Vaste opération de dénombrement aérien de cétacés dans l’est du Nunavut

Au mois d’août, une équipe de Pêches et Océans Canada a procédé au dénombrement de cétacés dans l’est du Nunavut, ce qui doit notamment orienter les quotas de chasse. (Photo : Bryanna Sherbo)

Par Matisse Harvey

Une équipe de scientifiques du ministère des Pêches et des Océans a récemment complété une vaste opération de dénombrement aérien dans l’est du Nunavut pour estimer l’abondance de cétacés. Cela faisait 10 ans qu’un dénombrement photographique de ce type avait été effectué dans la région.

Ce recensement s’est concentré sur les populations de narvals, de bélugas, de baleines boréales et d’orques.

Durant un peu plus de trois semaines, les équipes ont survolé les eaux avoisinant la station météorologique Eureka, sur l’île d’Ellesmere, et huit communautés de l’est du Nunavut : Resolute Bay, Grise Fiord, Taloyoak, Arctic Bay, Pond Inlet, Clyde River et Pangnirtung.

La communauté de Qikiqtarjuaq devait aussi faire partie du lot, mais une pénurie de carburant dans la communauté a empêché les scientifiques de s’y rendre.

Une carte montrant les différents secteurs que les scientifiques de Pêches et Océans Canada ont survolés dans l’est du Nunavut durant leur dénombrement des cétacés. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Les équipes étaient composées de personnel du ministère des Pêches et des Océans et de membres des collectivités situées à proximité des régions survolées. Leur travail consistait à prendre des clichés sur des transects, des lignes virtuelles, avec des appareils photo installés dans la cabine de quatre avions de type bimoteur.

Nous avons de nombreuses photos à analyser, affirme Bryanna Sherbo, technicienne en sciences aquatiques pour Pêches et Océans Canada. Entre le 8 et le 30 août, elle estime que son équipe a recueilli entre 12 000 et 24 000 photographies.

Chaque avion avait de deux à trois appareils photo installés au sol de la cabine. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Quotas de chasse

Bryanna Sherbo explique qu’il était devenu important d’avoir des données plus récentes sur les populations de cétacés. Ce type de dénombrement oriente notamment les limites établies dans des quotas de chasse.

«Afin d’avoir des quotas appropriés, nous avons besoin de données appropriées sur l’abondance de mammifères marins au sein des populations de l’Extrême-Arctique», dit-elle.

La technicienne en sciences aquatiques pour Pêches et Océans Canada, Bryanna Sherbo. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Le dernier dénombrement similaire, qui remonte à 2013, a permis d’estimer l’abondance de narvals dans la baie de Baffin, entre le Nunavut et le Groenland, ainsi que dans les détroits de Jones, au nord de l’île Devon, et de Smith, à l’est de l’île d’Ellesmere.

Plutôt que de procéder au recensement des cétacés dans plusieurs régions à différents moments, le dénombrement a été mené de manière simultanée, indique Bryanna Sherbo. Nous aurons ainsi une meilleure idée du nombre total réel de cétacés.

Un sujet controversé

Le dénombrement de certains cétacés cause toutefois des désaccords. C’est notamment le cas des bélugas de la baie Cumberland, près de Pangnirtung.

La population de bélugas de cette région est actuellement inscrite dans la Loi sur les espèces en péril du Canada comme une espèce menacée, mais le ministère fédéral de l’Environnement étudie la possibilité de la classer comme une espère en voie de disparition, à la suite d’une recommandation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).

Une vue aérienne de bélugas près de l’île Somerset, dans le nord du Nunavut. (Photo : Bryanna Sherbo)

Or, des chasseurs affirment qu’il existe non pas une, mais deux populations distinctes de bélugas dans la baie de Cumberland. Plusieurs d’entre eux considèrent aussi que les bélugas de cette région se portent mieux que ce que laisse entendre le gouvernement fédéral. Nous avons beaucoup de bélugas dans la baie Cumberland, soutient le président de l’Association des chasseurs et des trappeurs de Pangnirtung, Simeonie Keenainak.

Il craint surtout que ce récent dénombrement de Pêches et Océans Canada mène à une baisse des quotas de chasse, qui avoisine les 40 bélugas par année dans cette région, indique-t-il. Je sais qu’ils vont nous dire que les nombres ont chuté, affirme Simeonie Keenainak. À chaque dénombrement, c’est ce qu’ils nous disent. Je sais que ce n’est pas le cas.

Avant de savoir combien de cétacés ont été recensés, les scientifiques doivent encore passer en revue les images pour déterminer le nombre et les types de cétacés qui s’y trouvent, ce qui exigera plusieurs mois de travail. Par la suite, Bryanna Sherbo indique que le ministère des Pêches et Océans sera en mesure de partager les données avec les communautés concernées.

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