Nord québécois : le manque de logements lié à la mort d’un bambin au Nunavik
La coroner Geneviève Thériault demande au gouvernement du Québec d’accroître rapidement l’offre de logements sociaux au Nunavik, parce que le surpeuplement des foyers serait en cause dans le décès d’un nourrisson durant son sommeil, en avril 2021.
L’histoire a d’abord été mise en lumière dans les pages du quotidien Le Devoir, avant que la coroner publie son rapport d’investigation.
On y apprend que le soir de son décès à Kangiqsualujjuaq, un enfant de 3 mois dormait sur un matelas à deux places.
Un adulte est venu s’étendre à côté de lui en fin de soirée pour dormir. Une deuxième personne les aurait alors rejoints un peu plus tard.
L’enfant a été retrouvé en arrêt cardio-respiratoire vers 1 h, et son décès a été constaté au dispensaire du village de Kangiqsualujjuaq.
L’enquête
Selon la coroner, il est possible que l’enfant ait été écrasé durant son sommeil. Cela aurait pu créer une asphyxie par suffocation. Des couvertures pourraient aussi avoir recouvert sa tête.
L’autopsie n’a toutefois pas permis de conclure sans l’ombre d’un doute qu’il s’agit de la cause officielle du décès.
« Dans une autopsie, ce n’est pratiquement pas détectable. C’est pour ça que c’est très difficile de déterminer qu’un enfant est décédé des suites d’une asphyxie. Les circonstances sont aussi difficiles à déterminer de façon exacte », explique la coroner Geneviève Thériault.
D’autres facteurs de risque ont aussi été soulevés par la coroner dans cette histoire, comme l’exposition à la fumée secondaire et l’absence d’allaitement.
La cause exacte de son décès n’a toutefois pas été déterminée et les autorités de santé ont conclu à un syndrome de mort subite du nourrisson.
Plus de logements
Le contexte du décès de cet enfant n’est pas un cas isolé. En 2021, 10 nourrissons de moins de 1 an sont aussi décédés de causes indéterminées au Nunavik. La coroner a remarqué des similitudes dans les circonstances de ces décès.
Le surpeuplement des logements est montré ici du doigt comme étant un facteur de risque récurrent. Par manque d’espace, de jeunes enfants dorment dans le même lit que des adultes, ce qui pose un risque de mort par asphyxie involontaire.
« Il faut dormir seul, dans un lit approprié à la taille de l’enfant, comme une bassinette. Sans couverture, sans toutou, sans oreiller, sans rien qui pourrait l’étouffer. Quand un enfant dort dans un lit d’adulte […], ça peut faire en sorte que l’enfant, dans la nuit, se retrouve écrasé », explique la coroner.
« Quand on a des logements surpeuplés, ça ne permet pas de mettre les enfants dans des bassinettes pour qu’ils puissent dormir dans un environnement sécuritaire, seul », ajoute-t-elle.
Geneviève Thériault recommande donc l’investissement rapide des instances provinciales et fédérales dans la construction de logements sociaux sécuritaires au Nunavik.
Le besoin est par ailleurs criant dans la région, comme 47 % des logements sont surpeuplés.