Le vol direct entre Sanikiluaq et Iqaluit prend fin

Le détaillant alimentaire Arctic Fresh met un terme à son vol direct entre Sanikiluaq et Iqaluit à la suite de « pertes financières ». Cette image montre Sanikiluaq en octobre 2021. (CBC/David Gunn)

Les résidents de Sanikiluaq, la communauté la plus au sud du Nunavut, n’ont plus accès à un vol direct à destination et en provenance d’Iqaluit. Le détaillant alimentaire Arctic Fresh, qui offrait la liaison aérienne depuis juillet 2021, affirme avoir été contraint d’y mettre fin à la suite d’«importantes pertes financières».

Jeudi, Arctic Fresh a annoncé que cet unique vol direct entre Sanikiluaq et le reste du Nunavut ne serait plus offert à compter de dimanche. Le détaillant assure que les clients qui avaient un billet prévu au-delà de cette date seront remboursés.

«Nous ne pouvions tout simplement plus continuer d’absorber des pertes financières», affirme le directeur des ventes d’Arctic Fresh, Ryan Haggan.

Le détaillant alimentaire avait initialement obtenu le contrat à la suite d’un appel d’offres lancé par le gouvernement du Nunavut dans le cadre d’un projet pilote. Arctic Fresh a par la suite sous-traité le transporteur aérien québécois Panorama Aviation pour assurer la liaison.

Les vols transportaient jusqu’à huit passagers une fois par semaine dans des Pilatus PC-12, de petits avions capables d’atterrir sur des pistes d’atterrissage de gravier, comme c’est le cas à Sanikiluaq. Le coût d’un billet aller-retour avoisinait les 2400 $.

Ces vols permettaient de relier la collectivité des îles Belcher, dans le sud de la baie d’Hudson, à la capitale territoriale en seulement 2 h 30.

Autrement, les résidents devaient passer par Winnipeg ou par Montréal. Ces itinéraires, qui sont encore offerts par les compagnies aériennes Calm Air et Air Inuit, exigent un périple de plusieurs jours comportant des escales.

Sanikiluaq est la communauté la plus au sud du Nunavut. (Radio-Canada)

Manque de soutien financier

Ryan Haggan affirme que la liaison aérienne battait de l’aile depuis que le gouvernement territorial avait cessé de la subventionner, au début de 2023.

«Durant quelques mois, nous sommes parvenus à atteindre un certain seuil de rentabilité, ce qui était une bonne chose, mais il y a ensuite eu de nombreux mois durant lesquels nous avons enregistré une perte financière importante», dit-il.

«Nous avons contacté le [gouvernement du Nunavut] à plusieurs reprises pour voir s’il était possible qu’il maintienne son soutien [financier], mais malheureusement nous n’avons pas obtenu de réponse», poursuit Ryan Haggan.

Dans un contexte de faible demande, le gouvernement territorial s’était initialement engagé à payer pendant environ un an et demi la différence quand moins de six sièges étaient réservés sur un vol. Concrètement, cela signifiait que, dans le cas d’un vol sans aucune réservation, les autorités déboursaient le coût de six places, tandis qu’elles payaient pour trois places lorsqu’il y avait trois réservations.

Un Pilatus PC-12, le type d’avion utilisé par l’entreprise Panorama Aviation pour relier Sanikiluaq à Iqaluit. (CBC/David Gunn)

«À nouveau coupé du reste du Nunavut»

L’agent principal d’administration par intérim de Sanikiluaq, Michael Rowan, croit que la suspension du vol est un retour à la case départ, puisque la communauté avait milité pendant des années pour cette liaison directe avec la capitale territoriale.

«Le vol direct assurait un lien que les résidents de Sanikiluaq […] avaient toujours voulu, mais il a toujours été difficile de l’établir puis de le maintenir», dit-il.

Selon Michael Rowan, les résidents s’en servaient surtout pour visiter des membres de leur famille, pour recevoir des soins médicaux ou pour des voyages d’affaires.

Cela revient à être à nouveau coupé du reste du Nunavut.

– Michael Rowan, agent principal d’administration par intérim de Sanikiluaq

Le vol direct permettait à des résidents de Sanikiluaq de se rendre à Iqaluit en seulement 2 h 30. (CBC/David Gunn)

Il indique que le conseil municipal entend se pencher sur le sujet sous peu et soulever l’enjeu auprès, entre autres, de l’Association des municipalités du Nunavut et du député territorial de la circonscription de la baie d’Hudson, Daniel Qavvik.

Joint par courriel, ce dernier n’a pas répondu à notre demande d’entrevue avant la publication de cet article.

Ryan Haggan affirme quant à lui qu’Arctic Fresh tente de trouver des solutions de rechange, mais qu’il sera difficile de se tourner vers d’autres options sans l’appui du gouvernement territorial.

«Si le [gouvernement du Nunavut] s’engageait à utiliser ce vol pour tous ses déplacements professionnels et tous ses déplacements médicaux, je pense que cela faciliterait grandement la réussite de cette liaison aérienne», dit-il.

Le ministère de l’Exécutif et des Affaires intergouvernementales et celui responsable du Développement économique et des Transports n’ont pas été en mesure d’accorder d’entrevue à Radio-Canada et de répondre à notre demande d’informations avant l’échéance.

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Matisse Harvey, Radio-Canada

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