La Norvège se lance dans la course aux satellites

Des sites européens spécialisés dans le lancement de fusées suborbitales souhaitent envoyer des satellites en orbite. Après le site d’Esrange en Suède, montré sur la photo, un port spatial sur l’île d’Andøya, en Norvège a été inauguré. (Viken Kantarci/Agence France-Presse)

La Norvège inaugure jeudi une nouvelle base de lancement de satellites sur l’île d’Andøya, dans le comté de Nordland, dans le nord du pays.

Le pays scandinave suit ainsi la voie d’autres pays d’Europe et entre dans la course aux lancements de satellites depuis le continent.

La nouvelle base située au-dessus du cercle polaire servira d’espace de lancement pour des fusées. La fusée Spectrum construite par l’entreprise allemande Isar Aerospace devrait être le premier engin spatial à décoller depuis l’île. La date de son départ n’est pas connue pour le moment.

Le site se trouve sur un terrain de l’entreprise norvégienne Andøya Space, connue pour faire des recherches scientifiques grâce au lancement de fusées-sondes.

Les fusées-sondes :
Des fusées-sondes ou fusées suborbitales sont des engins spatiaux qui se déplacent à une vitesse inférieure à celle nécessaire pour se maintenir en orbite. Ils sont donc lancés à des puissances inférieures aux satellites qui, eux, sont mis au tour de la Terre.

Une course pour plus de satellites au départ de l’Europe

Cette annonce de la Norvège survient moins d’un an après l’inauguration par la Suède du port spatial d’Esrange. Le site, d’abord développé dans les années 60, a été aménagé afin de pouvoir envoyer des satellites.

Tout comme dans le cas du projet norvégien, la base suédoise avait déjà servi au lancement de nombreuses fusées suborbitales avant d’être prête à envoyer des véhicules spatiaux pouvant se rendre en orbite.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a inauguré ce site le 13 janvier dernier. Elle avait alors souligné l’importance d’accélérer la mise en œuvre du programme spatial européen.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au centre, lors de l’inauguration du port spatial d’Esrange. Elle est accompagnée, à gauche, du premier ministre suédois Ulf Kristersson et à droite du roi de Suède, Carl XVI Gustaf. (Jonas Ekströme/ Associated Press)

Quelques jours auparavant, le 10 janvier, le Royaume-Uni avait tenté, sans succès, d’envoyer des satellites dans l’espace dans le cadre de la mission «Start Me Up».

Le Boeing 747 de Virgin Orbit qui transportait la fusée de 21 mètres, vers le site du décollage au Spaceport Cornwall.(Henry Nicholls/Reuters)

C’est que l’Europe tente de se défaire de sa dépendance à d’autres pays, comme les États-Unis, pour ses expérimentations spatiales. Mais selon Paul Wohrer, chercheur spécialisé de ces questions à l’Institut français des relations internationales, ce n’est pas chose facile.

La relation aux autres nations

Dans une étude publiée dans la revue Politique étrangère à l’automne dernier, Paul Wohrer soutient que l’Europe est dans une mauvaise position sur l’échiquier de l’exploration spatiale.

Elle utilisait jusqu’à récemment des lanceurs spatiaux Ariane 5 qui servaient entre autres à de l’exploitation commerciale, notamment pour la télévision satellitaire.

Mais ces engins ont cessé d’être produits et leurs successeurs, les Ariane 6, ne pourront pas décoller avant l’an prochain.

Un lanceur spatial Ariane 5. (Stéphane Corvaja/Agence spatiale européenne/AP)

Les Soyouz, les lanceurs russes, ont également été retirés des mains des Européens. La collaboration avec Moscou pour leur exploitation a pris fin en raison de la guerre en Ukraine.

Les États-Unis, avec le programme Artemis, sont les chefs de file dans le domaine de l’exploration spatiale, selon M. Wohrer.

De même, du point de vue commercial, l’offre de la compagnie américaine SpaceX est très compétitive par rapport à celle en Europe.

Selon Paul Wohrer, « maintenant que le vivier des collaborations se réduit aux seuls États-Unis à travers le programme Artemis, l’Europe devrait s’assurer de disposer d’une capacité autonome de lancements d’astronautes afin de ne pas dépendre entièrement d’un seul partenaire».

La Norvège ambitieuse

Andøya Space assure que la nouvelle base sera le premier port spatial à être opérationnel en Europe.

« Au cours des cinq dernières années, nous avons bâti une fusée qui permettra de résoudre l’obstacle le plus crucial dans l’industrie spatiale européenne : un accès souverain et compétitif à l’espace», a déclaré le président-directeur général Daniel Metzler, issu d’Isar Aerospace, la compagnie allemande responsable de produire la première fusée à quitter le site d’Andøya. 

M. Meltzer a souligné que l’inauguration de jeudi représentait pour son entreprise un pas de plus vers un premier décollage. 

Il croit pouvoir livrer une première fusée au site de l’île d’Andøya d’ici la fin de l’année.

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