Le pergélisol aura presque complètement disparu à Yellowknife en 2100
Selon Peter D. Morse, chercheur scientifique à la Commission géologique du Canada, les conséquences des feux de forêt sur le pergélisol aux T.N.-O. ne sont pas encore quantifiables.
«Les incendies de forêt ont un impact sur le pergélisol, mais les conséquences de ces incendies ne seront visibles que l’été prochain. C’est l’intensité des feux qui ont un impact sur le pergélisol», indique-t-il lors d’une entrevue.
La végétation présente au sol constitue normalement une couche de protection du pergélisol. Alors que plus de 3 millions d’hectares de forêts ont brûlé à ce jour aux T.N.-O., cette protection naturelle a disparu, ce qui accélère le processus de fonte du pergélisol.
Le processus de rétablissement du couvert forestier peut prendre plusieurs années, voire des décennies. De plus, si les feux sont d’une intensité telle que la couche supérieure du pergélisol se transforme en étang, le pergélisol de cette zone sera plus durement touché sur une période plus longue.
D’ici 2100, il faut s’attendre à voir une disparition complète du pergélisol autour de Yellowknife d’après M. Morse.
«Les incendies de forêt vont accélérer la dégradation complète du pergélisol dans la région de Yellowknife au début du prochain siècle», précise-t-il.
De 67 % à 2 % d’ici 2100
En novembre 2015, une étude s’est penchée sur les conséquences spatiotemporelles des incendies de forêt et du réchauffement climatique sur le pergélisol dans les régions subarctiques canadiennes. Cette étude indique que dans les T.N.-O., le réchauffement climatique est le principal facteur de réduction du pergélisol : l’étendue du pergélisol dans cette région passera de 67 % actuellement à 2 % d’ici 2100.
« Pour les zones brûlées, les incendies augmentent la réduction de surface du pergélisol jusqu’à 9 % en moyenne, jusqu’à 16 % pour les forêts, 10 % pour la toundra et les tourbières, et 4 % pour les tourbières basses. Les incendies accélèrent la disparition du pergélisol de 5 ans en moyenne,» peut-on lire en introduction du document.
La commission géologique du Canada dispose d’un réseau de sites dans tout le territoire qui fonctionne depuis près d’une décennie et qui est cogéré avec la Commission géologique des Territoires du Nord-Ouest.
« Nous prévoyons que plusieurs de ces sites ont brûlé, et donc une fois que nous serons autorisés à retourner aux Territoires du Nord-Ouest pour des travaux sur le terrain (à l’automne), notre équipe évaluera les dégâts et planifiera de réinstaller des instruments sur les sites et de collecter des données sur les changements qui se produisent sur le pergélisol», conclut-il.