Des liens entre le réchauffement de l’Arctique et les conditions météorologiques hivernales extrêmes
Une équipe internationale de scientifiques a entrepris d’examiner la relation entre les hivers plus froids dans l’hémisphère Nord et la fonte de la glace de mer dans la région arctique. Elle a découvert que la baisse des températures hivernales en Asie de l’Est et en Amérique du Nord s’accompagne généralement d’un réchauffement des températures de l’océan Arctique.
Dans leur étude publiée dans la revue npj Climate and Atmospheric Science, les experts dirigés par l’Institut des sciences et technologies de Gwangju, en Corée du Sud, ont examiné des données climatiques historiques. Il se sont ainsi tournés vers des modèles de projection climatique pour explorer le lien potentiel et évaluer comment ce phénomène pourrait être influencé par différents scénarios de réchauffement planétaire.
C’est sur la base des données climatiques du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme – remontant à près de 40 ans – que les chercheurs ont établi une corrélation entre les températures hivernales en Asie de l’Est et en Amérique du Nord et les températures de la mer de Barents-Kara et de la mer de Sibérie orientale et des Tchouktches dans la région arctique.
Outre l’observation de la baisse des températures hivernales en Asie de l’Est et en Amérique du Nord qui s’accompagne généralement d’un réchauffement des températures de l’océan Arctique, les scientifiques ont également constaté que certains hivers (comme en hiver 2017/2018 en Asie de l’Est) n’étaient pas conformes à cette tendance, ce qui suggère que ce lien inclut une incertitude probablement due à des facteurs autres que les températures de l’océan Arctique.
L’étude indique que la corrélation entre la température de l’océan Arctique et les températures de l’Asie de l’Est devenait plus incertaine avec l’intensification du réchauffement climatique.
« Nous avons remarqué que la relation entre le réchauffement de l’Arctique et les phénomènes météorologiques froids aux latitudes moyennes deviendrait plus incertaine sous des climats plus chauds, ce qui remettrait en question la prévision des températures hivernales à l’avenir », souligne M. Yungi Hong, chercheur et membre de l’équipe de scientifiques derrière l’étude.
Des vagues de froid plus fréquentes
Les experts rappellent que pendant que l’Arctique se réchauffe à un rythme deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, les hivers dans les régions de latitude moyenne ont connu des événements météorologiques plus froids et plus graves.
L’étude donne en exemple l’hiver 2022-2023 qui a été marqué par des températures froides et des chutes de neige record au Japon, en Chine et en Corée. De même, de nombreuses régions d’Eurasie et d’Amérique du Nord ont connu de graves vagues de froid, avec d’importantes chutes de neige et des périodes prolongées de températures inférieures à zéro.
« Notre étude montre que si l’on peut s’attendre à ce que les vagues de froid déclenchées par le réchauffement de l’Arctique dans les latitudes moyennes persistent dans un avenir plus chaud, elles deviendront plus difficiles à prévoir », déclare Jin-Ho Yoon, professeur à l’Institut coréen des sciences et technologies de Gwangju.
Les résultats de cette étude soulignent l’importance de poursuivre les efforts visant à mieux comprendre les interactions entre le réchauffement de l’Arctique et le climat des latitudes moyennes, afin de trouver d’autres moyens de prévoir les phénomènes météorologiques hivernaux extrêmes à venir.
Avec les informations de l’Institut des sciences et technologies de Gwangju
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