La migration des castors vers le nord a des effets néfastes sur les Inuit

Les changements climatiques poussent les castors à se déplacer vers le nord, même au-delà de la limite où l’on trouve des arbres. (Stephen Shikaze)
Les changements climatiques poussent les castors à occuper des territoires de plus en plus nordiques. Un déplacement qui n’est pas sans conséquence sur les autres espèces et le mode de vie des Inuit.

Eddie Kumarluk se souvient d’une époque où des milliers d’ombles chevaliers nageaient dans le lac Pamiullujusiup près d’Umiujaq, au Nunavik (nord du Québec).

« Dans les années 1970, on n’attrapait que de l’omble chevalier », se souvient M. Kumarluk, directeur de l’Association de chasse, de pêche et de piégeage de sa communauté.

« C’est l’un de nos principaux aliments et ils sont en déclin ces dernières années, ajoute-t-il. Nous n’en avons pratiquement pas attrapé. »

Ce qu’il décrit comme une zone autrefois abondante pour les pêcheurs n’existe plus. Les castors nouvellement arrivés sont à blâmer.

Ces rongeurs, qui habitent généralement les régions forestières, ont commencé à se déplacer graduellement vers le nord au cours des dernières décennies, jusque dans la toundra.

« Les habitants ont commencé à remarquer leur arrivée dès les années 1980, dit Eddie Kumarluk. Il y a 10 à 15 ans, on a commencé à trouver des barrages de castors construits le long des lacs. »

À partir de là, ils ont réalisé l’étendue des dégâts causés par ces animaux semi-aquatiques et la nécessité d’étudier leur impact sur l’environnement nordique, relate M. Kumarluk.

C’est la structure des barrages des castors qui pose problème aux populations de poissons telles que l’omble chevalier, dit-il.

« Ils ne sont pas aussi forts que le saumon. Le saumon peut sauter par-dessus un barrage de castor, mais l’omble chevalier est plus faible », explique M. Kumarluk.

« Nous ne savons pas combien de rivières ils ont bloquées ou endiguées et nous avons tellement de travail devant nous, déplore-t-il. Nous faisons ce que nous pouvons. »

Un impact plus important au nord

« Certaines communautés, comme Umiujaq, sont particulièrement à risque d’être touchées par l’expansion du territoire du castor en raison de leur position géographique », explique Mikhaela Neelin, directrice de l’Association de chasse, de pêche et de piégeage du Nunavik.

Umiujaq est l’une des communautés situées juste au nord de la limite forestière, où les arbres ne poussent pas.

« Dans la toundra, on voit des castors pour la première fois. Les castors ont souvent des effets bénéfiques, mais leur présence peut entraîner des conséquences importantes dans le Nord. »

Au-delà des effets causés à la faune, les castors pourraient également affecter la qualité de l’eau.

« Lorsque les systèmes d’eau et les rivières sont endigués, on se demande si l’eau du lac ou de la rivière pourrait encore être consommée sans traitement », dit Mme Neelin.

Trouver des solutions

L’Association de chasse, de pêche et de piégeage d’Umiujaq compte bien trouver des solutions à cette situation.

Elle s’est récemment procuré un drone afin de surveiller la population de castors dans la région. Elle espère pouvoir éduquer les membres de la communauté sur le rongeur et ses effets sur le territoire.

« Nous souhaitons vraiment apprendre aux jeunes, et même aux aînés, comment piéger les castors afin que nous puissions contrôler une partie de sa population », affirme Eddie Kumarluk.

D’après un texte de Rachel Watts de CBC News.

Radio-Canada

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