Les remaniements ministériels de Trudeau, des freins aux priorités des Inuit

Natan Obed, président de l’Inuit Tapiriit Kanatami, et Gary Anandasangaree, ministre des Relations Couronne-Autochtones, au Comité de partenariat entre les Inuit et la Couronne, le 30 octobre 2023. (Justin Tang/ La Presse canadienne)

Le remaniement ministériel du gouvernement Trudeau, cet été, a compliqué l’avancement des priorités politiques des Inuit à Ottawa, a déploré le président de l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), Natan Obed.

Au micro de CBC, M. Obed a dressé un bilan mitigé du Comité de partenariat entre les Inuit et la Couronne (CPIC) qu’il coprésidait lundi.

Le changement de cabinet, généralement associé à une réorientation des priorités gouvernementales, s’est traduit par le fait que seuls deux des neuf ministres présents à la réunion de lundi avaient conservé leurs anciennes fonctions : Dan Vandal, ministre des Affaires du Nord, et Patty Hajdu, ministre des Services aux Autochtones.

Les dirigeants inuit comme lui se retrouvent donc dans la position de devoir enseigner au nouveau cabinet ses propres politiques et priorités, estime M. Obed, qui n’a pas hésité à décrire cette situation comme une «amnésie systématique» du gouvernement au cours des transitions politiques.

En tant que leaders inuit, nous devons souvent éduquer les ministres sur les dossiers mêmes qu’ils sont chargés de traiter. – Natan Obed, président de l’Inuit Tapiriit Kanatami

«Cela en dit long sur l’incapacité du gouvernement à s’informer sur ce qu’il fait», a ajouté M. Obed.

Les enjeux abordés lors de la réunion étaient vastes et complexes, allant du logement à la santé et à l’éducation, en passant par la mise en œuvre des revendications territoriales, sans oublier le lourd dossier des femmes et des filles autochtones disparues ou assassinées.

M. Obed a qualifié la réunion de modérément productive, même si elle a été marquée par des conversations franches et difficiles. Il a surtout exprimé son exaspération face aux ralentissements inévitables dus aux changements à la tête des ministères.

Le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, qui coprésidait pour la première fois ce comité, fait partie des nouveaux venus à la table.

Ayant pris ses fonctions il y a trois mois, il assure être en mesure d’apprendre vite.

« Je reconnais la frustration qui existe parfois», a dit M. Anandasangaree.

« Bien que nous ne nous attendions pas à des percées lors de ces réunions, il est juste de dire que cette réunion a été couronnée de succès et qu’il nous reste beaucoup de travail à accomplir », a soutenu le nouveau ministre.

Des actions urgentes

Malgré ses inquiétudes, M. Obed a refusé de sombrer dans le pessimisme. Il a présenté une série d’actions spécifiques souhaitées par les dirigeants inuit.

Parmi elles figurent des sommes à allouer spécifiquement aux Inuit dans l’enveloppe prévue par la stratégie de logement pour les populations autochtones urbaines, rurales et nordiques annoncée dans le budget de 2023, mais aussi des fonds à consacrer aux Inuit dans le budget de 2021 pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles autochtones.

Fort de son expérience avec les libéraux pendant huit ans, M. Obed a rappelé que les Inuit étaient déjà passés par les phases de recherche, de planification, d’évaluation des coûts et parfois même de projet pilote, et qu’il ne restait plus «qu’à faire le travail».

M. Anandasangaree n’a pas voulu dire s’il ressentait une pression accrue pour obtenir des résultats face à des partenaires impatients d’enfin concrétiser des démarches, puisqu’il ne reste que deux budgets fédéraux avant les élections de 2025.

« Pour ce portefeuille, la pression est là depuis le début », a répondu le ministre.

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