Une première formation en soins infirmiers voit le jour au Nunavik, dans le Grand Nord canadien

L’initiative vise notamment à faire face à la pénurie de main-d’œuvre dans la région. (Archives/Getty Images)
Quatre étudiantes prennent part à la toute première formation en soins infirmiers, donnée directement au Nunavik, dont le but est d’inclure davantage les Inuit parmi les travailleurs de la santé de la région.

Maggie Saunders est l’une des quatre étudiantes de cette première cohorte. Depuis septembre, ses camarades et elle suivent des cours de mise à niveau en science avant de commencer les cours plus spécifiques en soins infirmiers, à l’automne prochain.

« J’ai choisi de me lancer parce que je veux aider les aînés qui ne parlent pas l’anglais […] Cela met les patients plus à l’aise de pouvoir communiquer dans leur langue », explique Maggie Saunders.

Cette mère de famille travaille déjà depuis huit ans comme préposée aux bénéficiaires au centre pour aînés de Kuujjuaq.

Maggie Saunders souhaite continuer son travail auprès des aînés de sa communauté. (Félix Lebel/Radio-Canada)

Elle songe depuis longtemps à une carrière d’infirmière, mais l’idée de devoir quitter sa communauté pour étudier dans le sud du Québec était impensable.

Dès l’annonce du programme à Kuujjuaq, elle a sauté sur l’occasion.

« C’est difficile pour les étudiants de partir vers le sud. J’adore ce programme parce que c’est chez nous, au Nunavik! […] Cela va permettre d’avoir plus d’infirmières inuit, et on en a besoin », ajoute-t-elle.

La possibilité d’étudier sans quitter sa région natale est aussi ce qui a motivé Irquasiaq Mina à s’inscrire au programme. Il s’agit pour elle d’un retour aux études, ce qui comporte son lot de défis.

Les quatre étudiantes suivent pour le moment des cours de mise à niveau en science avant d’entreprendre le programme en soins infirmiers, d’une durée de trois ans et demi. (Félix Lebel/Radio-Canada)

« C’était frustrant au début, parce que j’avais de la difficulté à me souvenir des formules depuis mes études secondaires. Maintenant, je m’en sors beaucoup mieux et je suis contente », dit-elle.

Freiner le roulement de personnel

Le Nunavik doit faire face non seulement à la rareté de main-d’œuvre, mais aussi à un important taux de roulement parmi le personnel infirmier, dont la durée moyenne d’emploi est de 18 mois dans la région.

C’est dans le but de freiner cette tendance que la Régie régionale de santé et de services sociaux du Nunavik (RRSSSN) a mis sur pied cette formation en soins infirmiers.

La Régie souhaite employer davantage la main-d’œuvre locale dans les dispensaires et les hôpitaux de la région. (Eilís Quinn/Archives/Regard sur l’Arctique)

« La confiance est vraiment un facteur important dans les soins et, effectivement, quand c’est toujours de nouveaux visages, il y a une moins grande confiance, c’est certain », indique l’agente de gestion du personnel à la RRSSSN, Stéphanie Benoit.

Cette dernière s’est donc associée au Cégep de Saint-Félicien et à la Commission scolaire Kativik pour créer un parcours adapté à la réalité du Nord.

« On ne peut pas trop déroger, mais on peut adapter la formule pédagogique […] On va s’assurer de donner des exemples concrets dans les cours que les étudiantes vont pouvoir comprendre et appliquer dans leur quotidien », explique la conseillère pédagogique du Cégep de Saint-Félicien, Danielle Bergeron.

La région ne dispose toutefois pas d’infrastructures réservées à l’apprentissage des soins infirmiers, comme des laboratoires équipés de faux lits d’hospitalisation.

Les futures infirmières vont donc passer plus de temps directement en milieu hospitalier. Cela leur permettra d’acquérir rapidement une expérience de terrain.

La plupart des lieux d’enseignement des soins infirmiers du sud du Québec disposent de mannequins sophistiqués pour peaufiner l’apprentissage des étudiants. (Mario Mercier/Archives/Radio-Canada)

« Ce n’est pas quelque chose qu’on pourrait faire dans le sud avec 15 étudiantes. Mais, en ayant un petit groupe de quatre, ça facilite ce type d’apprentissage là », ajoute Danielle Bergeron.

Malgré cette adaptation du cursus scolaire, les organisateurs assurent que les futures infirmières seront tout aussi qualifiées que si elles avaient été formées dans le sud du Québec.

Même si la première cohorte n’en est qu’à son année préparatoire, cette formation suscite de grands espoirs et beaucoup d’intérêt dans la région.

Elle est vue par plusieurs comme une réelle occasion d’inclure plus les Inuit dans le milieu de la santé du Nunavik et, surtout, d’améliorer son autonomie en main-d’œuvre qualifiée.

Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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