Le Nunavut, en queue de peloton en matière d’immigration au pays

Le gouvernement du Nunavut compte se positionner en matière d’immigration en 2024. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Parmi les provinces et territoires au Canada, le Nunavut est le seul à ne pas disposer de son propre programme d’immigration. Bien que la crise du logement soit un frein considérable à la venue d’immigrants, le gouvernement territorial entend se pencher sur ce dossier en 2024.

Le ministère de l’Exécutif et des Affaires intergouvernementales compte recruter, dès l’an prochain, un conseiller en immigration afin de définir les priorités du Nunavut en matière d’immigration et de formuler des recommandations qui serviront à orienter un programme ou une politique en la matière, explique le porte-parole du ministère, Casey Lessard, dans un courriel.

«Il est important que nous élaborions une approche conçue au Nunavut qui reflète nos besoins, notre contexte et nos valeurs », dit-il.

Entre 2016 et 2021, 240 immigrants se sont établis au Nunavut, comparativement à 205 de 2011 à 2015, selon Statistique Canada. Ces nouveaux arrivants étaient principalement originaires d’Asie (105), d’Afrique (70) et des Amériques (50).

Selon Statistique Canada, le Nunavut comptait 445 immigrants entre 2011 et 2021. (PC/Sean Kilpatrick)

Formation locale de la main-d’œuvre

Le directeur général de Carrefour Nunavut, Francis Essebou, affirme que le territoire a beaucoup à gagner à promouvoir l’immigration. «Ça peut changer beaucoup de choses. Actuellement, le gouvernement du Nunavut ne finance pas directement l’immigration», indique-t-il.

L’organisme de développement économique francophone offre, entre autres, des services d’aide à la recherche d’emploi, d’entrepreneuriat ou d’immigration en français et en anglais. En 2022-2023, environ 600 personnes ont fait appel aux services de Carrefour Nunavut.

Carrefour Nunavut est l’organisme de développement économique francophone au territoire. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Selon Francis Essebou, la majorité des personnes qui envisagent de s’établir au territoire sont issues de migrations interprovinciales au Canada. «La plupart des personnes qui nous contactent de l’étranger viennent du Maroc, de Tunisie et d’Algérie», poursuit-il.

Il souhaite notamment la création d’un programme de mentorat professionnel qui permettrait à des immigrants qualifiés de former des travailleurs dans les collectivités du Nunavut.

«Ils [pourraient] transférer leurs connaissances aux membres de cette communauté [de sorte que] dans quelques années, on n’ait plus à importer de la main-d’œuvre du Sud», ajoute-t-il.

« On a besoin de gens qui injectent de l’argent à l’économie pour permettre à notre territoire de prendre de l’essor », soutient Francis Essebou. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Pénurie de logements

En raison du manque de main-d’œuvre, le gouvernement du Nunavut doit actuellement faire appel à des travailleurs venus de l’extérieur pour répondre aux besoins du marché du travail.

La pénurie de main-d’œuvre touche de multiples secteurs, dont l’éducation, la santé, les métiers et les professions spécialisés.

En décembre 2022, un rapport du gouvernement du Nunavut a révélé que deux emplois sur cinq n’étaient pas pourvus dans la fonction publique territoriale. Dans le secteur de la santé, environ 51 % des postes étaient vacants.

En avril, deux des quatre postes permanents étaient vacants au centre de santé de Resolute Bay, au Nunavut. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Le gouvernement associe notamment la pénurie de main-d’œuvre au manque criant de logements. À l’heure actuelle, environ 3100 personnes sont en attente d’un logement social, selon la Société d’habitation du Nunavut.

«En raison du grave manque d’infrastructures […], la capacité du Nunavut à accueillir de nouveaux immigrants est très faible», reconnaît Casey Lessard.

Le directeur général de Carrefour Nunavut dit que les futurs immigrants qui sollicitent les services de son organisme sont sensibilisés à cette difficulté.

«Quand on vient ici, il faut parfois apprendre à partager son logement avec des inconnus, c’est-à-dire en colocation», affirme Francis Essebou.

Il ajoute que d’autres problèmes sous-jacents, comme le nombre limité de places en garderie, découragent parfois de futurs immigrants de s’établir au Nunavut.

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Matisse Harvey, Radio-Canada

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