Dans le Grand Nord canadien, deux partis politiques signent une entente stratégique

Le Parti libéral du Yukon est parvenu à conclure une seconde entente avec le Nouveau Parti démocratique (NPD) de Kate White qui leur permettra de tenir les rênes du gouvernement jusqu’aux prochaines élections législatives, prévues en novembre 2025.
L’entente permet de prolonger celle signée au lendemain des élections de 2021 et qui arrivait à échéance le 31 janvier 2023. Elle prévoit une série de mesures sur six questions clés, soit la santé, l’éducation, le coût de la vie, le logement, la réconciliation et l’environnement.
« Il y a deux semaines, lorsque je suis entré en fonction, je parlais de trois choses : la santé, l’éducation et le logement. Je pense que nous savions tous que nous avions du travail à faire sur ces questions. Il ne restait qu’à détailler nos priorités », explique le premier ministre Ranj Pillai.
Parmi les mesures comprises dans ce nouvel accord de confiance et de soutien figurent la création d’une clinique médicale sans rendez-vous à Whitehorse en 2024 et le maintien d’un plafond des augmentations de loyer, qui est indexé sur l’inflation.
L’accord prévoit aussi une révision de la Loi sur les rapports entre locateurs et locataires en matière résidentielle d’ici juin 2023.
« Tout le monde connaît mes valeurs et c’est avec [celles-ci] qu’on a commencé les négociations. Il y a beaucoup de choses dans cet accord qui sont importantes pour les gens […] et nous sommes très fiers de ce document », souligne la cheffe des néo-démocrates Kate White.
Le gouvernement souhaite également entamer des discussions avec les leaders autochtones du territoire en ce qui concerne la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones tout en continuant de mettre en œuvre les recommandations de la Commission de vérité et réconciliation.
L’opposition déçue de cette alliance
Depuis l’annonce de la démission de Sandy Silver du poste de premier ministre et l’élection sans opposition de Ranj Pillai, le chef du Parti du Yukon, Currie Dixon, ne cachait pas son désir de retourner en élection.
Cette entente vient toutefois assurer que les Yukonnais n’auront pas à se présenter aux urnes avant la date prévue du scrutin, soit le 3 novembre 2025.
« Bien sûr que nous sommes déçus, nous voulions avoir une chance de présenter une nouvelle solution de rechange aux Yukonnais et d’offrir du changement. Malheureusement, les gens qui souhaitent ce changement devront attendre encore deux ans », indique Currie Dixon.
Il craint que les mesures présentées dans l’accord n’ajoutent un poids financier sur les épaules, notamment, du secteur privé et des petites entreprises locales.
Un accord comparable à celui du fédéral
Selon le directeur de l’Institut d’études canadiennes de l’Université McGill, Daniel Béland, un tel accord n’est pas propre au Yukon. Il existe également à Ottawa entre le Parti libéral de Justin Trudeau et le Parti néo-démocrate de Jagmeet Singh.
« Mais ça, c’est une situation différente de ce qu’on voit à Ottawa, où il n’y a pas d’égalité entre les libéraux et les conservateurs. Les libéraux ont quand même plus de sièges », indique Daniel Béland.

À l’inverse, au Yukon, le gouvernement se compose d’un nombre égal de députés du Parti libéral et du Parti du Yukon, l’opposition officielle, ainsi que de trois députés du Nouveau Parti démocratique. Une alliance avec le NPD est donc la seule option pour que les libéraux puissent assurer leur maintien au pouvoir.
Daniel Béland rappelle toutefois que, puisqu’il s’agit d’une alliance législative et non d’une alliance de coalition qui permettrait aux deux partis de gouverner conjointement, le NPD demeure un parti d’opposition. Et cette situation s’applique autant à Ottawa qu’au Yukon.
« Le NPD au Yukon pourrait aussi adopter une telle approche, c’est-à-dire que, oui, on soutient le parti au pouvoir lors de votes importants, par exemple sur le budget, qui sont des votes de confiance. [Cependant] on va continuer à faire partie de l’opposition et, donc, à les critiquer si on n’est pas satisfait », dit-il en ajoutant que cela peut créer « une situation un peu ambiguë où on maintient un parti au pouvoir tout en continuant à le critiquer ».
Un texte de Sarah Xenos
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