Grand Nord canadien : des précipitations forcent des évacuations d’un parc national du Nunavut

En raison de fortes précipitations et du ruissellement de glaciers, la division de Parcs Canada au Nunavut a interdit aux visiteurs l’accès à la majeure partie du col Akshayuk, dans le parc national Auyuittuq, près de la communauté de Pangnirtung. La fermeture de cette vallée a forcé l’évacuation de randonneurs par hélicoptère.
Depuis le 21 août, les visiteurs ne sont plus autorisés à traverser la portion de la vallée du col Akshayuk entre le lac Crater et le fjord North Pangnirtung. Les bénéficiaires inuit du Nunavut en sont toutefois exemptés.
« Au cours des dernières semaines, il y a eu de nombreuses précipitations dans le sud de l’île de Baffin ainsi que dans le secteur de Pangnirtung et du col [Akshayuk] », explique la responsable de la conservation des ressources de l’Unité de gestion de Parcs Canada au Nunavut, Caryn Smith.

Selon Caryn Smith, les risques d’éboulements, d’inondations et de glissements de terrain étaient devenus trop élevés et présentaient un danger pour les randonneurs. « Ces précipitations ont considérablement augmenté le niveau de l’eau, rendant les traversées des rivières dangereuses et infranchissables. »
Elle indique que dès jeudi tous les visiteurs avaient pu quitter le parc national ou sortir du secteur fermé pour attendre d’être évacué par hélicoptère. « Ils se portent tous bien et ils sont en sécurité maintenant. »
Caryn Smith affirme que cela faisait plusieurs années que Parcs Canada n’avait pas été contraint de fermer une partie du col Akshayuk en raison des conséquences des conditions météorologiques. Cela était arrivé en 2008 et en 2011.

Situé dans l’est de l’île de Baffin, le parc national Auyuittuq attire chaque année plusieurs centaines de visiteurs friands de plein air. Ces derniers s’y rendent principalement pour traverser la vallée du col Akshayuk, une randonnée d’une centaine de kilomètres entre les communautés de Pangnirtung et de Qikiqtarjuaq.
Le parc abrite notamment les monts Thor et Asgard, des sommets culminant respectivement à plus de 1600 et 2000 mètres. Cette année, près de 200 personnes ont visité le parc national, selon un employé du bureau de Parcs Canada à Pangnirtung.

Des randonneurs écourtent leur périple
Rencontré à Pangnirtung, Brys Stafford avait fait le voyage depuis Whitehorse pour entreprendre la traversée du parc national avec quatre amis. Les randonneurs ont pris connaissance de l’avis de fermeture après que leurs contacts d’urgence ont communiqué avec eux grâce à leurs appareils GPS portables.
Lors de leur troisième journée de randonnée, mardi, un hélicoptère est venu les rejoindre directement pour leur donner des détails. « Je pensais qu’ils allaient nous évacuer directement à Pangnirtung, mais ils nous ont donné plusieurs options », relate-t-il. « L’une d’entre elles était de nous déplacer vers un secteur plus sécuritaire du parc, et c’est ce que nous avons décidé de faire. Nous avons ainsi pu passer quelques autres jours dans le parc. »

Pendant que des visiteurs quittaient le parc, dimanche, d’autres se préparaient à s’y aventurer. C’est notamment le cas de Mo Wang et de Flora Roussell, deux touristes de Montréal qui chérissaient depuis un an et demi le rêve d’atteindre le cercle polaire arctique.
Accompagnées d’une guide, les jeunes femmes se rendront jusqu’au lac Crater qui correspond à la limite actuelle autorisée par Parcs Canada. « Environ les deux tiers de notre randonnée vont pouvoir être encore faisables », explique Flora Roussell.
Les touristes étaient soulagées de pouvoir maintenir leur voyage, bien que légèrement déçues qu’il ne leur soit pas actuellement possible d’aller au-delà du lac Crater. « En même temps, on comprend que c’est la nature. On ne peut pas tout contrôler donc il faut s’adapter à la situation », indique Mo Wang.
L’interdiction est en vigueur jusqu’à nouvel ordre, selon Parcs Canada. Les visiteurs qui enfreignent le règlement s’exposent à une amende pouvant aller jusqu’à 100 000 $.
Avec des informations d’Alysia Toonoo
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