Le relief des régions polaires cartographié avec une précision inégalée
Des chercheurs américains affirment avoir produit l’ensemble de cartes les plus précises jamais réalisées du relief de l’Antarctique et de l’Arctique. Le résultat doit être rendu disponible au public prochainement pour consultation.
Il s’agit du parachèvement d’un projet entamé il y a plusieurs années.
Les chercheurs du Polar Geospatial Center de l’Université du Minnesota,en collaboration avec des scientifiques de l’Université de l’Illinois et de l’Université d’État de l’Ohio, se sont d’abord concentrés sur l’Antarctique.
Le projet a débuté dans les années 2010 avec des photos prises à partir d’un ensemble de satellites en orbite à une altitude de 400 à 700 kilomètres, donnant des images d’une résolution de 2 à 8 mètres.
Auparavant, le monde de la recherche dépendait encore souvent de cartes réalisées avec des photographies aériennes ou prises localement lors d’expéditions, précise dans un communiqué Claire Porter, codirectrice par intérim du Polar Geospatial Center. Les anciennes images satellites, elles, donnaient une résolution de l’ordre du kilomètre.
Les chercheurs ont révélé en 2018 le résultat de leurs travaux initiaux, rapportés notamment par le New York Times à l’époque.
Le glaciologue Ian Howat, de l’Université d’État de l’Ohio, disait que ces nouvelles cartes étaient un peu comme si on avait été presque aveugle, puis qu’on « mettait des lunettes pour la première fois pour obtenir une vision parfaite de 20/20 ». « Avant, on avait une meilleure carte de Mars que de l’Antarctique. Mais maintenant, l’Antarctique devient le continent le mieux cartographié », estimait-il.
Ces cartes détaillées sont consultables dans le portail REMA, pour Reference Elevation Model of Antarctica, et servent aux scientifiques qui se spécialisent sur l’Antarctique.
Au fil des ans, avec le raffinement des technologies, les chercheurs ont étendu leur champ d’intérêt à l’Arctique et ont voulu incorporer des cartes du pôle Nord.
Les nouvelles générations de satellites, combinées à la puissance des ordinateurs, permettent maintenant une résolution de 50 centimètres. Les chercheurs ont ainsi traité des millions d’images pour créer les cartes topographiques à haute résolution.
Ils ont aussi pu construire des modèles dynamiques en trois dimensions du relief à partir des images satellites.
Avec le dernier ensemble de données, les chercheurs « ont pu combler toutes les lacunes précédentes dans les données pour fournir une couverture complète de l’ensemble des régions polaires au nord du 60e parallèle nord (y compris la majeure partie de la Scandinavie, du Groenland, du nord du Canada, de l’Alaska et de la Sibérie) et au sud du 60e parallèle sud ( y compris tout l’Antarctique) », poursuit le communiqué de l’Université du Minnesota.
Des scientifiques de partout dans le monde, qui veulent suivre de près les effets du réchauffement, ont besoin d’avoir une vision fine de ce qui se passe sur le terrain. C’est pourquoi ces cartes à haute résolution deviennent incontournables.
« Nous avons pu observer les changements glaciaires, l’érosion, les glissements de terrain et les inondations, le tout avec des détails incroyables au fil du temps. Cela change la donne pour tous ceux qui essaient de protéger notre planète pour l’avenir », soutient Claire Porter.