Transport maritime en Arctique : la chercheuse Jackie Dawson reçoit une bourse Killam
La professeure de l’Université d’Ottawa Jackie Dawson a récemment été nommée lauréate de la bourse Dorothy Killam 2024 pour ses travaux au sujet des changements climatiques et de leur impact sur la navigation commerciale dans l’Arctique canadien.
Depuis plus d’une décennie, Jackie Dawson travaille sur les enjeux liés aux changements climatiques dans l’Arctique. «Il y a cinq ans, j’ai commencé à m’intéresser plus particulièrement aux impacts environnementaux de l’augmentation de la navigation dans la région.»
Avec l’accélération des changements climatiques, les voies navigables dans l’Arctique canadien deviennent utilisables pour une plus grande période durant l’année, rappelle celle qui est aussi directrice scientifique pour ArcticNet, un réseau canadien de recherche scientifique sur l’Arctique.
Elle explique qu’elle et ses collègues voient notamment un certain dilemme dans l’augmentation du transport maritime de marchandises dans le Passage du Nord-Ouest. «L’impact social de la navigation dans cette région est positif, explique-t-elle, parce que les régions plus éloignées peuvent recevoir plus de biens, plus facilement. Mais d’autres s’inquiètent des impacts sur l’environnement que peuvent avoir ces navires.»
Elle mentionne par exemple la crainte de voir des espèces invasives arriver dans l’océan Arctique ou l’impact des navires sur le bruit sous-marin.
«Un grand honneur»
Pour Jackie Dawson, être lauréate de la bourse Killam est avant tout un grand honneur. «Dorothy Killam était une importante philanthrope et le prix qu’elle a créé est devenu très prestigieux au Canada», dit-elle.
Concrètement, la bourse signifie pour elle plus de temps pour effectuer ses recherches. «Je suis très efficace pour trouver du financement pour la recherche et pour faire collaborer des équipes de chercheurs extraordinaires. Mais ce qui est très difficile, c’est de trouver du temps», soutient-elle.
Grâce à cette récompense, l’Université d’Ottawa recevra une compensation financière de 80 000 $ par année pendant deux ans afin de libérer Jackie Dawson de ses responsabilités envers l’établissement. «C’est une très grande aide!», lance-t-elle.
Le Passage du Nord-Ouest «plus dangereux que jamais»
La recherche de Jackie Dawson cible particulièrement les impacts et les risques du transport maritime commercial dans l’Arctique canadien. Le projet qu’elle mène vise à évaluer les stratégies pour une réduction des risques durables dans l’industrie.
Elle rappelle qu’en période estivale, le Passage du Nord-Ouest est désormais navigable, mais qu’avec la fonte des glaces au même moment, il est désormais bien souvent encombré d’iceberg. Cela crée ainsi une route très dangereuse pour les navires.
«Avant, on ne pouvait pas y aller du tout. Aujourd’hui, on peut y aller, mais c’est une route plus dangereuse que jamais en raison de cette glace», dit-elle.
Si Jackie Dawson estime que sa recherche vise principalement des aspects scientifiques, environnementaux et sociaux, elle affirme être bien consciente qu’il est presque impossible de ne pas tenir compte de la géopolitique qui se colle à cette région du monde.
«On ne peut pas ignorer la géopolitique. C’est un des principaux vecteurs de changement. C’est entre autres en raison de la géopolitique qu’il y a autant d’activité dans l’Arctique aujourd’hui.»
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