Un possible port concurrent à la baie d’Hudson n’enchante pas des dirigeants de Churchill

Le port de Churchill est le seul port arctique en eau profonde d’Amérique du Nord. (Radio-Canada)

Dans le nord du Manitoba, le gouvernement progressiste-conservateur examine la possibilité de construire un nouveau port le long de la côte de la baie d’Hudson. Des dirigeants de Churchill s’opposent à ce projet.

Le 4 août dernier, soit la veille de la période de silence préélectorale, le gouvernement de Heather Stefanson s’est engagé à verser 6,7 millions de dollars pour financer une étude de faisabilité pour la construction d’un corridor de transport qui desservirait un nouveau port dans la baie d’Hudson.

Ce corridor, connu sous le nom de NeeStaNan, pourrait être utilisé pour l’expédition de bitume, de gaz naturel liquéfié, de potasse et d’autres produits dans l’océan Arctique, a déclaré le gouvernement par communiqué de presse.

D’après le ministre manitobain du Transport et de l’Infrastructure, Doyle Piwniuk, on ne peut pas dire avec certitude que le port de Churchill restera le meilleur endroit pour expédier des marchandises dans la baie d’Hudson « pour les 50 à 100 prochaines années ». Il estime que cela vaut la peine de chercher un autre endroit.

Mike Spence, le maire de Churchill, estime qu’il s’agit d’une annonce déroutante.

Ce dernier est aussi le président du conseil d’administration d’Arctic Gateway Group, une coalition de communautés nordiques autochtones qui possède le chemin de fer de la baie d’Hudson et le port de Churchill.

Le maire de Churchill, Mike Spence, estime que la décision de la province de financer une étude de faisabilité pour un second corridor commercial de la baie d’Hudson sème la confusion.

Le maire de Churchill, Mike Spence, estime que la décision de la province de financer une étude de faisabilité pour un second corridor commercial de la baie d’Hudson sème la confusion. (Radio-Canada/Bartley Kives)

En août dernier, le Manitoba s’est engagé à verser 73 millions de dollars pour la modernisation du chemin de fer Hudson Bay Railway Company. Cet engagement est appuyé par une enveloppe de 60 millions du gouvernement fédéral pour assurer le succès du chemin de fer et du port de Churchill en tant que voie de navigation internationale.

Un an plus tard, Doyle Piwniuk estime que le port de Churchill pourrait plutôt servir de port régional plutôt qu’international.

« Nous avons des trains qui passent par là. Nous avons beaucoup d’approvisionnement qui monte vers le nord jusqu’à Churchill et cela peut demeurer un centre de distribution », affirme M. Piwniuk.

« C’est l’occasion d’examiner le passage d’autres ressources naturelles par la baie d’Hudson. Cette étude de faisabilité examinera le meilleur endroit pour établir ce port », ajoute-t-il.

Port Nelson : vers l’aboutissement d’un projet avorté?

D’après son site Internet, NeeStaNan préconise Port Nelson, du côté nord de l’estuaire du fleuve Nelson, comme terminus du chemin de fer.

À l’époque de la construction du chemin de fer de la baie d’Hudson, Port Nelson devait initialement devenir le port commercial de la région. Le projet portuaire avait cependant été abandonné en 1918 en raison de l’envasement du fleuve Nelson et de problèmes de main-d’œuvre pendant la Première Guerre mondiale.

Le chemin de fer a finalement été redirigé vers Churchill, où le port a été inauguré en 1931.

Mike Spence trouve que le fait que la province songe à remplacer le port de Churchill est « décevant. »

« Nous n’étions pas satisfaits de cette déclaration », a-t-il indiqué lors d’une entrevue au Seaport Hotel de Churchill, dont il est propriétaire.

D’après lui, Arctic Gateway progresse dans la réalisation de ce que la province envisage de faire ailleurs.

Une affiche appelant à soutenir le port de Churchill a été apposée dans le hall du Seaport Hotel, un établissement appartenant au maire.
(Radio-Canada/Bartley Kives)

« Nous sommes prêts à faire des affaires et nous y parviendrons. [Port Nelson] n’a pas marché auparavant, et cela va être très difficile d’envisager cette possibilité à l’avenir », estime-t-il.

D’après Brendan McEwen, propriétaire d’une entreprise d’écotourisme, le port de Churchill devrait recevoir deux navires de ravitaillement et un navire de croisière durant la saison.

La Ville de Churchill est, d’après lui, impatiente d’y voir plus d’activités, même si cela veut dire qu’Arctic Gateway devra faire d’importants investissements dans la modernisation du port datant de 92 ans.

« C’est beaucoup moins de travail que de draguer Port Nelson », lance-t-il à la blague.

Pour certains spécialistes, le fait d’expédier des combustibles fossiles le long du chemin de fer et de la côte de la baie d’Hudson est inquiétant.

« C’est un écosystème très fragile », affirme Ryan Brook, professeur à l’Université de la Saskatchewan.

« En tant que société, nous devons prendre des décisions et particulièrement les gens du Nord. Voulons-nous vraiment nous concentrer sur le tourisme ou voulons-nous développer le secteur du gaz naturel liquéfié », demande-t-il.

Avec les informations de Bartley Kives

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