Adaptation aux changements climatiques : une première stratégie pour le Nunavik

La société Makivvik a présenté, dans le cadre du congrès Adaptation future 2023, à Montréal, la plus récente version de sa Stratégie d’adaptation aux changements climatiques, la première du genre pour le Nunavik.
Philippe Leblanc-Rochette est coordonnateur en environnement à Makivvik. Il s’exprimait lors d’une conférence au sujet des innovations des gouvernements infranationaux afin d’intégrer les connaissances des communautés vulnérables dans l’adaptation, la planification et la prise d’action.
Pour Makivvik, le travail qui a mené à la deuxième version de la stratégie a commencé en novembre 2019. «On a fait un groupe de travail avec 26 membres des communautés de partout au Nunavik pour discuter des impacts des changements climatiques et des besoins en matière d’adaptation», raconte Philippe Leblanc-Rochette.

Au total, ce sont plus de 90 organisations nunavimmiut et acteurs du milieu qui ont été consultés pour créer la stratégie. «La culture et la manière de vivre inuit sont profondément ancrées dans l’environnement naturel. Les communautés du Nunavik sont donc particulièrement bien placées pour témoigner des impacts des changements climatiques», peut-on lire dans la stratégie.
Au fil des consultations, quatre piliers ont été déterminés pour renforcer la résilience du Nunavik aux changements climatiques. L’importance des communautés locales Un autre panéliste invité pour la conférence, Aldo Treville, du groupe de recherche de la Commission européenne, mentionnait pendant sa présentation que plus les actions sont posées à un niveau local, plus les chances de déboucher sur des actions concrètes sont grandes. Le coordonnateur en environnement à Makivvik estime que c’est exactement l’approche adoptée pour le développement de la stratégie. «On travaille vraiment avec les communautés locales. Les Inuit vivent beaucoup de leur territoire, de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Pour beaucoup d’entre eux, c’est leur principale source d’alimentation et ils sentent vraiment le besoin criant de s’adapter.» Concrètement, affirme Philippe Leblanc Rochette, les différentes communautés pourront s’approprier la stratégie «grâce à des objectifs à courts, moyens et longs termes». Une clé : la diversité des consultations Le représentant de Makivvik retient des présentations des cinq autres panélistes l’idée que la diversité des points de vue est une des choses les plus importantes pour une adaptation efficace aux changements climatiques. Il garde en esprit le discours de Dafne Mazo, du gouvernement du Pays basque espagnol, qui soutenait tout particulièrement que le point de vue féministe pour l’adaptation globale était capital. Philippe Leblanc-Rochette transpose le tout sur la réalité des Nunavimiut. «Par exemple, chez nous, on s’est rendu compte dans nos consultations que l’implication des jeunes était limitée et qu’il faut que tout le monde s’implique pour s’assurer que l’adaptation soit complète et homogène.» Alors que cet automne verra la fin de la tournée des communautés et des séances publiques d’information et de rétroaction, l’hiver 2024 devrait déboucher sur une troisième et dernière version de la stratégie. La création et l’établissement d’un comité régional sur les changements climatiques au Nunavik devraient ensuite avoir lieu. À lire aussi :