La remédiation de la mine Giant à Yellowknife serait une occasion économique ratée
Le Conseil de surveillance de la mine Giant a exprimé ses inquiétudes, mercredi, sur le manque de vision et de planification du gouvernement territorial afin de maximiser les bénéfices provenant de l’assainissement de la mine Giant.
Ces inquiétudes ont été partagées avec les membres du Comité permanent du développement économique et de l’environnement, lors d’un breffage public sur l’économie de remédiation provenant de la mine Giant.
Selon le conseil, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest ne fait rien en ce moment pour s’assurer que les millions dépensés pour assainir le site de la mine Giant servent à contribuer à l’activité économique sur le long terme du territoire.
Au cours des 15 prochaines années, soit la durée de la remédiation, le produit intérieur brut des Territoires du Nord-Ouest augmentera d’environ 108 millions de dollars par année. De ce montant, environ 60 millions proviendront des revenus d’emploi.
Au total, ce sont près de 240 millions de dollars qui seront dépensés annuellement pour l’assainissement du site. Le coût total de l’assainissement de l’un des sites miniers les plus pollués du pays a été revu substantiellement à la hausse en 2022 pour se chiffrer à 4,38 milliards.
Le conseil, depuis sa création en 2015, exhorte les gouvernements fédéral et territorial à développer une vision et des plans, mais sans succès.
« Franchement, nous sommes déçus de la réponse du gouvernement du Canada et du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, et plus particulièrement du suivi de ces recommandations », dit David Livingstone, président du Conseil de surveillance de la mine Giant.
Il n’a pas mâché ses mots devant le Comité permanent, mené par le président suppléant Rylund Johnson, député de Yellowknife Nord. « Collectivement et individuellement, nous sommes très frustrés. Cela fait six, sept, huit ans que nous insistons sur ce point, et nous n’obtenons que du silence », mentionne-t-il.
« Suivre les flux d’argent »
Pour élaborer plus clairement son approche, le Conseil de surveillance a ajouté l’économiste Graeme Clinton à son conseil d’administration, afin d’analyser les entrées et sorties d’argent et mieux déterminer comment maximiser les bénéfices.
Pour lui, la facture de l’assainissement est telle qu’il est primordial de « suivre les flux d’argent ». C’est ce que font les économistes. On examine où l’argent va dans l’économie et où cet argent se rend ensuite, explique Graeme Clinton.
L’économiste reconnaît que le territoire ne peut pas retenir 100 % de cet argent dans l’économie locale, et qu’une partie sera dépensée ailleurs au pays. « Et la question qu’on pose au gouvernement territorial, c’est si 100 % ne sont pas possibles, qu’est-ce qui est possible? »
Pour le président du conseil, la croissance ne va pas se faire avec la création d’une économie de remédiation. « Elle va provenir d’une plus grande participation de la main-d’œuvre et des entreprises locales », dit David Livingston, en précisant que l’apport des gouvernements fédéral, territorial, municipal et autochtone est essentiel pour attirer, retenir et développer les capacités.
Retrouver l’enthousiasme d’avant
Le député de Frame Lake, Kevin O’Reilly, a demandé au conseil s’il était trop tard pour redresser le navire. Malgré ce portrait plutôt négatif dépeint par le Conseil de surveillance, il est encore possible de changer de cap, selon Graeme Clinton.
Pour cela, il faudrait que le territoire retrouve l’enthousiasme qu’il a eu, jadis, lors de l’ouverture des mines de diamants. À cette époque, il y a 25 ans, le territoire a beaucoup misé sur la formation de la main-d’œuvre et le développement économique local, ce qui lui a permis de contribuer à sa croissance, de la fin des années 1990 jusqu’en 2008.
« Toute cette énergie était impressionnante et a donné des résultats. « Il faut retrouver ce niveau d’enthousiasme et d’énergie qui nous a permis d’accomplir beaucoup de choses il y a 25 ans, car on en a encore besoin aujourd’hui », conclut-il.