Pénurie sans précédent d’enseignants dans le Nord québécois

Plusieurs postes d’enseignants sont encore à pourvoir au Nunavik en cette rentrée scolaire. (Kativik Ilisarniliriniq)
La pénurie d’enseignants observée un peu partout au pays touche particulièrement le Nunavik. La région affichait en août encore 77 postes d’enseignants à pourvoir sur 502, selon la commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq.

Selon Daniel Charest, responsable des enseignants du Nunavik pour l’Association des employés du Nord québécois (AENQ), cette rentrée scolaire est très difficile.

Si quatre postes d’enseignants ne sont pas comblés dans une école à la rentrée, l’école va quand même pouvoir ouvrir ses portes, mais ça ne fonctionnera pas très bien.Daniel Charest, directeur, Association des employés du Nord québécois

Le nombre de postes à pourvoir cette année est bien supérieur aux années précédentes. En août 2021, la commission scolaire Kativik Ilisarniliriniq avait 51 postes vacants. En août 2018, il n’y en avait que 37.

Joseph Denis-Pelletier, responsable des communications pour la commission scolaire, mentionne que des efforts sont déployés pour minimiser les conséquences de ce manque d’effectifs sur les élèves.

Le recrutement d’enseignants suppléants locaux est en cours. Du personnel d’aide aux élèves et des étudiants en enseignement se font aussi offrir des postes d’enseignants. D’anciens employés et retraités sont aussi sur une liste de rappel, toujours selon la commission scolaire, qui a aussi, lorsque cela est possible, regroupé des niveaux scolaires.

Des bonis pour attirer les enseignants

Pour accroître le recrutement, les enseignants en poste au Nunavik ont droit à des bonis et avantages qui ne sont pas offerts à leurs homologues du Nunavut.

Pour les employés recrutés à l’extérieur du Nunavik (soit à au moins 50 km du lieu de travail), trois vols allers-retours par année leur sont offerts ainsi qu’aux membres de leur famille.

Pour les employés vivant déjà au Nunavik, la valeur d’un voyage entre leur communauté et Montréal est calculée et versée en prime.

« Cette mesure va permettre aux résidents du Nunavik d’utiliser cette prime pour couvrir des dépenses reliées à une expédition de chasse ou de pêche, par exemple », dit Joseph Denis-Pelletier.

Toutefois, malgré ces avantages concurrentiels, il est de plus en plus difficile de faire venir des enseignants du sud du Québec, surtout pour enseigner en français, selon Daniel Charest, de l’AENQ. « La majorité des enseignants francophones proviennent de l’extérieur du Québec et la plupart n’ont pas d’expérience en enseignement », explique-t-il.

Haut taux de roulement

Dans l’ensemble, les nouveaux enseignants sont jeunes et la plupart sans enfants. Peu de jeunes familles veulent inscrire leurs plus jeunes enfants dans le programme en langue inuktitut, qui est offert jusqu’en quatrième année, ou inscrire leur plus vieux avec d’autres élèves qui commencent à apprendre le français ou l’anglais à partir de la quatrième année.

Daniel Charest estime que de 35 % à 45 % des enseignants au Nunavik ne sont pas qualifiés en enseignement.

Le manque de logement dans les plus petites communautés accentue la pression sur le recrutement, ce qui fait en sorte que les écoles recrutent souvent des gens déjà établis dans la communauté pour des contrats à court terme.

Les plus grandes communautés s’en tirent à meilleur compte, selon Daniel Charest, mais de 30 à 40 % des enseignants quittent leur poste chaque année, ce qui accentue l’instabilité.

Le syndicat envisage de faire une tournée de toutes les communautés cet automne afin de montrer leur appui aux enseignants.

Avec des informations de Jane George

Radio-Canada

Pour d’autres nouvelles sur le Canada, visitez le site de Radio-Canada.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *