur. Mais le budget ne permettra qu’un petit bâtiment ou un conteneur maritime à cet effet.
« Quand j’entends qu’un conteneur peut être une option pour un centre de réutilisation, c’est inadéquat et inacceptable de mon point de vue », affirme le conseiller Kyle Sheppard.
Selon lui, ce centre est un élément essentiel du projet, et l’accès aux matériaux réutilisables est important pour les résidents. Il affirme que l’accès à la décharge actuelle n’est pas sûr.
Les autres éléments qui ont été retirés des projets sont un granulateur (qui découpe le carton et le bois qui pourraient être brûlés pour alimenter l’installation), une clôture périphérique et un système de traitement des lixiviats (des résidus liquides qui émanent des déchets).
Interrogations sur le traitement des eaux contaminées
Pour l’instant, les plans prévoient de capter l’eau contaminée dans un bassin de rétention situé sur la décharge, ce qui, selon certains experts, ne suffirait pas à résoudre le problème.
« Nous ne connaissons pas nécessairement la force ou le degré de contamination de ces eaux de ruissellement », soutient Erik Marko, chef de projet de Collier Project Leaders.
Pour le moment, les lixiviats seraient contenus dans un bassin pendant quelques années avant que la Ville trouve un moyen de les traiter. Si le bassin se remplit, il sera transféré à la station d’épuration des eaux usées.
D’ici là, le problème sera transféré à un nouveau maire et à un nouveau conseil municipal.
Selon Scott Kyle, qui travaille à la firme Dillon Consulting, le budget de base de 100 000 $ pour un système de traitement de l’eau contaminée a été largement sous-estimé.
Il estime plutôt que le coût serait de 3 à 5 millions de dollars.
Contamination de la zone
Plusieurs conseillers municipaux s’inquiètent également des ordures qui pourraient contaminer les alentours, et le maire Kenny Bell évoque aussi le problème récurrent des corbeaux.
Une clôture de 1,80 mètre destinée à recueillir les déchets en vrac résoudrait ce problème, mais tous les conseillers municipaux sont d’accord pour dire que la clôture prévue n’est pas assez haute.
Le président du comité de l’ingénierie et des travaux publics, Romeyn Stevenson, évoque pour sa part la mise en place d’un programme de nettoyage des déchets. Il affirme que, par le passé, la Ville a obtenu des fonds gouvernementaux pour que des élèves du secondaire ramassent les ordures. Mais il n’y a pas de programme municipal permanent pour ce genre de choses.
Le projet de décharge municipal a pourtant été approuvé dans le cadre du budget d’immobilisations de la Ville, et la construction de la route y menant a déjà commencé.
Ce printemps, la Municipalité prévoit de lancer deux appels d’offres. Ils devront être attribués d’ici le mois de mai pour que la construction du site d’enfouissement commence cet été.
Avec les informations de Jackie McKay