Quelles sont les priorités des candidats à la mairie d’Iqaluit?

Les trois candidats à la mairie d’Iqaluit : Vincent Yvon, Lili Weemen et Solomon Awa. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

La campagne municipale tire à sa fin dans les 25 collectivités du Nunavut. Lundi, les quelque 18 000 électeurs inscrits sur les listes officielles d’Élections Nunavut devront choisir un maire et des conseillers municipaux. À Iqaluit, trois candidats briguent le poste de maire. Tour d’horizon de leurs priorités.

Dans la capitale, le maire sortant par intérim, Solomon Awa, espère conserver son poste à l’issue du scrutin. Il a repris le flambeau de l’ex-maire Kenny Bell après sa démission soudaine en octobre 2022. Les autres candidats à la mairie sont les francophones Vincent Yvon et Lili Weemen.

Par ailleurs, 14 candidats sont dans la course pour former le prochain conseil municipal, composé de 8 sièges. Six d’entre eux sont des conseillers sortants qui se présentent à nouveau.

ICI Grand Nord s’est entretenu avec les trois candidats au poste de maire.

Q. Vous êtes-vous déjà présenté au poste de maire ou de conseiller aux élections municipales?

Solomon Awa : Il y a quatre ans, je me suis présenté comme conseiller municipal et j’ai été élu. Je suis devenu maire adjoint, puis maire par intérim.

Lili Weemen : Il y a quatre ans, je me suis présentée comme conseillère [municipale], mais je n’ai pas été chanceuse. Maintenant que je suis à la retraite, j’ai plus de temps pour m’occuper des citoyens.

Vincent Yvon : Aux dernières élections, je n’étais pas à Iqaluit.

L’ex-maire d’Iqaluit, Kenny Bell (au centre), et les conseillers municipaux lors d’une réunion d’urgence, le 12 août 2022. (PC/Dustin Patar)

Q. Quels sont votre emploi actuel et votre parcours professionnel?

Solomon Awa : Je travaille à temps plein pour l’Association inuit de Qikiqtani et me spécialise dans l’Inuit Qauijimajatuqangit [savoir traditionnel inuit, NDLR]. Je suis aussi maire à temps partiel.

Lili Weemen : Je suis ici depuis 2014. J’ai fait de la suppléance comme enseignante aux écoles primaires Nakasuk et Joamie. J’ai déjà travaillé dans le commerce de l’aéroport [et] dans divers organismes pour les personnes âgées ou aux prises avec des handicaps. Je suis à la retraite, j’ai plus de temps. Je fais du bénévolat à la banque alimentaire [de] la mosquée et je siège au conseil d’administration du Conseil de révision du Nunavut.

Vincent Yvon : Quand j’étais en France, j’étais boulanger-cuisinier. J’ai eu mon entreprise pendant quelques années. Puis, j’ai été élu [au conseil municipal] de Criel-sur-Mer, en Normandie. Ensuite, j’ai déménagé à Vancouver où j’ai trouvé un emploi de boulanger et […] de professeur de cuisine dans une école francophone. Vu le coût de la vie […], je me suis dit que ce n’était pas une vie. J’ai recommencé à zéro et je suis arrivé à Iqaluit comme nettoyeur chez C&K. Il y a quelques mois, on a essayé d’ouvrir Bayside Foods, un service de livraison de nourriture à domicile. Malheureusement, les clients n’étaient pas assez nombreux […] On a décidé d’arrêter.

J’ai été embauché au cargo chez Canadian North pour une seule rotation, puis j’ai postulé comme agent de bord et j’ai l’emploi depuis cinq mois.

L’hôtel de ville d’Iqaluit. (CBC/Nick Murray)

Q. Pourquoi avez-vous choisi de vous présenter?

Solomon Awa : J’ai appris qu’être maire est un excellent travail. C’est difficile, mais il permet de faire bouger les choses. Maintenant, je comprends les rouages du métier et j’ai décidé que je voulais le faire.

Lili Weemen : Pour servir le peuple. Il faut être à l’écoute des gens qui ont des besoins. Il y a eu beaucoup de maires qui sont passés avant moi, mais rien n’a changé. Je pense qu’il est temps qu’il y ait une ligne de communication entre le peuple et la mairie.

Vincent Yvon : C’est quelque chose que j’ai toujours aimé. J’aime me rendre utile pour la communauté. Quand je fais quelque chose, je le fais jusqu’au bout. Et puis, j’ai vu beaucoup de lacunes ici, surtout au niveau de la communication.

La capitale du Nunavut, Iqaluit, compte quelque 7500 habitants, soit environ le cinquième de la population du territoire. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Q. Si vous remportez l’élection, quelles seront vos priorités et quels dossiers comptez-vous faire avancer?

