La fonte des icebergs durant la dernière période glaciaire n’a pas eu d’impact sur le Groenland, révèle une étude

Une large crevasse dans le glacier Helheim au Groenland. (Lucas Jackson/Reuters)
Au cours de la dernière période glaciaire, soit de 16 000 à 60 000 ans, de gigantesques icebergs autour du Groenland se sont périodiquement détachés d’une grande partie de l’Amérique du Nord.

Ces épisodes soudains, baptisés « événements de Heinrich », ont modifié la circulation des océans de la planète, entraînant un refroidissement dans l’Atlantique Nord jusqu’à influencer les pluies de mousson dans le monde entier. Toutefois, les scientifiques connaissaient mal les conséquences climatiques sur le Groenland voisin.

Une récente étude menée par des experts de l’Université d’État de l’Oregon (OSU), qui vient d’être publiée dans la revue Nature, apporte une réponse étonnante sur ce phénomène. « Il s’avère que rien ne s’est passé au Groenland. La température est restée la même », déclare Kaden Martin, auteur principal de l’étude et chercheur à l’OSU.

Alors que les scientifiques ont constaté que les événements de Heinrich ont provoqué un réchauffement rapide de l’Antarctique – situé à l’autre bout de la planète – ils s’attendaient à ce que le Groenland, situé à proximité de la calotte glaciaire, subisse un certain refroidissement.

« Le fait que ces événements de Heinrich n’aient pas eu d’impact perceptible sur les températures au Groenland est surprenant et pourrait avoir des répercussions sur la compréhension que nous avons des dynamiques climatiques passées », souligne de son côté Christo Buizert, coauteur de l’étude et spécialiste du changement climatique.

Pour M. Buizer, dont le travail consiste à utiliser des « carottes glaciaires » provenant du Groenland et de l’Antarctique pour reconstituer et comprendre l’histoire du climat de la Terre, ces résultats soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses.

« Cela change vraiment la façon dont nous considérons ces événements importants dans l’Atlantique Nord. Il est étonnant que l’Antarctique, très éloigné, réagisse plus fortement que le Groenland, tout proche. »

Comprendre le système climatique mondial

L’étude indique également que les carottes de glace prélevées au Groenland et en Antarctique constituent d’importants enregistrements des changements atmosphériques survenus sur Terre au cours de centaines de milliers d’années. « La carotte utilisée pour les recherches a été prélevée en 1992 au point le plus élevé du Groenland, où la calotte glaciaire a une épaisseur d’environ 3 kilomètres », stipule le document.

L’analyse montre qu’aucun changement de température ne s’est produit au Groenland pendant les événements de Heinrich, notent les chercheurs. Mais elle établit également un lien très clair entre les événements de Heinrich et la réaction de l’Antarctique. « Lorsque ces grands icebergs se déversent dans l’Arctique, nous savons maintenant que l’Antarctique réagit immédiatement », précise M. Buizer.

Le spécialiste ajoute que cette « connexion interhémisphérique » serait probablement due à un changement dans la configuration des vents à l’échelle mondiale. « Cette découverte remet en question la compréhension de la dynamique du climat mondial lors de ces événements massifs. »

Événements de Heinrich

Les événements de Heinrich sont une série d’événements climatiques soudains et violents qui ont eu lieu au cours de la dernière période glaciaire. Ces événements se caractérisent par une libération rapide et massive d’icebergs du Groenland dans l’océan Atlantique Nord, ce qui a eu un impact important sur le climat mondial.

Ces événements appelés ainsi en l’honneur du géologue allemand Hartmut Heinrich, qui les a découverts pour la première fois en 1988. Ils sont généralement associés à des périodes de refroidissement climatique dans l’hémisphère nord, comme la période du Dryas récent, qui a vu une chute draconienne de la température mondiale.

(Source : Oregon State University)

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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