Nord canadien : toujours en attente d’une enquête indépendante sur la crise de l’eau à Iqaluit
Une enquête indépendante sur la crise de l’eau qui a secoué Iqaluit en octobre 2021, durant laquelle les résidents se sont retrouvés sans accès à de l’eau potable pendant près de deux mois, se fait toujours attendre, malgré des demandes répétées de la population.
En octobre 2021, l’eau potable de la capitale du Nunavut a été contaminée par des hydrocarbures d’une vieille citerne de carburant située sous l’usine de traitement de l’eau. L’interdiction de consommer l’eau du robinet a été levée en décembre 2021, après l’installation d’un système de contournement à l’usine de filtration de l’eau.
Plusieurs appels à une enquête publique sur cet incident se sont fait entendre, ce qui serait une première pour le Nunavut. Toutefois, le ministre de la Justice au moment des faits, David Akeeagok, avait déclaré qu’une telle enquête ne serait pas envisageable tant que le ministère de la Santé n’aurait pas terminé son propre examen.
Le ministère de la Santé du Nunavut a indiqué par courriel que sa propre enquête ne sera pas terminée « avant que la situation soit résolue », faisant référence au fait que le système de contournement est toujours en place à l’usine de filtration d’Iqaluit.
Le médecin hygiéniste en chef du Nunavut, Sean Wachtel, a indiqué ne pas être disponible pour une entrevue avant la nouvelle année. Par l’intermédiaire d’un porte-parole, le ministre de la Santé John Main a décliné toute demande d’entrevue jusqu’au début de l’année prochaine.
L’usine de filtration bientôt réparée
Kyle Sheppard, maire adjoint d’Iqaluit, a mentionné en entrevue qu’un dernier contrat pour compléter l’assainissement de l’usine de filtration a été octroyé en octobre. Il a ajouté que le système de contournement pourrait ne plus être nécessaire à compter de janvier 2023.
En ce qui concerne la possibilité d’une enquête, Kyle Sheppard a déclaré que la Ville n’avait pas l’intention d’en mener une, parce que l’affaire relève de l’autorité du territoire.
« J’estime qu’il n’y a aucun reproche à faire ici. Ayant été intimement impliqué dans le processus et d’avoir été présent au moment des faits, et sachant tout ce que je sais et ce que j’ai vécu, le véritable bénéfice qui pourrait découler d’une enquête est de rétablir la confiance du public », a dit M. Sheppard.
Il a toutefois ajouté qu’il n’y aura « pas beaucoup de leçons à tirer » d’une enquête.
« C’est une situation à laquelle personne n’était préparé. Une enquête pourrait être utile pour se préparer si une telle situation se reproduisait, même ailleurs sur le territoire, quoique ce serait fort improbable », a-t-il mentionné.
Le député d’Iqaluit-Manirajak Adam Arreak Lightstone a fait campagne aux dernières élections territoriales en demandant la création d’un comité permanent spécial pour enquêter sur la crise de l’eau. Il admet que le véritable avantage d’une enquête serait de rebâtir la confiance du public envers le gouvernement, une opinion également partagée par le député d’Iqaluit-Tasiluk, George Hickes.
Adam Arreak Lightstone est déçu de constater qu’aucune enquête n’a encore été lancée, et qu’il y avait « beaucoup de questions non résolues » sur cette crise de l’eau.
« On ne sait toujours pas exactement ce que le gouvernement du Nunavut a fait, ou si ses interventions ont été rapides ou suffisantes », dit-il, ajoutant que les 10 premiers jours de la crise sont les plus importants pour comprendre ce que le gouvernement territorial a fait lorsque les inquiétudes concernant l’odeur de carburant dans l’eau ont été soulevées.
« Je pense que c’est important d’avoir une enquête indépendante approfondie et qu’elle soit publique afin que la confiance du public dans la réponse du gouvernement face à la crise de l’eau, et sur toutes les questions de l’eau, puisse être rétablie. »
Il comprend que la crise de l’eau doit être « complètement » résolue avant de pouvoir enquêter, mais il ajoute qu’il est urgent de procéder à un examen.
« Cela fait déjà un an, et on oublie. Les gens partent, et on a moins de chances de découvrir tous les faits et toutes les informations avec le temps qui passe », dit-il.
« Je ne pense pas que la réponse [du gouvernement] soit adéquate pour expliquer pourquoi l’enquête n’a pas commencé. »
Avec les informations de Nick Murray