Du méthane prisonnier du pergélisol inquiète des chercheurs du Svalbard en Norvège

Dans l’archipel du Svalbard, au nord de la Norvège, le réchauffement climatique entraîne des hivers plus courts, des températures qui font le yo-yo, des précipitations plus fréquentes, de plus en plus sous forme de pluie, et le dégel du pergélisol. (Jonathan Nackstrand/AFP/Getty Images)

Des chercheurs norvégiens de l’Université de Svalbard Centre, au Département de géologie arctique, émettent l’hypothèse que des gaz prisonniers du pergélisol de l’archipel du Svalbard pourraient accélérer les changements climatiques s’ils sont libérés. 

Dans l’étude publiée fin 2023, le chercheur Thomas Birchall et son équipe ont travaillé sur 41 puits de forages pour tenter d’y découvrir la présence de gaz sous la couche de pergélisol qui couvre une partie de l’archipel. 

Selon les chercheurs, la couche de pergélisol peut varier en épaisseur de 500 mètres en milieux montagneux à une centaine de mètres dans les milieux côtiers. Il a été découvert que sous cette couche de sol gelé en permanence peuvent se cacher des millions de mètres cubes de gaz, comme du méthane. 

Gaz en migration

Parmi les conclusions de l’équipe de Thomas Birchall, l’idée que les gaz prisonniers du pergélisol seraient en mouvement a été énoncée en raison de la composition des gaz trouvés. Selon les chercheurs, la profondeur à laquelle les hydrocarbures ont été retrouvés n’est pas représentative de sa maturité.

L’étude indique que «les soulèvements géologiques sévères et relativement récents […] ont presque certainement poussé la migration de structures gazeuses préexistantes beaucoup plus profondes».

Des millions de mètres cubes

Les données de l’étude ont été recueillies grâce à des forages qui avaient presque systématiquement pour but, à la base, l’exploration et la recherche d’hydrocarbures. Les chercheurs mettent donc une limite à leur conclusion selon laquelle du gaz naturel se trouverait un peu partout sous le pergélisol du Svalbard. «Il est difficile d’être quantitatif en respect de la taille et de la fréquence de ces gisements», disent-ils. 

Toutefois, ils ajoutent pouvoir affirmer que ces gisements sont nombreux et qu’en se basant sur le seul gisement où le débit a pu être calculé, il s’agirait d’une quantité de l’ordre de millions de mètres cubes. 

Conditions similaires en Amérique du Nord et en Russie

Pour que du gaz soit emprisonné sous le pergélisol, il est impératif que trois facteurs soient réunis : une couche de pergélisol étanche, une source de gaz ainsi que sa migration après la formation du pergélisol. Ces conditions retrouvées dans le cadre de l’étude norvégienne sont aussi présentes dans d’autres endroits de l’Arctique, comme en Amérique du Nord et en Russie.

En effet, des zones où du gaz s’échappe de zone de pergélisol ont été bien documentées dans l’Arctique russe.

– Extrait de l’étude «Permafrost trapped natural gas in Svalbard, Norway»

Les chercheurs de l’Université de Svalbard Centre ont qualifié le pergélisol de «joint ultime» pour emprisonner le gaz. Toutefois, ce serait le cas lorsqu’aucune faille ne permet le mouvement du gaz. 

Dans les vallées profondes, ce sceau serait effectivement étanche. Toutefois, les terrains montagneux seraient pris de nombreux intervalles perméables qui permettent au gaz de s’échapper. 

Parmi les gaz qui se trouveraient sous la couche de pergélisol du Svalbard, le méthane est celui qui pose le plus d’inquiétudes selon les chercheurs. «Puisqu’il s’agit d’un puissant gaz à effet de serre et que l’Arctique se réchauffe plus rapidement que partout sur terre, la libération de ce gaz pourrait avoir un effet d’entraînement sur les changements climatiques.»

Les géologues affirment que si le réchauffement et la fonte du pergélisol restent stables, les échappements de gaz devraient aussi rester relativement au même niveau. Par contre, ce que craignent les scientifiques est cet effet d’entraînement et d’accélération causé par le gaz qui s’échappe déjà.

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