Le secteur minier voit d’un bon œil la dévolution au Nunavut

La dévolution de la gestion des terres publiques et des ressources d’Ottawa au Nunavut est une très bonne nouvelle, selon des représentants du secteur minier, qui espèrent que le territoire pourra en tirer profit.
La signature de l’entente, le 18 janvier, en vue du transfert de la responsabilité des terres publiques et des droits sur les ressources, permettra au Nunavut de prendre ses propres décisions en matière de gestion des ressources.
Le vice-président des opérations au Nunavut d’Agnico Eagle, Martin Plante, croit que cette entente permettra d’accroître le développement économique du territoire.
Agnico Eagle exploite deux mines d’or au Nunavut dans la région de Kivalliq. La minière fait aussi de l’exploration active sur un site près de Hope Bay, dans la région du Kitikmeot.

« C’est vraiment une entente historique, car cela va permettre au Nunavut d’avoir une mainmise totale sur le développement du territoire et les ressources […] et d’avoir accès aux [redevances] sur les terres publiques », dit Martin Plante, à partir du bureau de la compagnie à Val-d’Or, au Québec.
Le Nunavut a maintenant trois ans pour faire la transition de ces responsabilités. Martin Plante ne s’attend pas à ce que ce changement crée de l’incertitude.

« On a déjà des relations très solides avec Nunavut Tunngavik inc. Ça fait 15 ans qu’on est au Nunavut […] Ce sont des organisations que l’on connaît, ce sont des processus que l’on connaît et on ne s’attend pas qu’il y ait des changements importants dans les prochaines années. »
Le secteur minier jouera un rôle important
La Chambre des mines des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut a bien accueilli la dévolution. Le maintien et la croissance d’une industrie minière forte sont essentiels à l’autonomie économique du Nunavut, a indiqué le président de l’organisme à but non lucratif, Kenny Ruptash, par communiqué.
Son directeur, Tom Hoefer, dit qu’il ne fait aucun doute que le secteur minier va jouer un rôle très important dans l’économie territoriale, car les possibilités de diversification économique au territoire sont limitées.
« Avec des possibilités illimitées et sa richesse en minerais, je pense que le développement minéral occupera une place très importante dans l’économie pendant plusieurs années », dit Tom Hoefer.

Tom Hoefer estime que la transition va prendre du temps, mais il ne pense pas que cela va susciter plus d’instabilité auprès du secteur minier qu’un changement de gouvernement. Et le désir du Nunavut de développer son autonomie économique à partir de l’exploitation des ressources « va donner un certain niveau de certitude à l’industrie », dit-il.
Accès au territoire
Toutefois, pour développer davantage le secteur minier, le Nunavut devra trouver des solutions au manque d’accès au territoire.
« En matière de coûts, ça demeure plus cher d’opérer au Nunavut que partout ailleurs », explique Martin Plante.
« Présentement, on ne peut pas partager notre inventaire d’un site à l’autre parce qu’il n’y a aucun accès à part [le transport aérien] pour le transporter […] Ça réduit les synergies, ça augmente nos coûts », ajoute M. Plante.
Le Nunavut a quelques projets en chantier, comme une route dans la région de Kivalliq, et le projet de route et de port en eau profonde de Grays Bay, dans le passage du Nord-Ouest.

Pour Tom Hoefer, le Nunavut reste toutefois dépendant des investissements d’Ottawa en la matière, tout comme les deux autres territoires. « On parle d’une étiquette de prix de 1 milliard pour les infrastructures. Il faudra toujours se tourner vers Ottawa pour obtenir de l’aide. »
Besoin de formation de la main-d’œuvre
L’entente entre Ottawa et le Nunavut sur la dévolution comprend un volet sur le développement des ressources humaines, afin que davantage d’Inuit puissent profiter des emplois qui seront créés. C’est NTI qui pilotera ce dossier, et recevra 5 millions de dollars par année du gouvernement du Nunavut pour y arriver.
Martin Plante voit cet investissement d’un bon œil, car l’un des principaux défis de l’industrie est la formation de la main-d’œuvre : « Agnico investit plusieurs millions par année pour donner de la formation, pour permettre à nos employés inuit de gravir les échelons. »
« Investir massivement dans la formation serait un [tournant décisif] pour la région », estime-t-il.