Au Yukon, les changements climatiques changent le visage de l’agriculture

Sarah Ouellette exploite une terre de 0,4 acre près de Whitehorse depuis 2016. (Photo : Sarah Ouellette)

Depuis 40 ans, le visage de l’agriculture a grandement changé au Yukon, une évolution qui devrait s’accélérer d’autant plus en raison du réchauffement climatique. S’il s’agit d’une source d’inquiétude pour certains agriculteurs, d’autres y voient plutôt une occasion à saisir.

Faire de l’agriculture au nord du 60e parallèle présente son lot de défis, concède d’emblée Sarah Ouellette, maraîchère depuis 10 ans au territoire et propriétaire de la ferme Sarah’s Harvest.

«Vu qu’on est au Nord, notre saison est très intense. On a des gels du printemps tard et des gels d’automne très tôt. Mais avec le grand soleil, les cultures poussent très vite», souligne-t-elle, en ajoutant que certaines cultures plus fragiles au froid, comme les tomates et les concombres, doivent toutefois être cultivées en serre.

Cette réalité pourrait toutefois être appelée à changer dans les années à venir, soutient de son côté l’agronome Randy Lamb, du gouvernement du Yukon.

«Avec les changements climatiques, chaque année, la zone de culture en Amérique du Nord se déplace de 10 à 20 kilomètres vers le nord. Ça s’en vient, ça arrivera au territoire un jour et nous essayons d’en apprendre davantage pour nous y préparer», dit-il.

Au Yukon, quatre Premières Nations exploitent des terres agricoles et une ferme pour leur communauté. (Cheryl Kawaja)

Pour aider à définir quelles cultures peuvent être plantées dans les champs du Yukon, la direction générale de l’agriculture du gouvernement gère la ferme expérimentale depuis plus de 40 ans afin de tester l’adaptabilité des semences d’ailleurs au pays.

«Une nouvelle culture développée dans le sud du Canada et qui fonctionne bien pour le sud du pays ne va pas nécessairement avoir du succès ici, avec notre sol plus froid, notre saison plus courte et notre ensoleillement qui est très très long», explique Randy Lamb.

Cet été, la ferme tentera de faire pousser du maïs pour voir ce qu’il adviendra de cette culture en champs à l’extérieur. «Nous l’appelons notre baromètre des changements climatiques, dit de façon imagée l’agronome. Si la chaleur se poursuit, il se peut que nous ayons beaucoup de maïs. »

Au cours des dernières années, le réchauffement du climat a également allongé la période de récolte de près de deux jours pour la région de Whitehorse et jusqu’à quatre jours pour les régions plus au nord, vers Dawson et Mayo.

Cette prolongation de la saison permet aux agriculteurs yukonnais de planter notamment des grains comme du canola et d’assurer une récolte chaque année.

«Lorsque nous parlons entre les provinces et territoires et avec le fédéral, tout le monde dit que les changements climatiques sont mauvais, les changements climatiques ajoutent un problème et je lève ma main pour dire : les changements climatiques sont plutôt une occasion», lance l’agronome.

Une source d’inquiétude qui persiste

Sarah Ouellette exploite une petite ferme biologique de 0,4 acre à lac Laberge, près de la capitale, et utilise le froid de l’hiver pour fabriquer de la glace qu’elle conserve ensuite le reste de l’année dans un bâtiment bien isolé. Cette glace sert au transport et à la conservation des légumes.

Selon elle, si le réchauffement permettait un jour de nouvelles cultures au Yukon, il pourrait aussi apporter dans son sillage de nouveaux insectes et de nouvelles maladies pour les plantes avec lesquelles les agriculteurs devront apprendre à composer.

À cette crainte s’ajoute celle de l’impact que les inondations, les feux de forêt et la sécheresse causée par les changements climatiques peuvent également avoir sur les cultures.

«L’année passée, on a battu des records de chaleur. J’avoue que la plupart des cultures en ont profité, mais c’est inquiétant en même temps. Et avec les feux de forêt […], ça me préoccupe», conclut-elle.

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