Les événements politiques autochtones qui ont marqué 2023
Changement à l’Assemblée des Premières Nations (APN), règlement historique, débats sur la gouvernance métisse… 2023 a été marquée par de nombreux événements politiques marquants dans le monde autochtone. En voici une liste.
Une nouvelle cheffe pour l’Assemblée des Premières Nations
L’Assemblée des Premières Nations (APN) a élu sa nouvelle cheffe au mois de décembre : Cindy Woodhouse.
Cette élection visait à remplacer RoseAnn Archibald qui a été évincée lors d’une réunion virtuelle en juin. Plus de 70 % des chefs présents avaient alors voté pour sa destitution.
En attendant la tenue d’une nouvelle élection à la suite de l’éviction de Mme Archibald, Joanna Bernard avait été nommée cheffe intérimaire lors de la réunion de l’APN à Halifax, en juillet.
Lors du rassemblement d’Halifax, les conclusions d’un rapport basé sur les appels d’une résolution de 2020 ont montré que «des comportements toxiques existent à tous les niveaux de l’APN, y compris le secrétariat, l’exécutif, les bureaux régionaux et le bureau du chef national.»
En décembre, lorsque l’Assemblée s’est réunie à Ottawa pour sa réunion annuelle d’hiver, Cindy Woodhouse a été élue cheffe nationale après une soirée marathon de vote et une concession du finaliste David Pratt.
Un règlement historique
Le plus haut tribunal du Canada s’est prononcé en faveur des Premières Nations dans le cadre d’un vaste recours collectif concernant la protection de l’enfance, à l’automne.
Un peu plus de 23 milliards de dollars seront distribués entre les participants au procès intenté il y a plus de 15 ans.
L’APN a approuvé une résolution demandant au premier ministre Justin Trudeau de présenter des excuses officielles et significatives aux survivants du système de protection de l’enfance et à ceux qui y sont morts.
Débats sur le projet de loi C-53
Le projet de loi C-53 (Nouvelle fenêtre) est une proposition législative fédérale qui reconnaîtrait la gouvernance des organisations métisses en Ontario, en Saskatchewan et en Alberta.
Le projet de loi ratifierait les accords d’autonomie gouvernementale signés en février par le gouvernement fédéral et les nations métisses de l’Ontario, de la Saskatchewan et de l’Alberta, tout en établissant un processus d’approbation des traités avec ces groupes.
Si le projet de loi passe la troisième lecture à la Chambre des communes et un vote au Sénat, les traités entreront en vigueur par un décret, une décision juridique prise par le cabinet fédéral et signée par le gouverneur général qui ne nécessite pas de législation.
Les dirigeants des Premières Nations et des Métis ont défendu leurs arguments devant le comité des affaires autochtones de la Chambre des communes à Ottawa.
Certains ont critiqué le projet de loi et ont mis en garde les députés contre son adoption, tandis que d’autres ont soutenu qu’il devait être adopté pour faire avancer les efforts de réconciliation du gouvernement.
Au cours de la dernière semaine de témoignage, le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, a discuté de la question devant le comité.
Un groupe d’intervention de la GRC fait l’objet d’une enquête
Plusieurs enquêtes ont été menées à la suite d’actions entreprises sur des sites de protestation dans l’Ouest canadien par le Groupe d’intervention communauté-industrie (GISCI) de la Gendarmerie royale du Canada.
CBC Indigenous a confirmé, grâce à une demande d’accès à l’information, que le groupe avait dépensé environ 50 millions de dollars pour faire respecter les injonctions obtenues par les secteurs pétrolier et forestier au cours de ses cinq premières années d’existence.
Le GISCI, créé en 2017, n’a pas de compétence territoriale définie, dispose d’un nombre inconnu de membres et n’a pas de budget fixe. Le groupe intervient dans des endroits où l’industrie fait face à des occupations de terres par des opposants, à des blocus et à de la désobéissance civile.
Le pipeline Coastal GasLink, le pipeline TransMountain et les opérations forestières à Fairy Creek sont tous des endroits où le GISCI a affronté les manifestants.
Au printemps 2023, une enquête a été ouverte sur les activités d’application des injonctions du GISCI, et au cours de l’été, l’organisme de surveillance de la GRC a fait part de ses inquiétudes quant aux retards auxquels l’enquête était confrontée.
Cet été également, nous avons appris que la GRC avait utilisé la résistance anti-pipeline à Standing Rock, dans le Dakota du Sud, pour justifier la création du GISCI. Les manifestations qui s’y sont déroulées constitueraient une «étude de cas sur les tactiques actuelles et en évolution» et ont conduit à l’adoption d’une «approche mesurée» pour faire face à des situations similaires.
Un premier PM autochtone
Wab Kinew, candidat ojibwé du Nouveau Parti démocratique (NPD), a été élu premier ministre du Manitoba en octobre. C’est la première fois, dans l’histoire du Canada, qu’une personnalité issue d’une Première Nation est élue à ce poste.
Âgé de 41 ans, Wab Kinew succède à la conservatrice Heather Stefanson.
Il a axé sa campagne sur l’accès aux soins de santé et a promis d’accorder le titre honorifique de «premier premier ministre du Manitoba» à Louis Riel.
Le traité Petapan, l’impasse
Depuis plus de 40 ans, les Innus de Mashteuiatsh, Essipit et Nutahkuan négocient un traité avec le gouvernement du Québec.
Après avoir promis à plusieurs reprises que le tout allait rapidement se concrétiser, le gouvernement n’a cessé toutefois de revenir sur plusieurs points des négociations qui tenaient pourtant à cœur aux Innus.
Selon le chef de Mashteuiatsh, Gilbert Dominique, Québec tente d’altérer des clauses pourtant déjà entendues, comme la reconnaissance du droit inhérent à l’autodétermination.
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