Une étude à long terme de la chimie des rivières révèle l’évolution de l’Arctique
Une équipe de scientifiques de l’Université d’État de Floride a contribué à découvrir comment l’évolution de la chimie de l’eau dans les rivières arctiques pourrait avoir un impact sur l’ensemble de la planète.
Dans l’étude publiée récemment dans la revue spécialisée Nature Geoscience, l’expert Robert Spencer et les membres de son équipe ont tenté de comprendre comment les rivières de l’Arctique réagissent au réchauffement climatique. Ils se sont également penchés sur les effets des changements climatiques sur les composés chimiques de la région.
« L’Arctique se réchauffe plus rapidement que n’importe où ailleurs sur Terre, ce qui entraîne toute une série de changements allant du dégel du pergélisol, qui mobilise du carbone stocké depuis longtemps, à des changements dans la végétation, en passant par le traitement des nutriments et du carbone dans les rivières », déclare le scientifique.
Pour mener à bien leurs recherches sur l’impact de l’homme sur les cycles chimiques de la Terre, les experts ont parcouru le monde. « Tout cela se reflète dans les échantillons d’eau que nous prélevons dans ces grands fleuves de l’Arctique », dit M. Spencer.
L’étude indique que les observations se sont étalées sur une période de près de deux décennies, de 2003 à 2019. Elles se sont focalisées sur les grands fleuves arctiques, notamment les fleuves Ob, Ienisseï, Mackenzie, Lena, Kolyma et Yukon, qui constituent des liens essentiels entre les vastes terres arctiques et la mer.
Le document souligne que les produits chimiques transportés par les fleuves révèlent ce qui se passe dans leurs bassins hydrographiques, « un peu comme une analyse sanguine effectuée par un médecin sur un patient », notent les experts.
L’étude s’est intéressée de près à la composition chimique de ces rivières en examinant une série de paramètres, dont le carbone organique dissous, l’alcalinité et les nitrates. Les chercheurs ont constaté que certains acteurs clés de cette composition chimique sont en train de changer.
Par exemple, l’alcalinité, qui peut révéler comment les roches s’altèrent, se décomposent et modifient l’acidité de l’eau, a augmenté. « Cela signifie qu’il y a plus d’altérations dans les bassins versants. »
Quant au nitrate, un nutriment pour les plantes et les animaux, il a diminué. Cela pourrait « nuire à l’équilibre » de la vie dans les océans reliés à ces rivières.
Les modifications de la composition chimique des rivières ont des répercussions sur l’ensemble de la planète, ajoute M. Spencer. « Les modifications de la composition chimique de ces rivières pourraient se répercuter sur l’ensemble du système océanique. »
De plus, précise l’expert, les changements dans les rivières peuvent changer la quantité de dioxyde de carbone rejetée dans l’air et la croissance des plantes et des animaux dans l’océan.
« Des projets à long terme dépassant les frontières internationales comme celui-ci sont vraiment nécessaires pour que nous puissions comprendre non seulement comment l’Arctique change, mais aussi à quel rythme », conclut M. Spencer.
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