Réaction prudente aux investissements contre la crise des opioïdes dans le Grand Nord canadien

Des roses et des chandelles ont été plantées dans la neige en mémoire aux personnes ayant perdu la vie, lors d’une veillée qui a pris place à Whitehorse, en 2022. (Anna Desmarais/Radio-Canada)
Dans son budget déposé la semaine dernière, le gouvernement du Yukon prévoit des investissements qui totalisent 1,4 million de dollars pour réduire l’impact de la crise des opioïdes sur le territoire et le nombre de décès. Selon une intervenante du milieu, il est cependant difficile de mesurer l’effet direct de cette enveloppe.

« Je pense que c’est difficile de quantifier ce qui est nécessaire sans savoir exactement ce à quoi les programmes ressembleront. Je pense aussi que certains changements essentiels ne sont pas forcément d’ordre financier », explique Brontë Renwick-Shields, directrice de Blood Ties Four Directions, un organisme qui promeut l’égalité sociale et des soins de santé.

Le gouvernement du Yukon a présenté quatre enveloppes totalisant 1,4 million de dollars pour contrer la crise des opioïdes. La plus grande part, soit 660 000 $, servira à « bonifier l’offre de services relatifs au mieux-être mental et à la consommation de substances ».

Un montant de 250 000 $ a aussi été alloué à un programme destiné aux jeunes aux prises avec une dépendance et 279 000 $ serviront à financer un programme d’approvisionnement sûr en opioïdes.

« Je suis heureuse de voir une augmentation du financement concernant la crise des opioïdes. Vu l’ampleur de la crise, on ne peut pas en faire trop et je pense qu’il faut mettre beaucoup d’accent sur ce problème », souligne néanmoins Brontë Renwick-Shields.

Elle rappelle également l’importance d’un approvisionnement de drogues autres que les opioïdes et surtout d’un approvisionnement sûr qui serait accessible sur l’ensemble du territoire yukonnais, puisque la crise ne se restreint pas à la capitale.

« Je pense que cette crise a un impact dans toutes les communautés du Yukon, y compris les communautés en dehors de Whitehorse. Alors, il est important que chaque solution amenée soit pour l’ensemble du territoire », dit-elle.

Une enveloppe de 217 000 $ sera également versée à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) afin de soutenir les « interventions liées à la consommation de substances ».

Sans savoir exactement de quoi il est question, la directrice de Blood Ties Four Directions espère que ce montant ne viendra pas renforcer la criminalisation des personnes qui utilisent des drogues, ajoutant que celle-ci augmente le risque de surdose.

Une crise qui s’accroît au Yukon

Au Yukon, 25 personnes ont perdu la vie en raison d’une consommation de drogues illicites en 2022, un nombre qui n’a cessé d’augmenter au fil des ans, le territoire ayant l’un des pires taux de décès par habitant au pays.

En 2023, le décès d’une personne a été confirmé et deux autres décès « semblent » également être dus à une surdose, mais le rapport de toxicologie et les résultats d’autopsie doivent le confirmer, selon le Service des coroners du Yukon.

« Même si ces chiffres sont plus bas que ce que nous avons pu observer l’année dernière, il est clair pour moi que le Yukon continue d’être touché par cette crise », écrit la coroner en chef, Heather Jones, dans une déclaration par courriel.

« Les décès liés à la consommation de drogues illicites continuent d’être une réalité déchirante au Yukon et l’engagement d’ajouter plus de ressources est certainement une indication d’un changement de mentalité. Je me dois de rester optimiste », dit-elle.

En janvier, le territoire a d’ailleurs marqué le premier anniversaire de sa déclaration d’état d’urgence sur l’usage des drogues illicites, qui a fait plus d’une soixantaine de victimes depuis 2019.

Un texte de Sarah Xenos

Radio-Canada

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