Les décharges municipales ont dépassé leur durée de vie dans l’Arctique canadien, révèle un rapport

Dans un rapport publié mardi par Océans Nord, le gouvernement canadien ne gère pas suffisamment bien les déchets dans les régions du Grand Nord. L’organisme indique que la plupart des décharges municipales ont dépassé leur durée de vie prévue et sont une menace pour les écosystèmes de la région.
Baptisé « Vers un Arctique sans déchets », le rapport met en avant l’urgence d’une gestion « efficace » des déchets dans les communautés arctiques. L’absence de services et d’installations suffisants a un impact négatif à la fois sur les communautés et sur l’environnement, peut-on lire.
Le président d’Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed, a réagi à la publication du rapport estimant que la capacité des municipalités à apporter les améliorations nécessaires à la gestion des déchets est « entièrement inadéquate ».
Il a ajouté qu’il est temps maintenant qu’un nouveau cadre soit élaboré par et pour les Inuit. « Les lacunes et les déficits d’infrastructure dans nos 51 communautés ont des impacts directs sur la santé de nos familles. »
De plus, le rapport de 56 pages explique que les décharges situées près du littoral entraînent le déplacement des déchets vers les écosystèmes côtiers voisins. L’organisation caritative qui travaille avec les communautés autochtones de l’Arctique et de l’Atlantique redoute qu’en l’absence d’une stratégie globale de la part des politiques les problèmes s’aggravent, d’autant que les bouleversements climatiques menacent les infrastructures existantes.
Pour mener à bien leur recherche, les experts du rapport ont analysé des données sur la quantité de déchets accumulés au cours des 25 dernières années chez les 51 communautés autochtones qui composent les quatre régions de l’Inuit Nunangat que sont l’Inuvialuit, le Nunavut, le Nunatsiavut et le Nunavik.
« Bien qu’elles ne produisent pas plus de déchets que les communautés du sud du Canada, les municipalités de l’Inuit Nunangat ont beaucoup moins accès aux services et infrastructures nécessaires », précise le rapport.
Selon Océans Nord, le gouvernement fédéral s’était pourtant engagé à réduire les déchets et la pollution par les plastiques, mais l’organisme déplore que leur gestion ne soit pas mentionnée dans son cadre stratégique pour l’Arctique.
« Des plans ambitieux de la part de tous les niveaux de gouvernement et du secteur privé sont nécessaires si nous voulons combler le manque d’infrastructures et travailler à l’avènement d’un Arctique sans déchets », déclare Susanna Fuller, vice-présidente des opérations et des projets à Océans Nord.
Le rapport suggère que le gouvernement fixe des objectifs de réduction des déchets de 50 % dans l’ensemble de l’Arctique d’ici 2040, qu’il finance un système public de communication des données sur la gestion des déchets et qu’il investisse dans les infrastructures.
« S’attaquer à la gestion des déchets municipaux offre l’occasion de redresser les inégalités qui ont existé dans cette région tout en faisant progresser des programmes bénéfiques », a conclu Mme Fuller.