2021, une année noire pour les décès au travail dans le Nord canadien
Jeudi, le Canada observait le Jour du deuil national, qui rend hommage à des travailleurs morts, blessés ou tombés malades à cause de leur travail. En 2021, 15 personnes ont perdu la vie à la suite de blessures ou de maladies contractées sur leur lieu de travail dans le Grand Nord.
Une première version de ce texte mentionnait 14 décès. Or, la Commission de la sécurité et de l’indemnisation des travailleurs du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest a confirmé plus tard un décès supplémentaire lié à une blessure antérieure dans les T.N.-O., NDLR.
Selon un rapport de l’Association des commissions des accidents du travail au Canada (ACATC), cela faisait plus de 10 ans que les territoires n’avaient pas enregistré autant de décès reliés au travail.
« Je suis horrifiée », affirme Lorraine Rousseau, la vice-présidente de la région Nord de l’Alliance de la fonction publique du Canada.
Sur les 15 décès enregistrés l’année dernière, 7 sont survenus au Nunavut, 4 au Yukon et 4 aux Territoires du Nord-Ouest. Parmi les victimes, une majorité était des résidents du Nord.
Un chiffre élevé
La présidente et directrice de la Commission de la sécurité au travail et de l’indemnisation des travailleurs, Debbie Molloy, note que 2021 est « une année très inhabituelle » en matière de nombre de décès.
Selon les chiffres de l’ACATC, aux T.N.-O. et au Nunavut, où les données sont regroupées, il faut remonter à 2011 pour que ce chiffre soit supérieur à 7.
Cette année-là, trois écrasements d’appareils aériens avaient causé la mort de 14 personnes, dont la plupart travaillaient ou voyageaient dans le cadre du travail.
Au Yukon, depuis 1993, quatre années (1996, 2014, 2018 et 2021) sont associées à plus de 3 décès. En 2015, il n’y en a eu aucun.
Les chiffres indiqués dans une première version de l’article étaient tirés du rapport intitulé Statistiques nationales des accidents, maladies et décès professionnels de l’Association des commissions des accidents du travail au Canada (ACATC). Or, la Commission de la santé et de la sécurité au travail du Yukon a fourni des statistiques mises à jour à Radio-Canada après la publication. Le texte a été modifié pour en tenir compte, NDLR.
« Notre mandat, c’est d’avoir zéro décès. Tout chiffre au-dessus est trop élevé […] et nous savons que ce chiffre est atteignable », affirme Kurt Dieckmann, le directeur et président de la Commission de la santé et de la sécurité au travail du territoire.
Il précise aussi que les blessures ou les décès sur le lieu de travail ne font pas de discrimination et que toutes les industries et tous les genres peuvent être touchés.
Brendan Hanley, le député fédéral du Yukon, affirme que le territoire est souvent l’un des endroits avec le plus haut taux de blessures et de mortalité associée aux blessures, notamment les blessures et les décès liés aux accidents de travail.
Il précise toutefois que ces données ne permettent pas d’affirmer qu’il y a plus d’accidents et de décès liés au travail au Yukon qu’ailleurs.
Sensibilisation à la sécurité sur le lieu de travail
Brendan Hanley soutient néanmoins que le taux élevé de décès enregistré l’année dernière peut être lié à plusieurs facteurs, en fonction des catégories de décès. Il mentionne notamment la consommation d’alcool et de drogues dures, qui a été plus importante que la moyenne.
Le député du Yukon note néanmoins que la Commission de la santé et de la sécurité au travail a fait progresser les choses grâce à des campagnes de sensibilisation.
C’est ce que confirme Kurt Dieckmann.
Brendan Hanley croit que la pandémie a aussi pu jouer un rôle parce que de nombreux employés ont dû effectuer des heures supplémentaires pour compenser l’absence de leurs collègues malades. « Avec la pression de la pandémie, peut-être qu’il y avait moins de confiance sur le lieu de travail, et beaucoup plus de stress. »
Avec le retour des employés au travail après deux ans de restrictions et l’embauche de nouveaux professionnels, Brendan Hanley et Kurt Dieckmann affirment que les employeurs doivent accorder de l’importance à la formation aux protocoles de sécurité.
Kurt Dieckmann ajoute que la sécurité au travail doit devenir quelque chose de socialement accepté, comme le fait de porter une ceinture de sécurité dans une voiture.
« C’est très important de se rappeler que la sécurité sur le lieu de travail n’est pas quelque chose qui est en dehors du travail ou ajoutée au travail. Elle fait partie du travail. »
Avec des informations de Hilary Bird