Une nouvelle étude tire la sonnette d’alarme sur les « polluants éternels » en Arctique

Ittoqqortoormiit ou Illoqortormiut, anciennement connu sous le nom de Scoresbysund, est une localité de la municipalité de Sermersooq, dans l’est du Groenland. (iStock)
Les composés perfluorés (PFAS) sont des produits chimiques fabriqués par l’homme et utilisés dans de nombreuses industries, notamment les textiles, les tapis, les chaussures, les emballages alimentaires, les cosmétiques, les mousses anti-incendie et les pesticides.

Ces substances ont été découvertes à des niveaux très élevés chez l’homme dans des communautés de chasseurs du Grand Nord, à des milliers de kilomètres de la source, ce qui inquiète grandement les experts de l’Université de Winnipeg.

Leur étude récemment publiée dans la revue Lancet Planetary Health indique qu’environ 92 % des habitants d’Ittoqqortoormiit, au Groenland, présentent dans leur organisme des niveaux dangereux de PFAS, surnommés les « polluants éternels ».

« Ces niveaux constituent un risque sérieux pour la santé et dépassent les limites de sécurité récemment établies par l’Autorité européenne de sécurité des aliments », explique Jean-Pierre Desforges, professeur adjoint d’écotoxicologie et de stress animalier à l’Université de Winnipeg.

L’étude rappelle que les PFAS constituent un groupe complexe de milliers de produits chimiques industriels et commerciaux très persistants. Ces produits chimiques se décomposent très lentement, ce qui leur vaut d’être qualifiés de « produits chimiques éternels ».

Le document souligne que les recherches montrent que les PFAS sont de plus en plus associés à un large éventail de problèmes de santé, allant du cancer à la toxicité pour la reproduction, en passant par les troubles du métabolisme et les effets sur le système immunitaire.

De son côté, l’étude de l’Université de Winnipeg confirme que les PFAS ont été transportés vers l’Arctique par l’atmosphère et les courants océaniques à partir des zones industrialisées. « Une fois dans l’environnement arctique, ils s’incorporent dans la chaîne alimentaire et atteignent des niveaux élevés chez les prédateurs supérieurs tels que les phoques annelés, les baleines à dents et les ours polaires », note le document.

Les communautés nordiques, premières victimes des polluants industriels

Les chercheurs indiquent également que la population autochtone de l’est du Groenland consomme des animaux qui contiennent des concentrations élevées de PFAS. « Nos résultats confirment que ces substances sont présentes dans le monde entier chez l’homme et dans la faune, et qu’ils atteignent souvent des niveaux qui devraient susciter une certaine inquiétude quant à d’éventuels effets négatifs sur la santé. »

M. Desforges ajoute que les PFAS, comme d’autres polluants organiques persistants, ne se décomposent pas facilement dans l’environnement et peuvent donc être transportés sur de longues distances par l’air et l’eau jusqu’à des régions éloignées des sources initiales de rejet dans les régions industrielles et urbanisées.

Les communautés nordiques sont parmi les plus exposées aux effets des PFAS sur la santé. Cela illustre l’inégalité environnementale que vivent les populations arctiques éloignées. Elles sont maintenant les victimes les plus touchées par les polluants industriels, précise le professeur qui a contribué à l’étude.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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