Les Territoires du Nord-Ouest se préparent pour la saison des morilles
Les feux de forêt laissent sur leur passage des zones dévastées, mais ils offrent aussi, l’année suivante, un milieu idéal pour la croissance des morilles. Avec une saison record de feux en 2023 aux Territoires du Nord-Ouest, les communautés se préparent à l’arrivée de cueilleurs cet été.
Les morilles, ces champignons sauvages très prisés des gastronomes, poussent en grande quantité dans les zones brûlées l’année précédente. En 2023, près de quatre millions d’hectares de forêt ont brûlé aux T.N.-O., ce qui laisse présager beaucoup d’achalandage en 2024.
Le chef de la Première Nation Ka’a’gee Tu de Kakisa, une petite communauté de 36 personnes située à environ 370 km au sud-ouest de Yellowknife, n’a pas oublié l’année qui a suivi la saison des feux de 2014.
Lloyd Chicot dit que plus de 300 cueilleurs se sont présentés dans les environs de Kakisa en 2015, installant des camps un peu partout en forêt et le long de l’autoroute.
« Il y avait vraiment beaucoup de gens […] C’était comme la ruée vers l’or du Yukon », dit-il en riant.
Selon le gouvernement ténois, environ 3000 cueilleurs provenant du territoire, mais aussi d’ailleurs dans le monde, ont cueilli cette année-là près de 40 000 livres de morilles, d’une valeur estimée à 15 millions de dollars.
Le gouvernement Tłı̨chǫ et le ministère territorial de l’Industrie, du Tourisme et de l’Investissement (ITI) ont confirmé qu’ils s’attendent à voir des cueilleurs aux T.N.-O. cet été et travaillent en collaboration avec les communautés en préparation de la saison.
Leçons apprises
Lloyd Chicot dit que sa communauté a organisé un barbecue en 2015 afin d’expliquer aux cueilleurs de morilles le respect du territoire et les règles à suivre.
« On leur a expliqué où aller, ce qu’il ne faut pas faire et des choses comme ça. Alors, les règles dans la communauté et autour ont été bien respectées », explique-t-il.
Quelques incidents ont quand même un peu terni ces rapports entre la communauté et les cueilleurs.
« C’était un cas isolé, tu sais, quand on avait le barbecue et que [les cueilleurs] ont faim et ont volé des saucisses, mais ils se sont fait dire par les membres de ne pas faire ça », se remémore M. Chicot.
À un autre moment, le conseil de bande a dû appeler la police pour ramener le calme après un épisode de menaces entre cueilleurs.
Autrement, l’expérience a été positive à Kakisa, qui a reçu des gens de partout au Canada, du Royaume-Uni et de l’Australie.
« Ça a été toute une expérience dans la communauté », dit-il.
Guide pour les cueilleurs
Le gouvernement Tłı̨chǫ a confirmé que les préparatifs sont en cours en prévision de la prochaine saison de cueillette, mais n’a pas voulu accorder d’entrevue.
Par courriel, ITI a indiqué qu’il s’attend à de l’intérêt pour la cueillette de morilles cette année.
« Plusieurs leçons ont été apprises au cours des dernières années, plus particulièrement au cours de la saison 2014-2015 et des années subséquentes, alors notre approche pour cette saison-ci est en préparation », écrit le ministère.
ITI a également dit qu’il prévoit collaborer avec les gouvernements et organisations autochtones, ainsi qu’avec les gouvernements municipaux et les ministères de l’Environnement et Changement climatique, des Affaires municipales et communautaires et de la Santé et Services sociaux.
« En plus des occasions d’affaires, le GTNO est très au courant des nombreux besoins en matière de sécurité personnelle et communautaire. Le stationnement le long des routes, l’utilisation appropriée des terrains de camping et autres territoires, et la capacité de retracer des cueilleurs en cas d’incendie de forêt ou de disparition font partie des enjeux sur lesquels se penche le groupe de travail. »
Avec les informations de Jenna Dulewich