Solomon Awa : Je veux réduire les coûts de plusieurs services municipaux, comme [l’acheminement] de l’eau et des égouts. Ma deuxième priorité concerne le coût des services funéraires. De nombreuses personnes doivent faire des levées de fonds pour enterrer leurs êtres chers. Il devrait aussi y avoir plus d’activités pour les jeunes, ainsi qu’un comité récréatif pour les jeunes.

Lili Weemen : Le logement, l’eau, l’Internet et le téléphone fiables, la sécurité alimentaire, l’entretien des routes, les loisirs et les activités et l’équité […] Il faut faire le déneigement rapidement et il faut sabler les routes. Je pense que c’est important de conserver la neige pour recycler l’eau et laver les voitures.

Vincent Yvon : La priorité, c’est de trouver une solution durable pour le problème d’eau. Je pense qu’il faut une bonne communication avec le gouvernement territorial pour définitivement régler ce problème […] La deuxième priorité est de nettoyer la ville. [Il faut] trouver une meilleure façon d’avoir plus périodiquement un grand nettoyage de la ville. La troisième priorité est la communication. [Il faut] une transparence totale avec les habitants d’Iqaluit.

Durant l’été, de grands tuyaux servent à pomper de l’eau du lac Sans Nom vers le réservoir d’eau potable d’Iqaluit, le lac Geraldine. (BC/Kieran Oufshoorn)

Q. Entre les multiples états d’urgence, les niveaux d’approvisionnement faibles d’une année à une autre et la crise de l’automne 2021, l’enjeu de l’eau potable est important à Iqaluit. Quelles sont vos prochaines priorités en la matière, si vous accédez au poste de maire?

Solomon Awa : Nous ne pouvons plus construire des maisons, car notre quantité d’eau est limitée. Si nous pouvions accroître la quantité d’eau disponible, nous pourrions construire plus de logements, des commerces et ainsi dynamiser l’économie.

Lili Weemen : Le système de traitement de l’eau est quand même assez âgé. Il faut [le] réparer, mais entre-temps, il faut prévenir. Il faut acheter un autre système de traitement et recommencer. Il n’y a pas de manque d’eau dans ce pays. J’entends des idées farfelues comme aller au Groenland pour faire venir de l’eau […] Je pense que le lac Sans Nom est limité. On peut l’utiliser, mais il ne suffit pas. Je pense [qu’il faut construire] un canal relié à la rivière Sylvia Grinnell.

Vincent Yvon : La priorité immédiate est d’avoir un entretien avec le premier ministre du Nunavut pour savoir quelle est sa vision et de travailler ensemble sur une solution durable. Malheureusement, ce ne sera pas la Ville seule. Ce sera vraiment en ayant une très bonne communication avec le gouvernement territorial et fédéral.

Le lac Géraldine est le réservoir d’eau potable d’Iqaluit. (PC/Dustin Patar)

Q. Quels principaux défis entrevoyez-vous?

Solomon Awa : Il y aura de nombreux défis, mais le principal consistera à trouver une solution pour la crise de l’eau. L’entretien du réseau de distribution aérien d’eau sous coffrage en sera un autre, car ces tuyaux ne cessent de briser ces dernières années.

Lili Weemen : La qualité de la vie. On peut l’améliorer sans nécessairement dépenser autant d’argent qu’on croit.

Vincent Yvon : Le changement ne peut pas être fait en deux minutes. Il va falloir que les gens soient patients. Je pense que ce sera le plus grand défi.

Une rencontre d’urgence du conseil municipal au sujet de l’approvisionnement en eau en prévision de l’hiver, le 12 août 2022. (PC/Dustin Patar)

Q. Quelles principales aptitudes feraient de vous un bon maire?

Solomon Awa : Je suis né au Nunavut et j’y ai grandi. Je suis Inuk et je parle l’inuktitut. Je fais preuve d’écoute avec les gens.

Lili Weemen : Au niveau de la mairie, il faut pouvoir travailler en équipe. Si on a une équipe fonctionnelle, c’est beaucoup plus facile. C’est très important au niveau du conseil. À l’extérieur, il faut être une personne approchable du public [et] qui prend soin du peuple.

Vincent Yvon : J’aime communiquer avec les gens. Je suis patient, j’ai de l’empathie et j’aime le travail d’équipe. On doit travailler ensemble pour aller de l’avant pour la communauté. Je pense que c’est ça, le plus important : être là pour les gens et à l’écoute.

 

Note de la rédaction :

Les réponses des candidats ont été condensées et adaptées pour faciliter la lecture. Solomon Awa a répondu aux questions de Radio-Canada en anglais. Ses réponses ont donc été traduites.

  

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Matisse Harvey, Radio-Canada

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