Un bébé mammouth laineux entier découvert au Yukon, le 1er en Amérique du Nord
Ils ont disparu il y a environ 4000 ans. Mais mardi, lors de la Journée nationale des peuples autochtones, un bébé mammouth laineux est réapparu au Yukon. Congelé dans le pergélisol, l’animal a été mis en sûreté grâce au travail d’équipe d’un chasseur d’or de la Première Nation Trʼondëk Hwëchʼin et d’un paléontologue chevronné.
« Pour être bien franc, je ne sais pas comment absorber tout ça, c’est incroyable », a déclaré le Dr Grant Zazula, paléontologue au gouvernement du Yukon.
Mardi, peu après midi, un jeune travailleur d’une mine était en train de creuser dans la boue avec une chargeuse frontale à Eureka Creek, au sud de Dawson City, lorsqu’il a heurté quelque chose. Il s’est alors arrêté et a appelé son supérieur.
À son arrivée, Brian McCaughan, directeur à Treadstone Mining, a mis un terme à l’opération sur-le-champ. Moins d’une demi-heure plus tard, Grant Zazula a reçu une photo de la découverte. Selon le paléontologue, ce jeune mineur a fait la « découverte la plus importante en paléontologie en Amérique du Nord ».
Cette découverte est celle d’un bébé mammouth laineux entier, le deuxième jamais trouvé dans le monde et le premier en Amérique du Nord.
Grant Zazula a commencé à étudier l’ère glaciaire au Yukon en 1999 et a toujours rêvé d’une telle découverte. « Cette semaine, ce rêve est vraiment devenu réalité. »
Pour la Première Nation Trʼondëk Hwëchʼin, sur les terres de laquelle le bébé mammouth laineux a été trouvé, cette découverte est tout aussi importante. « Nous sommes tous très enthousiastes, y compris les aînés et une grande partie du personnel et des membres », a dit Debbie Nagano, directrice du patrimoine du gouvernement des Trʼondëk Hwëchʼin.
Une découverte, puis le déluge
Mardi, la Journée nationale des peuples autochtones était jour férié au Yukon.
Quand le paléontologue a reçu le courriel, il a essayé de contacter toute personne qui pourrait l’aider à Dawson City. Deux géologues, l’un de la Commission géologique du Yukon, l’autre de l’Université de Calgary, ont pu conduire jusqu’à la crique, récupérer le bébé mammouth laineux et faire une description géologique complète ainsi qu’un échantillonnage du site.
Le bébé mammouth laineux, nommé Nun cho ga, qui signifie « gros bébé animal » dans la langue hän des Trʼondëk Hwëchʼin, mesure environ 140 cm de long, ce qui est un peu plus long que l’autre bébé mammouth laineux trouvé en Sibérie, en Russie, en mai 2007.
Le paléontologue pense que Nun cho ga était âgée de 30 à 35 jours lorsqu’elle est décédée et qu’elle serait morte il y a entre 35 000 et 40 000 ans, vu la géologie du site. « Elle est donc morte au cours de la dernière période glaciaire et a été retrouvée dans le pergélisol. »
Grant Zazula explique que les géologues qui l’ont récupérée ont vu un morceau de l’intestin de l’animal avec de l’herbe dessus. Le bébé mammouth était probablement à quelques pas de sa mère, mais s’est aventuré un peu, a mangé de l’herbe et bu de l’eau, puis il s’est retrouvé coincé dans la boue, pense le paléontologue.
Une cérémonie autochtone pour Nun cho ga
Après que Nun cho ga eut été récupérée du site minier, elle a été amenée à un endroit proche où une cérémonie a eu lieu. Dirigée par des aînés tr’ondëk hwëch’in, environ une quinzaine de personnes – des membres tr’ondëk hwëch’in, des scientifiques, des mineurs et des politiciens – se sont réunies en cercle et ont prié pendant que Nun cho ga était extirpée de la bâche dans laquelle on l’avait enveloppée.
« C’était très puissant », raconte Debbie Nagano, qui ajoute que les aînés ont béni le bébé mammouth laineux. Peggy Kormendy, une aînée tr’ondëk hwëch’in, a eu le souffle coupé lorsque la bâche a été retirée. « Nous devons tous la traiter avec respect. Lorsque cela se produira, ce sera puissant et nous guérirons. »
« Il y a une chose qui se démarque dans la vie entière d’une personne et je peux vous garantir que c’est [cette expérience] pour moi », ajoute Brian McCaughan, émerveillé.
Michael Caldwell, un paléontologue à l’Université de l’Alberta qui n’était pas présent à la cérémonie, s’est dit fasciné par la façon dont le temps peut retenir des histoires aussi poignantes. « C’est une sorte de miracle préservé dans le présent, une mine d’or scientifique et tout simplement une belle chose. Pour tous les paléontologues, c’est incroyable. »
D’après les informations de Michel Proulx et de Mike Rudyk