Dans le Grand Nord canadien, les autorités du Nunavik centraliseront les appels d’urgence
Le Service de police du Nunavik (SPN) va centraliser dans les Laurentides les appels d’urgence pour quatre communautés de la baie d’Hudson. Le but est d’améliorer l’efficacité de ses interventions, alors que les agents s’occupent généralement eux-mêmes de la répartition des appels sur leurs radios personnelles.
Le service est opérationnel dans la communauté d’Umiujaq depuis lundi dernier.
« Cette semaine, sept appels ont déjà été logés et ont été répondus avec succès », s’est réjoui le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, lors d’une conférence de presse.
Le service s’étendra également à Kuujjuarapik, Inukjuak et Puvirnituq dans les prochaines semaines, et ce, pour un projet pilote d’un an. Le but est cependant d’étendre le service à l’échelle du Nunavik d’ici quelques années.
Cette modernisation est rendue possible par le déploiement de l’Internet haute vitesse par fibre optique dans ces communautés de la baie d’Hudson.
Pour la présidente de l’Administration régionale Kativik, Hilda Snowball, la mise sur pied de ce projet pilote est une étape nécessaire pour assurer la sécurité des communautés nordiques.
« Ça va changer la façon dont les Nunavimmiut, les policiers et les pompiers gèrent les urgences », a-t-elle dit, également en conférence de presse.
Mme Snowball et le ministre Lafrenière soulignent par ailleurs que l’amélioration de la répartition des appels d’urgence faisait partie des recommandations formulées par la CNESST après le décès du policier Steve Déry survenu à Kuujjuaq, en 2013.
« Il avait été recommandé d’améliorer les services de communication qui étaient défaillants pour des raisons technologiques », explique Ian Lafrenière.
Un service pour le Nord offert dans les Laurentides
Dans le cadre du projet pilote, le SPN s’associe avec la municipalité de Saint-Eustache, qui va assurer la répartition des appels d’urgences.
« Ils avaient la capacité de nous prendre. […] C’est un centre d’appel moderne et qui répond aux plus hauts standards de l’industrie », se réjouit le directeur adjoint à l’administration du SPN, Shaun Longstreet.
Selon lui, il aurait été difficile de construire un centre d’appel dans la région en raison du coût élevé des infrastructures technologiques et des besoins en main-d’œuvre spécialisée.
Malgré la distance entre Saint-Eustache et le Nunavik, la communication sera rapide et efficace, assure le SPN.
« Ça va vraiment améliorer la qualité du service pour les citoyens. […] D’habitude, pendant une intervention, c’était le rôle du policier de communiquer avec les autres services comme l’ambulance ou les pompiers. Ça l’empêche de faire son travail aussi efficacement », explique Shaun Longstreet.
Les employés du centre d’appel de Saint-Eustache ont par ailleurs reçu une formation sur la réalité des interventions d’urgence en milieu nordique, et seront en mesure de bien comprendre les enjeux du terrain selon le SPN.
Une firme de traduction va aussi permettre à Saint-Eustache de répondre aux appels en inuktitut en cas de besoin, même si la majorité d’entre eux seront en anglais.
Projet pilote
Les prochains mois permettront aux équipes du centre d’appel de Saint-Eustache de mieux évaluer le volume d’appels dans les communautés du Nunavik.
Ces données étaient difficiles à quantifier pour les agents sur le terrain lorsqu’ils utilisaient l’ancien système via leurs radios.
« Le but c’est d’éventuellement implanter le service dans les 14 villages. Il n’y a rien qui empêche que dans le futur, Saint-Eustache ait une section dédiée au Nunavik. Il y a plein de possibilités pour l’avenir », ajoute Shaun Longstreet.
D’ici la fin de 2023, les communautés d’Akulivik, Ivujivik, et Salluit pourraient être elles aussi alimentées par la fibre optique, ce qui y permettrait le déploiement du service d’appels d’urgence.
Les autres communautés de la région devront toutefois patienter avant d’y avoir accès. L’arrivée de la fibre optique est prévue pour 2025 dans les villages de la baie d’Ungava.
Avec la collaboration de Gabrielle Paul
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