Art et science se croisent dans l’environnement sonore de l’océan Arctique

Des icebergs au large du Groenland (Mario Tama/Getty Images)
Une équipe de scientifiques et une artiste multimédia ont passé les dernières semaines à bord d’un navire de recherche dans le détroit de Davis, entre le Groenland et l’île de Baffin, pour mettre à l’eau des instruments, dont des hydrophones, afin d’enregistrer les sons des profondeurs de l’océan Arctique. Les données serviront à la recherche et à un projet artistique.

L’équipe multidisciplinaire qui participe au projet de la Woods Hole Oceanographic Institution, établie aux États-Unis, veut mesurer les facettes des bouleversements qui se produisent sous l’eau dans cette région de l’océan. 

Les changements de températures et de salinité, la migration des espèces et le déplacement des glaces font partie des objets d’étude des scientifiques.

Ils ont déployé des amarres à des profondeurs diverses, munies d’instruments de mesure et d’hydrophones, des micros sous-marins.

Ils enregistreront toutes les heures les sons qui se propagent sous l’eau, avant d’être repêchés en 2024.

Un des objectifs est de comprendre l’impact des changements acoustiques sur les baleines et autres animaux marins. 

Cette carte montre les déplacements du navire de recherche R/V Neil Armstrong dans le détroit de Davis ces dernières semaines. Les scientifiques ont déployé des instruments et des micros sous-marins pour recueillir des données dans l’océan. (Woods Hole Oceanographic Institution)

L’océan Arctique connaît depuis les dernières années un apport accru d’eau douce avec les changements climatiques ainsi qu’une hausse de sa température. Cela influe sur la façon dont les sons se propagent sous l’eau, ce que les chercheurs espèrent percevoir.

Les micros sous-marins permettent aussi en théorie de capter la signature sonore des tremblements de terre, des glissements de terrain, des animaux marins et de la pollution environnante. 

De son côté, l’artiste irlandaise d’origine américaine Siobhán McDonald veut capturer et préserver « le bruit de la fonte des glaces ».

La calotte glaciaire fond au Groenland, un effet du réchauffement climatique, ce qui mène à un rehaussement graduel du niveau des mers et représente un apport substantiel d’eau douce dans l’océan.

« Je veux qu’on entende la pollution acoustique. Le niveau de la mer monte et cela aura un impact, j’imagine, sur la portée sonore et sur toute la biodiversité », affirmait-elle récemment au quotidien britannique The Guardian.

« Le son est fondamental chez les animaux de l’océan et de l’Arctique. L’ouïe est fondamentale pour la communication, la reproduction, l’alimentation et finalement la survie. Cela parle de la nécessité de prêter attention à la pollution que nous causons aux écosystèmes qui nous entourent », poursuivait-elle.

L’artiste Siobhán McDonald lors d’une expédition dans l’Arctique en 2015 (Ashley Gordon)

L’océan arctique risque de connaître aussi une hausse du trafic maritime dans les prochaines années, ce qui se répercute sur l’environnement sonore sous l’eau.

Siobhán McDonald prévoit de travailler avec un compositeur pour incorporer les enregistrements, qui seront récupérés dans deux ans, dans une installation acoustique qui explorera l’impact de l’humanité sur l’océan. Elle compte réaliser également des peintures, des sculptures et d’autres œuvres basées sur le voyage, rapporte le journal.

Mme McDonald fait partie d’un collectif formé de scientifiques et d’artistes, nommé « la mémoire de l’océan » (Ocean Memory Project). Ce regroupement met de l’avant différents projets qui explorent les aspects des changements environnementaux dans l’océan tout en amenant une réflexion et en traçant des parallèles avec l’histoire, les arts, la pensée et notre destin commun.

Avec les informations du Guardian et de Polar Journal

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