T.N.-O. : un ancien résident raconte la vie à Pine Point avant que la mine ferme

Une nouvelle mine pourrait être exploitée dans quatre ans à Pine Point, aux Territoires du Nord-Ouest, mais pour un ancien résident, rien ne pourra jamais remplacer la communauté qui entourait l’ancienne mine.
Il n’y a plus de mine de zinc et de plomb en activité à Pine Point depuis près de 40 ans, date à laquelle l’ancienne mine et la ville située à proximité ont été fermées et abandonnées.
La nouvelle mine est actuellement en phase de développement, selon Jeff Hussey, PDG de l’entreprise Pine Point Mining Ltd. Mais il n’est pas prévu de réaménager une communauté proche du site, qui se trouve entre Hay River et Fort Resolution, indique M. Hussey.
La seule famille pendjabie de la communauté
La construction de la mine a commencé en 1962 et la municipalité de Pine Point a été constituée en 1974.
Rashpal Sehmby, né en 1969 dans un petit village agricole du Pendjab, en Inde, a grandi à Pine Point.
Il se souvient avec émotion de cette période de sa vie et se rappelle que les Sehmby étaient la seule famille pendjabie dans cette communauté de près de 2000 personnes.
Swaran Sehmby, le père de Rashpal, un mécanicien spécialisé dans la machinerie lourde, a immigré au Canada en 1969 et s’est retrouvé à Mississauga, en Ontario, où il travaillait dans une usine de matrices lorsqu’il a postulé pour un emploi auprès de la société Comenius Mines.
«Il a reçu une lettre d’offre d’emploi pour se rendre à un endroit appelé Pine Point, dans les Territoires du Nord-Ouest», se souvient M. Sehmby.

«Il a comparé le salaire qu’il gagnait à Mississauga à celui qu’il allait probablement gagner dans le Nord. Il a dit oui et s’est rendu à Pine Point.»
Rashpal Sehmby et sa mère, Gurmeet, sont restés en Inde jusqu’en 1974, date à laquelle ils sont arrivés au Canada. Son frère Dalbir et sa sœur Kuljeet sont nés à Hay River.
À Pine Point, son père s’intègre parfaitement. «Étant le premier homme sikh et enturbanné à Pine Point, il a été bien accueilli par ses collègues», dit M. Sehmby.
Une communauté diversifiée
M. Sehmby a de bons souvenirs des séjours de camping en hiver, au cours desquels il fallait transporter les provisions – et les campeurs – jusqu’à une cabane avec une motoneige et un toboggan.
«Nous étions accueillis par l’odeur d’un feu de camp et d’un ragoût de bœuf qui cuisait dans une marmite dans la cabane. La chaleur du ragoût nous remplissait le ventre, et la tâche suivante consistait à couper du bois pour la nuit», raconte-t-il.
À la tombée de la nuit, ils faisaient griller des guimauves près du feu et se racontaient des histoires de fantômes.
Cela nous a rapprochés et nous a appris les grandes et merveilleuses choses que Mère Nature a créées et la nécessité de respecter la terre sur laquelle nous marchons.

Rashpal Sehmby se rappelle également la diversité de Pine Point, car des personnes sont venues de tout le Canada pour y vivre et travailler dans la mine aux côtés des résidents locaux et autochtones.
Il avait un groupe d’amis très diversifié et ne se souvient pas d’avoir été victime de préjugés ou de racisme.
«Nous avons grandi dans des foyers où il suffisait de se présenter et, peu importe la personne qui préparait le déjeuner ce jour-là, nous nous asseyions et mangions. Il n’y avait pas de question à se poser», ajoute-t-il.
Cuisiner des hot-dogs et du poulet au beurre
La nourriture a joué un rôle important dans l’éducation de M. Sehmby, qu’il s’agisse de manger des produits locaux ou de participer à des dîners communautaires dans la salle des loisirs.
Les gens aimaient ça parce que ma mère et mon père préparaient des tonnes de poulet au beurre et de poulet au curry et, vous savez, tous ces plats de l’Inde de l’Est.
– Rashpal Sehmby
Les femmes de la région rendaient visite à la mère de Rashpal Sehmby et elles s’enseignaient mutuellement des recettes.
«Elles apprenaient à ma mère à cuisiner des hamburgers, des hot-dogs et ce genre de choses. Ma mère leur apprenait à faire des « rotis » [une variété de pain indien] ou un ragoût de lentilles comme le « dahl », explique-t-il. C’est ainsi qu’elle a appris à parler anglais.»
M. Sehmby admet qu’il s’agissait d’une période magique de sa vie et que, même si Pine Point a disparu, les souvenirs et les amitiés resteront toujours présents.
«Les souvenirs des personnes merveilleuses que nous avons rencontrées et avec lesquelles nous avons noué des amitiés durables ne peuvent être remplacés», assure M. Sehmby.
«La beauté du Nord, avec ses lacs, ses rivières et ses forêts vierges, me manquera toujours.»
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