Suède : 18 dépouilles restituées au Parlement sami 

Le drapeau sami (Jonathan Nackstrand/AFP/Getty Images)
Le gouvernement à Stockholm a autorisé la restitution au Parlement sami de restes humains qui étaient conservés dans une institution muséale du pays, un geste demandé depuis des années par les instances samies de Suède.

Il s’agit des restes de 18 personnes qui avaient été déterrés au courant du 20e siècle. Ils seront ainsi restitués au Parlement sami pour réinhumation, a annoncé lundi le gouvernement suédois dans un communiqué.

« Des objets et des restes humains samis font aujourd’hui partie des collections d’un certain nombre de musées et d’universités du pays. Ceux-ci ont été ajoutés aux collections de diverses manières, certaines en relation avec la recherche sur les races », peut-on lire dans le communiqué. 

Des idéologies racistes ont prévalu au siècle dernier dans les pays occidentaux. Selon ces modes de pensée, on associait des caractéristiques physiques précises à certaines « races » humaines qui étaient comparées, certaines étant considérées comme inférieures à d’autres. Des scientifiques prélevaient ainsi des restes humains à des fins d’études sans autorisation ou sans égard aux intérêts des communautés ou des familles.

« Depuis les années 1970, les demandes de restitution d’objets et de restes se multiplient parmi les peuples autochtones du monde », poursuit le communiqué.

« Le retour d’objets et de restes humains samis relève d’un processus de réconciliation entre les peuples autochtones et les autorités étatiques. Mais, en même temps, c’est un processus compliqué qui nécessite des enquêtes minutieuses et des équilibres parfois difficiles [à atteindre]. Chaque cas est unique et doit être basé sur les conditions qui s’appliquent à chaque situation individuelle. Maintenant, le gouvernement veut accélérer les travaux pour faciliter ces processus », affirme la ministre suédoise de la Culture, Parisa Liljestrand.

« Le peuple sami a toujours été durement touché, notamment par les vols de tombes et les enquêtes menées pour la recherche sur la biologie raciale. Le passé ne peut être effacé, mais nous devons apprendre de l’histoire et faire tout notre possible pour que ça ne se répète pas », déclare pour sa part le ministre de l’Éducation, Mats Persson.

Le gouvernement suédois explique qu’il a décidé d’accéder à une demande de l’Université d’Uppsala, au nord de Stockholm, de transférer les restes de 18 personnes appartenant à ce peuple autochtone de l’Arctique pour réinhumation au cimetière de Rounala, dans le nord du pays, d’où ils avaient été prélevés à partir de 1915.

Ces restes se trouvent au musée Gustavianum, qui fait partie de l’Université d’Uppsala. 

Le musée Gustavianum à Uppsala, en Suède (iStock)

En 2007, le Parlement sami a exigé le retour et la réinhumation de tous les restes samis, ce qui est appuyé par le droit international.

Des restes avaient déjà été rapatriés aux instances samies dans le nord de la Norvège et de la Suède au tournant des années 2000. Plus récemment, en 2019, 25 dépouilles ont été réinhumées dans un cimetière sami à Lycksele, dans le sud du Lapland suédois, à la suite de démarches entreprises par le Parlement sami.

Le Parlement sami de Suède demande toujours des enquêtes pour faire la lumière sur les pillages et l’appropriation des restes et objets du peuple sami au siècle dernier. Il réclame aussi la restitution de toutes les dépouilles détenues par l’État et diverses institutions. 

L’an dernier, le Parlement sami disait qu’« un retour ou un rapatriement est un enjeu qui ne peut pas être résolu à la hâte » et que plusieurs questions restent à régler sur la « propriété » de ces dépouilles et sur la possibilité, par exemple, d’ériger un monument commun pour leur réinhumation.

Certaines dépouilles datent du 16e siècle ou même du Moyen-Âge, ce qui ajoute une autre dimension au problème, avec un intérêt historique manifeste pour ces vestiges.

L’Office national du patrimoine a reçu de Stockholm le mandat d’analyser les conditions d’identification et de restitution des objets et des restes humains samis. « La mission doit être menée en collaboration avec le Parlement sami et plusieurs autres acteurs concernés », ajoute le gouvernement.

Les Samis sont un peuple autochtone de l’Arctique, traditionnellement des éleveurs de rennes. Leur territoire ancestral s’étend sur les régions arctiques de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et de la péninsule de Kola dans l’Arctique occidental russe, une région qu’ils appellent collectivement Sapmi. Les Samis constituent le seul peuple autochtone reconnu dans l’Union européenne.

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