Festival de danse Dakwäkäda : l’occasion de célébrer la culture des Champagne et Aishihik
Tout le week-end, les Premières Nations Champagne et Aishihik ont été les hôtes d’un festival de danse regroupant des troupes de partout au Yukon, à Haines Jonction. C’était également l’occasion pour la communauté de célébrer la mise à l’eau d’un canot de cèdre sculpté, un projet qui a pris plusieurs années à se réaliser.
Cette année était particulièrement spéciale pour les Premières Nations qui avaient plusieurs raisons de festoyer. Non seulement c’était la 5e édition du festival, mais également le 30e anniversaire de la signature de l’accord-cadre communément connu comme l’Umbrella Final Agreement, ainsi que le 31e anniversaire de la troupe de danse Dakwäkäda.
« Nous sommes enchantés de pouvoir célébrer chacune de ces étapes importantes avec la même intensité qu’avant la pandémie et de le faire en compagnie de nos amis et de nos familles de partout dans le Nord », écrivait la cheffe des Premières Nations Champagne et Aishihik, Barb Joe, dans un communiqué.
En plus des spectacles de danse, les visiteurs ont pu assister à des ateliers pour apprendre à confectionner des pendentifs en bois d’orignal ou des sacs de médecine perlés, une dimension du festival tout aussi importante que la danse, selon Rose Kushniruk, l’une des organisatrices.
« C’est notre responsabilité de continuer dan k’e, nos savoirs traditionnels, afin de guérir et de redonner du pouvoir à notre communauté et ce n’est que l’une des manières de le faire », explique-t-elle.
Le nom du festival, Da Kų Nän Ts’étthèt, signifie d’ailleurs notre maison qui réveille la terre, qui réveille le territoire.
Plusieurs grands chapiteaux ont été installés à l’arrière du centre culturel Da Ku, mais c’est plus bas, près du feu, que beaucoup de visiteurs ont été attirés par le son profond d’un tambour, comme un tonnerre qui gronde. « C’est un bon bruit de fond. Je l’appelle le battement de cœur de notre peuple », indique Tim Ackerman, debout à côté du grand tambour de bois qu’il a lui-même construit.
« J’ai rapporté ce type de boîte de résonance dans la région puisqu’il n’y avait plus personne pour nous enseigner quoi que ce soit sur elle, alors c’est vraiment par essais et erreurs que j’ai construit celui-ci », raconte-t-il.
Un nouveau canot de cèdre sur l’eau
Un peu plus loin, sur la plage du lac Pine, la communauté s’est rassemblée parmi les baigneurs et les vacanciers pour inaugurer un tout nouveau canot sculpté dans le cèdre. Un projet qui a débuté il y a plusieurs années, mais qui a subitement été ralenti avec l’arrivée de la pandémie.
Le maître sculpteur Wayne Price est originaire de l’Alaska. La traversée de la frontière afin de sculpter ce qui était au départ un tronc d’arbre de plus de 6000 kilogrammes a été difficile.
La communauté était donc d’autant plus heureuse de souligner, par des chants et des danses, la première mise à l’eau du canot qui a été nommé : ramener l’esprit. Les copeaux de bois issus du tronc ont d’ailleurs servi à alimenter le feu tout au long du festival.
« Chaque copeau représente une vie qui a été perdue à cause de la drogue et de l’alcool dans les communautés. Et de tous les copeaux qui ont été créés, c’est un foyer et une famille brisée qui est représentée », dit de façon imagée le sculpteur.
Inaugurer le canot avec des prières, des chants et des danses était donc une bonne manière de faire, soutient de son côté Rose Kushniruk.
Sarah Xenos