Qui sont les aspirants premiers ministres de la 20e Assemblée des T.N.-O.?

R.J. Simpson, Kieron Testart, Shane Thompson et Caroline Wawzonek sont les quatre députés qui convoitent le poste de premier ministre dans les Territoires du Nord-Ouest. (Julie Plourde/Radio-Canada)

Quatre députés convoitant le poste de premier ministre de la 20e Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest ont présenté leurs discours, jeudi, pour convaincre leurs collègues qu’ils ont ce qu’il faut pour diriger le gouvernement au cours des quatre prochaines années.

Selon le processus du Comité territorial responsable des postes de leadership, chaque candidat a eu un maximum de 20 minutes pour persuader les autres députés qu’il a les bonnes qualités pour l’emploi.

Les nouveaux députés élus des Territoires du Nord-Ouest se préparent pour les travaux de la 20e Assemblée législative. (Travis Burke/Radio-Canada)

N’importe quel député peut se présenter au poste de premier ministre, mais idéalement, il faut avoir servi au moins une fois comme député territorial. La convention stipule que le prochain premier ministre devrait venir des régions, car les trois dernières Assemblées législatives ont été sous la gouverne d’un premier ministre de Yellowknife.

R.J. Simpson

Le premier candidat à prendre la parole, R.J. Simpson, a appuyé son discours sur la collaboration entre les membres de la 20e Assemblée, et entre les différentes organisations et gouvernements autochtones.

S’il est choisi par ses pairs, R.J. Simpson espère faire avancer le territoire vers la prospérité, un avenir où fleuriront les dossiers de l’environnement, des cultures et des langues, de l’économie, de l’autonomie gouvernementale et de la gouvernance de coopération.

R.J. Simpson, député de Hay River Nord, a été réélu pour un troisième mandat à l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest. (Julie Plourde/Radio-Canada)

« Nous tous dans cette salle avons le rare honneur d’aider à guider le territoire dans cette direction », dit-il. « Je veux être élu comme premier ministre, car je veux aider à faire de cette vision une réalité.»

Pour y parvenir, R.J. Simpson dit miser sur les relations avec les organisations et gouvernements autochtones pour atteindre les objectifs de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et faire avancer les négociations sur les revendications territoriales et l’autonomie gouvernementale.

Le logement, la santé mentale, les dépendances, le recrutement en santé, le coût de la vie, l’environnement et l’économie font aussi partie de ses priorités, s’il est élu.

« Je suis convaincu que cette Assemblée peut partir du bon pied et faire des progrès significatifs dans ces domaines », dit celui qui entreprend son troisième mandat comme député de Hay River Nord et qui a occupé les rôles de ministre de la Justice et de l’Éducation dans la dernière Assemblée.

Kieron Testart

De son côté, le député de Range Lake, Kieron Testart, a longuement parlé d’évolution du gouvernement, un changement de ton pour celui qui a prôné une révolution du système lors de son premier mandat comme député, de 2015 à 2019. Son discours a aussi insisté sur la transparence et la responsabilité.

« Je veux m’assurer que l’on conserve tout ce qui fonctionne bien et qu’on améliore les parties du système qui [ne fonctionnent] pas », dit-il, ajoutant qu’il veut « décoloniser le système gouvernemental en faisant tomber les barrières entre les membres du Cabinet et les députés ordinaires.»

Kieron Testart fait son retour à l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest, cette fois comme député de Range Lake. Il a été le député de Kam Lake de 2015 à 2019. (Julie Plourde/Radio-Canada)

Pour y arriver, Kieron Testart propose de créer des rôles de ministres adjoints afin de permettre une plus grande transparence et un meilleur partage de l’information entre les décideurs. Il veut aussi accroître l’appui aux membres du Cabinet en embauchant plus de fonctionnaires.

Il suggère la création de plusieurs nouveaux portefeuilles ministériels portant sur les traités, les dépendances, les langues officielles ainsi que la réduction des gaz à effet de serre et des formalités administratives.

Kieron Testart veut aussi démanteler le ministère des Affaires municipales et communautaires (MAMC), pour le remplacer par de nouveaux ministères. « Nous n’avons plus besoin d’un ministère centralisé comme le MAMC. Nous devons, au contraire, donner aux gouvernements régionaux et locaux les moyens d’agir directement » , dit-il.

S’il est élu, M. Testart veut aussi s’attaquer au sous-financement des municipalités, à la taxe carbone, au traitement des dépendances et à la réconciliation avec les peuples autochtones.

Shane Thompson

Troisième à prendre la parole, Shane Thompson a présenté une liste de douze priorités qu’il voudrait mettre en œuvre s’il est élu.

D’abord, le projet de restructuration du gouvernement qui devrait être achevé, selon le candidat, au cours des 15 premiers mois de l’Assemblée, de façon à améliorer le processus budgétaire, en réévaluant, par exemple, la nécessité de conserver les postes toujours vacants.

En ce qui a trait au ministère de la Santé et des Services sociaux, là aussi, le député aimerait une restructuration entre le ministère et l’Administration des services de santé et des services sociaux, de façon à maximiser la prestation de services.

Shane Thompson a été réélu pour un troisième mandat dans Nahendeh, aux élections territoriales du 14 novembre 2023. (Julie Plourde/Radio-Canada)

Le ministre sortant croit ensuite essentiel d’améliorer la protection des communautés contre les incendies de forêt en coupant davantage de forêts et en s’assurant de la présence de plus de personnel en début de saison. Les T.N.-O. ont par ailleurs besoin, dit-il, d’un nouveau plan d’urgence pour faire face à d’éventuelles évacuations.

