Cannabis : une consommation «spectaculaire» dans les territoires, selon une étude

Dans les territoires, plus de gens consomment du cannabis quotidiennement (et au travail), conduisent sous influence, ou consomment simultanément de l’alcool, que dans les provinces. (iStock)

Les premiers résultats d’une étude panterritoriale sur l’usage du cannabis, qui se poursuit par un sondage jusqu’au 31 octobre, montrent une utilisation spectaculaire.

«La prévalence de l’utilisation du cannabis dans les territoires est la plus haute que j’ai vue dans le monde, affirme le codirecteur de l’étude, David Hammond, de l’Université de Waterloo. C’est une découverte très importante. Nous avons besoin d’en apprendre plus sur le sujet. Avoir une autre année de données nous aidera à mieux comprendre le phénomène.»

Les études sur le cannabis au Nunavut, aux Territoires du Nord-Ouest et au Yukon ont été faites dans le cadre de l’International Cannabis Policy Study, qui porte aussi sur les provinces canadiennes, les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Elles ont pour objectif d’offrir aux décideurs locaux de l’information pour soutenir leurs futures politiques concernant le cannabis.

Rendus publics en août, les rapports Cannabis Policy Study in the territories sont assez exhaustifs, depuis les habitudes de consommation jusqu’à la publicité en passant par le lieu d’achat, la fumée secondaire et les motifs pour acheter sur le marché noir. On y fait des distinctions entre les capitales et le reste des juridictions.

Plus que dans les provinces

Dans les territoires, plus de gens consomment du cannabis quotidiennement, y compris au travail, conduisent sous influence, ou consomment simultanément de l’alcool, que dans les provinces.

Dans ce type de statistiques, le Nunavut tient le haut du pavé. Par exemple, 29 % des répondants y ont déclaré utiliser quotidiennement la substance, contre 21 % aux T.N.-O. et 18 % au Yukon. Les Nunavois sont plus nombreux que les Yukonnais et les Ténois à considérer que le cannabis légal est de moins bonne qualité.

Par-delà ce créneau de statistiques, on constate à la lecture des rapports que, quel que soit le territoire, un nombre sensiblement égal de consommateurs utilisent le cannabis pour soigner l’anxiété, la dépression, la douleur ou l’insomnie.

En 2022, plus de 2500 personnes ont participé à l’étude en ligne.

Des analyses à faire

Le Dr Hammond et son collègue et codirecteur, Eric Hobin, de la Santé publique de l’Ontario, se refusent à livrer une analyse finale de cette spécificité territoriale.

David Hammond, de l’Université de Waterloo (Ontario).

David Hammond note toutefois comme facteurs apparents de la prévalence l’éloignement, la température, la noirceur de l’hiver et l’héritage du traitement réservé aux Autochtones.

« Ce n’est pas spécifique au cannabis, dit-il, on le voit pour d’autres substances. C’est un fait très consistant à travers différentes études. »

La population des territoires est la plus jeune du Canada. Cette jeunesse pourrait être un élément de réponse. « Le profil d’âge plus jeune est très certainement un important facteur contributif, indique M. Hammond. Mais les taux de prévalence sont plus hauts même dans les autres groupes d’âge. »

Sondage en ligne

Le sondage en ligne est accessible jusqu’au 31 octobre. Les citoyens des territoires ont reçu ou recevront une carte postale avec des instructions sur la manière de le remplir, en français, en anglais, en inuktitut ou en innuinaqtun. Les réponses de citoyens de 16 ans et plus, qu’ils consomment ou non, sont souhaitées. Ceux et celles qui auront fait le sondage recevront un transfert électronique de 20 $.

Ses résultats seront partagés au début de 2024.

Ce second sondage reprend une partie des thèmes abordés précédemment afin de rendre compte du changement des perceptions à travers le temps, à travers les changements.

Évolution

« Le marché légal du Canada est tout nouveau, rappelle le codirecteur de l’étude. Chaque année, on voit de nouveaux produits, plus de magasins. Nous voulons savoir si les gens ont des problèmes de consommation, et si alors ils cherchent de l’aide parce qu’ils ont trop consommé, ont des effets secondaires […] L’utilisation est forte dans les territoires et les problèmes sont élevés. »

On veut aussi se pencher sur la perception de la sécurité d’acheter du cannabis dans les lieux autorisés, beaucoup plus positive dans les provinces.

Le processus de légalisation du cannabis est, pour David Hammond, une « conversation » à propos des rôles de la drogue et de la façon de réguler son usage tout en minimisant les problèmes qu’elles peuvent causer.

« Certains pensent que la légalisation a été une très bonne chose, d’autres y sont fortement opposés. Nous ne prenons pas position. Nous disons, voici l’information. »

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Denis Lord, L'Aquilon

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