Action collective contre Québec et Ottawa pour mettre fin à la discrimination de la DPJ au Nunavik

Deux femmes inuit qui se présentent comme des « survivantes » de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) veulent intenter un recours collectif contre le Québec et le Canada. Elles accusent les deux paliers de gouvernement de « décennies de sous-financement illégal et discriminatoire » sur les services essentiels destinés aux enfants du Nunavik, la région nordique du Québec.
Lucy Tookalook et Tanya Jones souhaitent ainsi en « finir avec traitement illégal et discriminatoire » que subissent les enfants autochtones du Nunavik. Pour les demanderesses, la fin de la discrimination subie par les jeunes inuit évitera qu’une nouvelle génération ne se retrouve « prisonnière » du cycle des traumatismes intergénérationnels.
Les deux femmes allèguent qu’un nombre disproportionné d’enfants inuit pris en charge au Nunavik depuis 1975 par la DPJ ont été gravement négligés en étant privés de services de base en matière de prévention.
Lucy Tookalook cite en exemple son propre parcours. « On m’a enlevé à ma mère à ma naissance et on m’a envoyé à des milliers de kilomètres de là, en tant que nouveau-né, dans un hôpital de Montréal. J’y suis restée sept mois, seule et sans soutien. »
Elle a raconté dans un communiqué de presse transmis aux médias avoir été renvoyée au Nunavik dans un système qui l’a complètement abandonné, elle et les autres enfants inuit, « dans l’indifférence la plus sombre et les abus les plus cruels ».
Selon la demande d’action collective déposée mardi devant la Cour supérieure du Québec à Montréal, Québec et Ottawa ont « violé des droits fondamentaux en négligeant d’offrir des services de protection de la jeunesse, des soins de santé et d’autres services sociaux essentiels d’un niveau comparable à ceux que reçoivent les autres enfants canadiens ».
Les demanderesses réclament des gouvernements un montant situé entre 40 000 $ et 300 000 $ pour chaque personne (enfant et aussi leurs parents) du recours collectif, en plus des dommages et intérêts punitifs.
De son côté, Tanya Jones dit vouloir rendre justice à son peuple qui a été traité de façon « inhumaine » pendant des décennies. « Je veux que les enfants inuit du Nunavik aient une chance d’être entendus par les tribunaux. Je veux que leur douleur et leur souffrance soient entendues, ressenties et réparées », a-t-elle indiqué.
Notons que Québec et Ottawa sont conjointement responsables des services publics offerts au Nunavik depuis la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois en 1975.