Il souhaite voir un virage vers les énergies renouvelables et une amélioration des relations avec les gouvernements autochtones et des ententes légiférées de façon à mieux gérer les terres et les ressources naturelles.

Les T.N.-O. doivent maintenir, souligne-t-il, la pression sur Ottawa pour obtenir du financement à long terme qui pourrait, entre autres, appuyer des initiatives dans les communautés autochtones.

En infrastructures, le député voit prioritaire la construction d’une route dans la vallée du Mackenzie et la construction de plus de logements, avec l’appui du fédéral.

« La santé mentale et le traitement des dépendances sont des crises importantes aux Territoires du Nord-Ouest dont nous avons tous entendu parler au cours de la campagne et même avant, et nous devons améliorer la situation pour nos résidents », affirme Shane Thompson, en ayant recours, par exemple, aux programmes sur le territoire. Il ne faut pas oublier, conclut-il, les aînés.

L’ancien ministre de l’Environnement et des Changements climatiques, des Terres, des Affaires municipales et responsable de la Jeunesse et des Aînés, le politicien en est à son deuxième mandat. Le député de Nahendeh affirme avoir posé sa candidature après avoir rencontré des aînés et des leaders autochtones de sa circonscription.

Caroline Wawzonek

La ministre des Finances de la dernière Assemblée, Caroline Wawzonek, se lance aussi dans la course pour obtenir le poste de première ministre. Elle a moins insisté sur une liste de priorités pour la prochaine Assemblée, mais a surtout parlé de l’importance d’un changement de culture au sein du gouvernement et d’une meilleure vision pour le futur du territoire.

Une vision qui englobe des éléments comme la réconciliation, le gouvernement de consensus, la culture, l’histoire et l’innovation.

Et au-delà de cette vision, elle aimerait aussi des actions plus concrètes. « Cette réputation de ne pas être capable de traduire [une vision politique] en changements pratiques et efficaces doit cesser d’être », dit-elle.

La députée de Yellowknife Sud, Caroline Wawzonek, a été réélue sans opposition et commence un deuxième mandat au sein de la 20e Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest. (Julie Plourde/Radio-Canada)

Mme Wawzonek veut aussi une meilleure communication avec les gouvernements autochtones et les résidents, afin de rebâtir la confiance envers le gouvernement, ce qui « prend du temps, de la communication et de l’humilité », ajoute l’avocate de formation.

Elle estime que ses accomplissements au cours des quatre dernières années, plus particulièrement en ressources humaines, démontrent son sens du leadership en matière de changement de culture dans la fonction publique et au sein du gouvernement.

Pour conclure, elle a admis qu’après trois Assemblées sous la gouverne d’un premier ministre de Yellowknife, sa candidature pourrait être mal perçue de la part des régions à l’extérieur de la capitale. « Je ne veux certainement pas rendre les choses plus difficiles. J’espère que nous pourrons trouver une façon d’aller de l’avant et d’améliorer les choses, car la politique aux Territoires du Nord-Ouest est fondée sur le consensus, ce qui demande de bonnes relations, des discussions, de la confiance et du respect. »

Un emploi difficile

Pour l’ancien premier ministre du territoire, Stephen Kakfwi, le poste de premier ministre n’est pas pour tout le monde. Il faut diriger, et ça peut prendre des formes différentes selon les gens. Parfois vous héritez d’un cabinet sans expérience, qui a besoin d’aide et d’encouragement. Parfois vous devez gérer des ministres têtus, dit celui qui a été premier ministre au début des années 2000.

Ceux qui donnent leur nom doivent être prêts pour un emploi pas comme les autres. Vous êtes en haut de la montagne, seul. […] C’est un emploi difficile.

Stephen Kakfwi reconnaît que le futur des Territoires du Nord-Ouest n’est pas rose. Avec la fermeture annoncée des mines de diamant et les besoins criants en logement, la pression sera forte sur le prochain gouvernement. « Si tu ne peux pas gérer le stress et les turbulences, oublie ça, reste chez toi. »

Prochaines étapes

Maintenant que les dés sont jetés pour les députés aspirants à la fonction de premier ministre, ils vont travailler en coulisse au cours de la prochaine semaine pour obtenir des appuis parmi les députés. Le 7 décembre, les députés qui ne sont pas dans la course vont, par vote secret, choisir le prochain premier ministre.

C’est aussi le 7 décembre qu’un scrutin aura lieu pour les postes de président de l’Assemblée législative et de membres du Conseil exécutif.

Les candidats intéressés au poste de président de l’Assemblée auront jusqu’à 10 minutes pour prononcer un discours, suivi par un scrutin. Une session de questions et de réponses sera ensuite menée entre les députés et les aspirants premiers ministres. Après cette séance, les députés éliront le premier ministre de la 20e Assemblée législative par vote secret.

Finalement, les candidats intéressés à l’un des six postes de ministre auront un maximum de 10 minutes pour prononcer un discours. Chaque député qui n’aura pas présenté sa candidature pour faire partie du Conseil exécutif aura l’occasion de poser une question à chaque candidat.

Les membres du Conseil exécutif seront ensuite élus par scrutin, selon une représentation géographique qui prévoit deux ministres pour la région du Nord, deux ministres pour la région de la capitale et deux ministres pour la région du Sud.

Le premier ministre, les ministres et le président de l’Assemblée législative seront assermentés le 8 décembre par la commissaire des Territoires du Nord-Ouest, Margaret Thom.

Avec les informations de Natalie Pressman

À lire aussi :

Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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